Le Sénégal s’apprête à franchir une nouvelle étape dans sa stratégie d’industrialisation. Sous la houlette du ministre de l’Industrie et du Commerce, Dr Serigne Guèye Diop, trois projets majeurs d’assemblage de véhicules voient le jour, traduisant la volonté du président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko de bâtir une économie plus souveraine et tournée vers la production locale.

Le premier projet, mené en partenariat avec Mercedes, porte sur l’assemblage de véhicules militaires. Une usine est déjà en construction à Diamniadio, à la suite d’un accord signé en Allemagne entre le ministère de l’Industrie et celui des Forces armées. À terme, l’unité devrait être transférée à Touba, dans le cadre d’un vaste écosystème industriel dédié à la défense.
Cette initiative marque une première pour le pays, qui ambitionne de poser les bases d’une industrie militaire nationale capable de répondre à ses propres besoins tout en développant un savoir-faire local.

Kia s’installe, Touba s’impose

Le constructeur sud-coréen Kia a également officialisé son arrivée. Son projet d’assemblage automobile, qui démarrera à Diamniadio avant d’être transféré à Touba, bénéficiera d’un site de 400 hectares mis à disposition par le Khalife général des Mourides.
Touba, ville sainte et centre économique dynamique, s’affirme ainsi comme un futur pôle industriel stratégique. Les études d’aménagement du site, menées avec plusieurs partenaires techniques, visent à en faire un espace de production et d’innovation apte à soutenir la montée en puissance de l’industrie nationale.

La transition électrique en ligne de mire

Le troisième axe de cette stratégie concerne la mobilité électrique. Le Sénégal discute actuellement avec plusieurs constructeurs chinois pour l’installation de lignes d’assemblage de taxis électriques.
Un choix visionnaire, selon le ministre Serigne Guèye Diop : « Nous anticipons la transition mondiale vers la mobilité propre, à l’heure où l’Europe s’apprête à tourner la page des véhicules thermiques. »
L’objectif est clair : faire du pays un acteur régional de l’électromobilité et réduire sa dépendance aux importations de véhicules polluants.

Un cadre d’importation assoupli

En parallèle, le Conseil des ministres du 15 octobre 2025 a adopté un décret révisant les conditions d’importation des véhicules d’occasion. La limite d’âge passe désormais de huit à dix ans pour les véhicules légers et de dix à quinze ans pour les poids lourds.
Cette mesure, saluée par la diaspora et par de nombreux automobilistes, vise à rendre les véhicules plus accessibles tout en modernisant le parc national. Certains concessionnaires redoutent toutefois qu’elle n’affecte les ventes de voitures neuves. Le gouvernement, lui, mise sur une complémentarité entre importations régulées et production locale.

Vers une souveraineté industrielle

Ces initiatives traduisent une orientation claire : celle d’un État qui veut produire plutôt que consommer. Avec l’appui de partenaires internationaux et le soutien symbolique de Touba, le Sénégal cherche à poser les fondations d’une industrie automobile nationale, créatrice d’emplois, de compétences et d’autonomie technologique.
Une ambition à la hauteur de la promesse faite par le duo Faye-Sonko : refonder l’économie sur la base du travail, de l’innovation et de la souveraineté.

Par Babou Landing Diallo