Dakar, 1er août 2025 – Le gouvernement sénégalais a présenté au Grand Théâtre de Dakar son Plan de Redressement Économique et Social, baptisé « Jubbanti Koom », une stratégie destinée à stabiliser les finances publiques, inscrire la dette dans la soutenabilité et ouvrir une ère de croissance endogène. Ce plan, ancré dans la Vision Sénégal 2050 et piloté par le premier ministre Ousmane Sonko, vise à reconstruire une économie souveraine, équitable et durable, à partir des ressources internes du pays.
Le contexte macroéconomique est préoccupant. Entre 2019 et 2023, le Sénégal a accumulé des déficits budgétaires cachés équivalant à 13 % du PIB. Malgré un endettement massif, la croissance non agricole est restée limitée à 3 à 4 %, un rythme insuffisant pour faire face à la croissance démographique. Cette situation soulève de sérieuses interrogations sur l’efficacité de l’endettement comme levier de développement, d’autant que la productivité nationale est restée stagnante. Pour faire face à cette impasse, le gouvernement a opté pour une stratégie de redressement centrée sur le financement domestique.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a affirmé que 90 % du plan sera financé à partir de ressources internes, et non par des emprunts extérieurs classiques. Il a déclaré : « On ne peut pas, 65 ans après l’indépendance, continuer à attendre le salut de l’extérieur ». Dans une critique argumentée adressée au FMI, il a ajouté que la taxation des jeux de hasard permet déjà de collecter plus que le montant prévu par un programme avec le FMI, soulignant que « le FMI, ce n’est pas ce qui nous fait vivre ». Le gouvernement prévoit d’utiliser des mécanismes innovants comme le recyclage d’actifs, les partenariats public-privé et les concessions encadrées par une exigence de transparence.
Le président Bassirou Diomaye Faye a appuyé ces annonces par un appel fort à la responsabilité collective et à la transparence. Il a dénoncé la poursuite du paiement de loyers indus sur un immeuble de l’État acquis depuis 2018, pour un total estimé à plus de 3 milliards de francs CFA. Il a salué la dissolution du HCCT et du CESE, rappelant que les économies réalisées ont permis de recruter immédiatement 2 000 enseignants. « Nous devons compter d’abord sur nous-mêmes pour sortir de ces difficultés », a-t-il martelé, ajoutant que « ce que nous envisageons de faire ne se fera pas sans vous, il se fera pour vous, avec vous ». Il a affirmé que le redressement du pays a déjà commencé, et qu’il est porté par une volonté politique inédite.
Le plan « Jubbanti Koom » se déploiera jusqu’en 2050. Sa première phase, de 2025 à 2029, vise à rétablir la confiance, assainir les finances et poser les bases d’une croissance stable. La deuxième phase, de 2029 à 2034, prévoit une relance de l’économie productive par l’industrie, l’innovation et la valorisation des chaînes de valeur agricoles. La dernière phase, de 2034 à 2050, misera sur l’intégration régionale, la formation et la souveraineté économique dans un monde multipolaire. Le plan quinquennal initial, estimé à plus de 30 milliards de dollars, vise un taux de croissance moyen de 6,5 % et un retour au critère de convergence de l’UEMOA avec un déficit budgétaire ramené à 3 % du PIB.
En rupture avec les pratiques budgétaires du passé, le gouvernement propose une nouvelle gouvernance économique fondée sur la clarté, l’engagement citoyen et l’optimisation des ressources nationales. C’est dans cette perspective que s’inscrit le Plan de Redressement Économique et Social du Sénégal, symbole d’un pays décidé à reprendre en main son destin, à compter sur sa jeunesse, son potentiel et sa souveraineté.
Par Zaynab Sangare
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