Depuis la publication de la liste des bateaux autorisés à pêcher dans les eaux sénégalaises, les pêcheurs Sénégalais, réunis au sein de l’union nationale des pêcheurs artisanaux (UNAPAS), tentent de défendre leurs intérêts. Le vendredi 10 mai, la cellule de Dakar-ouest a fait face à la presse au quai de pêche de Soumbédioune pour faire étalage de leurs préoccupations.
Par Babou Diallo, Sénégal
“Protégeons nos ressources halieutiques, disons non aux bateaux chinois et de l’Union européenne”. Tel est le cri de cœur inscrit sur un ruban de l’union des pêcheurs du Sénégal, qui se sont fendus d’une déclaration le vendredi 10 mai 2024.
Dans leur déclaration lue par le doyen Sankharé, membre de l’Unapas de Soumbédioune, ces pêcheurs, regroupés au sein de UNAPAS, soutiennent Mme Fatou Diouf, la nouvelle Ministre en charge de la pêche du Sénégal.
« Nous saluons son engagement et son dévouement exemplaires depuis son entrée en fonction, notamment pour ses efforts dans les audits des bateaux de pêche et la délivrance des licences ».
Dénonçant les bateaux de l’Ue et chinois, l’UNAPAS met en cause ses nouveaux concurrents étrangers qui ne respectent pas les normes et règles établies par les autorités du Sénégal. Sur cet aspect, l’UNAPAS demande « une trêve aux bateaux de l’Union européenne pour permettre à la pêche artisanale de maintenir des niveaux durables de capture ». Les chinois n’auront pas cette chance. L’UNAPAS « exige le retrait immédiat des bateaux chinois des eaux sénégalaises. Car leur présence non contrôlée menace notre écosystème et nos moyens de subsistance », ont menacé ces pêcheurs nationaux.
« Ces bateaux étrangers ne respectent pas les normes établies par nos Etats. Ils pêchent, non seulement, dans nos côtes, mais utilisent des mailles qui font que le plus petit poisson est pris dans leurs filets. A la longue, ceci entraînera la rareté du poisson dans nos eaux. Et nous pêcheurs artisanaux, nous ne pourrons plus nous procurer de poissons », s’inquiète Mar Ndaw de la cellule Unapas de Rufisque.
Les inquiétudes enflent pour ces pêcheurs dont la licence fait défaut
Sur sa liste, le Ministère de la pêche a fait état de 17 mille pirogues artisanales bénéficiaires de licence de pêche. C’est un chiffre jugé insuffisant, au regard du nombre de pirogues que compte le parc piroguier national. C’est d’ailleurs l’une des préoccupations majeures de Biram Mbengue, pêcheur artisanal. Ses pirogues ne bénéficient pas de licence de pêche.
« J’ignore sur quelle base cette liste a été établie ; mais elle ne reflète pas la réalité. Le parc piroguier en ce moment, d’après nos estimations, fait plus de 20 mille pirogues qui ne font pas partie des 17 mille bénéficiaires de licence de pêche », a commenté le sieur Mbengue.
Cette même inquiétude est partagée par madame Isseu Guèye de l’Unaspas de Ouakam. Le quai de pêche de Ouakam à lui seul, selon cette dame, a un parc piroguier qui fait plus de la moitié des chiffres annoncés comme étant bénéficiaires des licences de pêche.
« Ceci m’inquiète. Comment nous autres allons faire du moment que toutes nos activités tournent autour de la pêche ? Nos pirogues seront-elles considérées comme frauduleuses lorsqu’elles pêcheront dans nos eaux ou même au-delà ? » Sont-ce là, les inquiétudes de dame Isseu Guèye.
La cellule Unapas de Soumbédioune a sollicité l’ouverture de son quai de pêche, terminé depuis quatre (04) ans. Pour le doyen Sankharé, c’est une infrastructure cruciale pour le développement de la pêche artisanale. Ils ont conclu en souhaitant que tous les bateaux dans les eaux sénégalaises soient équipés d’un système d’identification automatique (AIS).
Babou Diallo
(Afrik Management/ Mai 2024)
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