Lumière synergie pour le développement (LSD) avec le soutien de Both ENDS, a organisé ce vendredi 5 avril 2024 un atelier de stratégie sur la Centrale à charbon Sendou pour les Associations environnementales et organisations communautaires de base. Les femmes transformatrices de poissons exigent la délocalisation de ladite centrale.
Par Massaër DIA, Sénégal
Ils pointent du doigt la Banque Africaine de développement, la Banque Néerlandaise de développement (Fmo), la Banque ouest Africaine de développement (Boad) pour la non-conformité du projet avec leurs politiques sociales et environnementales respectives.
D’après les termes de références, le projet Sendou correspond à une centrale à charbon d’une puissance de 125 mégawatts, située à 35 km de Dakar, à Bargny (Sénégal). Et il a été approuvé en 2009 et financé par un consortium de Banques de développement comprenant la Banque Africaine de développement (Bad), la Banque Néerlandaise de développement (Fmo), la Banque ouest Africaine de développement (Boad).
Mis en place à l’époque pour résorber l’énorme gap énergétique du pays, il constitue aujourd’hui l’un des projets les plus problématiques dans le portefeuille de ces banques au cours des dix dernières années au Sénégal. En effet, les activités génératrices de revenus et les moyens de subsistance de plus de 1000 femmes transformatrices de poissons ainsi que des travailleurs saisonniers sont menacés à cause de la centrale à charbon.
D’après l’Ong Lumière synergie pour le développement, les femmes transformatrices sont aujourd’hui contraintes de subir de multiples nuisances et de cohabiter avec une installation classée dangereuse pour l’environnement, en violation du code de l’environnement du Sénégal.
Selon les termes de référence de cet atelier, ces banques ont en effet failli à leur responsabilité en ne veillant pas au respect de leurs propres politiques. L’absence de progrès sur des problèmes cruciaux (litige foncier et réinstallation économique des femmes) dans les Plans d’action préparés par les Directions des banques (Bad et Fmo) illustre parfaitement la complexité du problème, mais surtout, les préjudices irréversibles causés par la centrale à charbon. Le charbon, responsable de 40% des émissions de CO2 à l’échelle mondiale selon le global carbon Project, constitue une menace en ces temps de crises climatiques. L’Ong SLD est surprise que la Bad et Fmo continuent de soutenir le projet Sendou qui génère 964.554 tonnes d’équivalent CO2 par an.
Cheikh Fadel Wade, Président du Réseau des associations pour la protection de l’environnement et de la nature, estime pour sa part que la suele solution qui convienne à l’heure actuelle est « la délocalisation » de la centrale, jugeant que le charbon est maintenant « révolu un peu partout dans le monde avec tous les maux que le charbon a causé à l’humanité ».
Cheikh Fadel Wade qualifie « d’utopie », la volonté des autorités Sénégalaises de transformer la centrale charbon Sendou en une centrale à gaz. Pour lui, gaz et charbon sont deux choses différentes. C’est pourquoi, il s’est convaincu d’avoir gain de cause dans ce plaidoyer qu’il compte introduire auprès des nouveaux dirigeants du pays.
Babacar Diouf, spécialiste suivi-projet -infrastructures, LSD rappelle la politique de sauvegarde environnementales et sociales pertinentes de la BAD. Dans cette perspective, l’Institution financière est tenue d’appliquer cette politique dans le projet Sendou, comme d’ailleurs dans tous ses projets en Afrique. A l’en croire, la Bad a failli à ses obligations. Toute situation qui a entraîné le déclin économique des femmes mais a mis aussi en danger, l’intégrité de ces femmes qui sont contraintes de cohabiter avec une installation classée dangereuse pour l’environnement et les établissements qui reçoivent du public. C’est pourquoi, il a exhorté la Bad à accompagner ces femmes.
Mme Fatou Samb, présidente des femmes transformatrices a promis avec ses collègues, continuer la lutte pour la délocalisation de la centrale.
Massaër DIA
(Afrik Management/ Avril 2024)
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