Economie

RIZICULTURE A MATAM ET PODOR AU SENEGAL

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Le Projet Pariis booste la production rizicole à travers la maîtrise de l’eau
Le Projet d’Appui Régional à l’Initiative pour l’Irrigation au Sahel (PARIIS SN) a organisé une décente dans des périmètres rizicoles de Podor et Matam pour constater de visu les. réalisations en matière d’irrigation gravitaire. Ces canaux d’irrigation en terre ont permis de booster la production de riz tout en permettant de faire 3 récoltes dans l’année.

Situation géographique de Matam et Podor

La Région de Matam est l’une des 14 régions administratives du Sénégal. Elle est située au nord-est du pays et est bordée par la région de Saint-Louis au Nord, la région de Louga à l’Ouest, la région de Kaffrine au sud-Ouest et la région de Tambacounda au Sud. A l’Est, elle est frontalière avec la Mauritanie. Matam est une ville du Sénégal, située à 410 km à l’est de Saint-Louis. C’est le chef-lieu de la région de Matam

Le département de Podor est situé dans la partie septentrionale du pays, dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal qui constitue au Nord la frontière avec la République Islamique de Mauritanie. Podor se situe à 215 km à l'est de Saint-Louis du Sénégal et à 485 km de Dakar, ville la plus septentrionale du pays.  Podor est aux portes de l’Ile à Morphil.

Dans les localités de Matam et Podor, la riziculture est une réalité et hommes, femmes et enfants s’adonnent à la pratique. C’est ainsi que le projet Pariis les accompagne pour la maîtrise de l’eau en vue de booster la production.
Dans le cadre du programme de réhabilitation de 1200ha de périmètres irrigués villageois (PIV) dans la vallée du fleuve Sénégal (Podor, Matam), le Projet d’Appui Régional à l’Initiative pour l’Irrigation au Sahel (PARIIS SN) a mis le pari sur la réalisation d’un système d’irrigation gravitaire qui s’est voulu innovant, économe et durable.

Ainsi, les canaux d’irrigation en terre exigeant des travaux d’entretien importants et occasionnant des charges d’exploitation élevées à cause de l’infiltration et des fuites d’eau ont été remplacés par des canaux en maçonnerie.

Cette innovation contribue aujourd’hui à une hausse de la productivité agricole à travers une parfaite maitrise de l’eau dans un contexte de changement climatique et une réduction des charges d’exploitation et d’entretien.

La délégation du Pariis a visité plusieurs périmètres notamment les localités Thilé Boubacar, « Mbakhana Diery », Sara-Dji pour ne citer que ces localités.
Développer l’irrigation à travers la maîtrise de l’eau Le projet Pariis entend développer le système d’irrigation à travers la maîtrise de l’eau pour
pouvoir booster la production rizicole.

M. Aly Sané Niang Coordonnateur Pariis, a souligné : « Le programme intervient au niveau de la vallée du fleuve Sénégal en collaboration avec le SAED pour réaliser des périmètres irrigués villageois. Comme vous l’avez constaté effectivement, ici l’innovation, c’est ce qu’on appelle les canaux maçonnés. Et vous avez pu un évaluer l’impact, c’est d’abord l’économie
d’eau et aussi, il n’y a plus pratiquement de coût au niveau de l’entretien des canaux. Je pense que, ne serait-ce que pour ces deux aspects, en tout cas, c’est une innovation très appréciée par les producteurs. On gagne en termes de coût et en termes de revenu. Ce qui permet véritablement de rallonger considérablement les bénéficiaires en exploitant ces types de périmètres. La maîtrise de l’eau c’est la possibilité de faire 3 récoltes par année ».
Il poursuit : « C’est un des enjeux de la maîtrise de l’eau. Le Sénégal est un pays agricole. Les ambitions sont clairement définies par l’Etat. Il faudrait aller vers la souveraineté alimentaire. Et jusque-là, le constat est que nous avions une agriculture pluviale donc sur 3 mois. Si nous devons atteindre les niveaux de production qui permettront cette souveraineté alimentaire, comprenez qu’on ne peut plus se contenter d’un cycle de culture. Voilà ce que
permet de faire la maîtrise de l’eau, 3 à 4 cycles de culture l’année ».
D’après le coordonnateur de Pariis, en termes de mécanisation, ce qu’il faut comprendre,

l’objectif du Pariis, c’est de développer l’irrigation à travers la maîtrise de l’eau.
« Nous nous intéressons aussi aux activités post récolte. Et de ce point de vue, nous appuyons tout ce qui est acquisition d’équipements. Dans certains périmètres, nous avons déjà acquis des moissonneuses qui permettent de traiter les cultures en fin de récolte.

Même si l’objectif premier, c’est de mettre en place des systèmes irrigués. Mais tout ce qui peut être un accompagnement pour booster les productions. Et dans les codes du Pariis, de ce point de vue, nous accompagnons en termes de renforcement de capacité. C’est toute la chaîne de valeur qui est prise en compte dans l’intervention du Pariis en relation avec le Saed », a laissé entendre le coordonnateur du projet Pariis. M. Mbaye Diédhiou, agent de la SAED de la délégation de Matam, martèle : « Au niveau de la SAED, on avait un problème récurrent, les canaux cassaient tout le temps, par rapport à
ça, il fallait trouver une solution urgente, notamment économiser mais alléger la pénibilité du travail des producteurs. Donc, c’est en ce sens que le Pariis nous a rejoint pour un peu prendre l’initiative de maçonner les canaux pour réduire non seulement les charges liées à l’irrigation mais aussi réduire le temps de travail que la SAED faisait au niveau des canaux parce qu’on mettait beaucoup de moyens pour le curage ou bien le colmatage ».

450 hectares appuyés par le Pariis à Matam Et M. Mbaye de poursuivre : « Donc, cela nous a permis de résoudre beaucoup de problèmes par rapport à ce niveau. Au niveau de la région, le Pariis nous a appuyé sur environ 450 hectares au niveau du département de Matam. Matam, c’est environ 200
hectares. Pour l’instant, ce n’est que la rénovation des aménagements qui étaient un peu dégradés. Donc, nous avions recensé au niveau de la région, tous les aménagements qui étaient un dégradé, c’est en ce sens que le Pariis nous a appuyé. Donc, on a un autre projet pour un peu l’extension des périmètres aussi, des études ont été faites, maintenant, on va soumettre ça aux bailleurs pour voire l’évolution de ce dossier-là ».

Quant à Mme Cissé, Nene Diombana, adjointe au préfet de Matam, elle avance : « La visite a pour objet la visibilité des travaux de réalisations du Pariis en collaboration avec la SAED au niveau de la région de Matam. C’est un travail de 26 hectares pour la communauté de « Mbakhana Diery ». Les populations ont eu à travailler. C’est un grand satisfécit, les populations ont bien apprécié, tout comme le projet, tout comme les techniciens. Le projet
est pertinent du point de vue aménagement, donc on a vu que c’était d’un grand apport avec la réhabilitation du canal maçonné et cela permet d’éviter les pertes d’eau, d’économiser le carburant et tant d’autres bénéfices. Donc, du point de vue rendement, je crois que cala va être très utile la population ».

Des motopompes solaires sollicitées par les producteurs

Avec la cherté du gasoil pour faire fonctionner la motopompe, les producteurs de tous les périmètres visités sollicitent des motopompes solaires pour pouvoir économiser de l’argent. « L’objectif du Pariis, c’est véritablement de booster les productions à travers les systèmes d’irrigation modernes. Mais après avoir réalisé ses premiers aménagements sur le terrain, nous avons constaté quelques difficultés. Parce que l’engagement initialement, c’était que le Pariis devait faire les aménagements mais que les producteurs devraient eux même s’occuper du système de pompage. On s’est rendu compte non seulement qu’il y’a des difficultés à ce niveau, on s’est rendu compte aussi qu’avec les motos pompes, il y’a les coûts de l’électricité et du carburant qui grèvent un peu les budgets. Et de ce point de vue, nous avons trouvé avec la banque mondiale de prendre en charge cette question. Nous sommes
en train de voir dans quelle mesure, on pourra mettre en place des systèmes solaires pour régler définitivement cette question. Même s’il ne s’agit pas des mêmes systèmes d’irrigation, je pense qu’au niveau du bassin, c’était des forages avec des groupes solaires. Ici il s’agit de groupes de moto pompes c’est une autre surface mais il est toujours possible d’implanter les systèmes solaires et c’est à l’étude avec la Saed », souligne le Coordonnateur de Pariis.

En dehors de tous ces problèmes, les producteurs sollicitent le projet Pariis pour la réalisation d’une piste en latérite pour pouvoir accéder aux champs en saison de pluie. Ils veulent aussi des clôtures pour protéger les champs afin que les animaux ne puissent détruire les récoltes.

M. Alassane Sow, producteur de Thielé Boubacar Inconvénients avance : « Par rapport à la réhabilitation de ces aménagements, il y a une partie qui n’est pas encore dominée par l’eau. 2 hectares ne parviennent pas à être valorisées. Ce qui sera pris en compte dans la partie complémentaire du projet Pariis. Ce qu’il y’a lieu de souligner c’est le bon significatif ».

Les rendements moyens font 5,6 tonnes à l’hectare

M. Samba Wadjanga chef de projet au Saed à Podor a avancé : « Nous sommes dans le périmètre de Diokerre Endam dans la commune de Ndiayene Pendao, un périmètre bénéficiaire du projet Pariis u niveau de sa composante B notamment l’Appui sur les investissements des solutions en irrigation. Il s’agit d’une composante très importante par rapport aux producteurs. Ils ont réhabilité l’aménagement pour un potentiel brut de 12 hectares et une superficie exploitable de 10 hectares. C’est un Gie très dynamique qui a exploité toute la superficie juste après réfection de l’aménagement ».
Il poursuit : « Sur les campagnes précédentes, ils ont mis en valeur 10 hectares durant la saison froide qui a suivi la saison hivernale, 6 autres hectares de poli culture. Sur la contre saison que nous venons de visiter, ils ont mis en valeur, 6 hectares. Donc sur un potentiel de 10 hectares durant l’année 2023, ils ont mis en valeur 22 hectares, ce qui fait une intensité
culturale de 1 point 8. Ce qui est très rare dans le département de Podor. C’est grâce au projet qu’ils ont obtenu ces résultats ».

Selon M. Wadjanga par rapport au système d’irrigation, il s’agit d’un système gravitaire, ils ont juste besoin d’une moto pompe pour pomper l’eau au niveau du Ngalenka au niveau du bassin. Cela à partir du canal principal que le projet a eu à réfectionner avec une remballée compactée et des canaux secondaires et tertiaires. C’est à partir de là que l’eau atteint les parcelles. La spéculation principale c’est le riz. Ils font cela en deux campagnes : la contre saison chaude et l’hivernage.

Par rapport à l’itinéraire technique, une fois le riz pré-germé ils font le semis direct qui permet de mettre en valeur la spéculation du riz.

Pour la saison contre froide, ils mettent en valeur l’oignon et la tomate. C’est la période allant du mois d’octobre au mois de février.  Pour le riz, ils font la double culture.

Le rendement moyen ici c’est qu’à l’hivernage, ils ont fait 5,6 tonnes à l’hectare. En contre saison chaude, ils ont fait un rendement moyen de 6,5 tonnes à l’hectare. Cela avec des picsn qui peuvent aller jusqu’à 8 tonnes par hectare.

M. Alassane Sow, producteur à Thielé Boubacar département de Podor, affirme : « Actuellement, ici, c’est 12 hectares mais nous cultivons sur les 10 hectares parce que les 2 hectares, il reste l’aménagement. Depuis l’aménagement des 10 hectares, nous avons fait 3 campagnes. Avant l’arrivée du projet Pariis, nous utilisons 5 hectares et parfois 3 hectares mais avec l’arrivée du projet qui a réalisé les aménagements, nous travaillons sur les 10
hectares et nous avons cultivé sur ce périmètre l’hivernage passé, la contre saison chaude et la saison froide, nous avons cultivés durant ces trois saisons-là ».

Et M. Sow de poursuivre : « L’hivernage passé, nous avions 5, 6tonnes, 5,7 tonnes à l’hectare. Actuellement, nous sommes dans la contre saison chaude, c’est aujourd’hui que nous devrions récolter mais la moissonneuse batteuse est en panne de croix. Nos rendements contre sont meilleurs que nos rendements contre saison. Durant la saison chaude, nous avons fait de la tomate, l’oignon et plusieurs variétés sur 6 hectares. Avant l’arrivée, nous avions une motopompe qui tombait presque toujours en panne. L’eau
n’arrivait pas aux champs parce que la canalisation n’était pas bonne mais avec le projet Pariis, la canalisation est bien faite de telle sorte, l’eau puisse atteindre tout le périmètre sans difficultés. Nous avons de très bons rendements ».

M. Ousmane Sow, président du Gie Diokerre Endam estime qu’avec l’arrivée du projet Pariis, ils ont eu de très bons rendements et ils ont bénéficié de formation en gestion d’organisation. Il a tenu à préciser qu’ils ont aussi eu des aménagements de leurs périmètres de culture.

Les Femmes et les Enfants à pied d’œuvre dans les champs

A côté des hommes, les femmes et les enfants s’investissent dans le travail. Ils affrontent la chaleur le matin pour s’activer dans les champs.
« Nous travaillons à côté des hommes pour les aider dans la culture du riz. Les femmes ne possèdent pas de terres mais ce sont nos maris qui sont les propriétaires terrains. Nous intégrons les Groupements et associations de producteurs », a laissé entendre une femme.

Au niveau des champs de riz, les femmes sont présentes même si les hommes sont plus nombreux. Elles cultivent et arrachent les épis de riz.

Crainte des oiseaux granivores

Les producteurs signalent la présence d’oiseaux granivores qui menacent les récoltes mais ils disposent un comité de surveillance dans les champs pour chasser les oiseaux. Cependant landirection de la protection des végétaux (DPV) veille au grain et prête à intervenir lorsqu’elle est saisie.
M. Samba Wadjanga chef de projet au Saed à Podor souligne : « Par rapport aux oiseaux granivores, c’est un fléau qui est là. Mais nous ne sommes pas restés les bras croisés, il y’a une équipe avec la Saed et la Dpv, il y’a une semaine, nous avons géolocaliser tous les dortoirs d’oiseaux transmis à la Dpv et tous les traitements sont en train d’être faits. En plus du traitement, le producteur fait le gardiennage. C’est une pratique que les gens ont tendance à négliger mais la première méthode de lutter contre les oiseaux granivores. Il faut une présence continue au niveau de la parcelle pour lutter contre les oiseaux granivores et une présence synchronisée au niveau de la parcelle. Il faut revenir à l’orthodoxie, sécuriser l’investissement ».

Quant au production Sow, il affirme : « Les oiseaux granivores hantent notre sommeil, ils peuvent détruire toute notre culture. Nous sommes obligés de créer des comités de gardiennage pour protéger nos récoltes sinon, ils vont tout dévaster. Il y a la DPV qui charge de ces oiseaux ».

Historique

Le riz a pris depuis la dernière guerre mondiale une place de plus en plus importante dans l’alimentation des populations du Sénégal

En dehors des aires de production, la plus grande partie de la consommation est urbaine. Le goût et aussi les facilités de préparation culinaire amènent de plus en plus de gens à consommer du riz au détriment des céréales traditionnelles (mils et sorghos). La production vivrière annuelle du Sénégal représente à peu près 800.000 t de céréales et tubercules.

La part du riz dans cette production est d’environ 11 %. Les surfaces mises en culture au Sénégal sont de l’ordre de 2.000.000 d’hectares.

La population rurale active (estimée à 1.200 .000 personnes) pratique la riziculture.

Ce riz est constitué par des brisures qui sont particulièrement appréciées pour les préparations culinaires locales. Les importations annuelles sont, d’après les statistiques douanières, de l’ordre de 180.000 t à 200.000 t. Un contingent important de ces importations ne fait cependant que transiter par le port de Dakar avant d’être acheminé sur la Mauritanie. La quantité de riz importée pour le compte du seul Sénégal varie donc de 150.000 t à 170.000 t.

PORTRAIT DU SECTEUR

Le riz est une filière stratégique pour la sécurité́ alimentaire et la nutrition au Sénégal. Sous l’impulsion du Gouvernement, la filière a connu une nette consolidation ces dernières années, avec un accroissement considérable des volumes de production. Le riz occupe une place de choix dans les habitudes de consommation des populations sénégalaises. De plus, l’accroissement démographique et l’urbanisation croissante ont augmenté́ significativement les besoins de consommation de cette denrée, amenant le Sénégal à recourir à des importations massives qui ont atteint une valeur nette de 189, 27 milliards FCFA en 2016 soit 966 498 tonnes importées (source : NACE (Note d’Analyse de la Conjoncture Économique) , 2016), avec une consommation en moyenne de 80 kg/an par habitant, ce qui fait du Sénégal l’un des plus grands consommateurs de riz en Afrique. Au Sénégal, la consommation de riz dépasse les 2 millions de tonnes par an. Le riz constitue à lui seul, près de 10% de la balance commerciale et ce phénomène a tendance à s’amplifier dans le temps car la production nationale progresse moins vite que la consommation qu’elle ne couvre qu’en partie. Pratiquée sous pluie ou sous irrigation, la riziculture, enjeu national, suscite chez les producteurs un engouement croissant, malgré́ les difficultés conjoncturelles.

Le Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise (PRACAS) vise l’autosuffisance du en riz, parmi d’autres objectifs. Le PRACAS est mis en œuvre pour favoriser la production de riz blanc de très bonne qualité́ au Sénégal, avec un objectif de 1,8 million de tonnes, dont 1,6 million de riz paddy, à court terme. Le coût total du PRACAS est d’environ 74 milliards de francs CFA.

Le gap à combler, pour satisfaire la demande nationale en riz blanc, est couvert par les importations qui pèsent lourdement sur la balance commerciale du Sénégal et pose, dans la foulée, un réel problème de souveraineté́ alimentaire.

Les importations de riz ont connu une baisse sensible entre 2016 et 2015 (– 2,77% en volume), grâce notamment à la montée en gamme et au saut qualitatif et quantitatif effectuée par les producteurs locaux qui permet de pallier considérablement les besoins significatifs en importations, principalement d’Asie du sud-est. (Source : APIX)

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