Environnement

Immigration irrégulière-Trois questions à / Barham Thiam : ‘‘L’État doit réorienter sa politique de jeunesse pour redonner de l’espoir aux jeunes’’

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L’immigration n’est pas encore maitrisée par bon nombre de pays Africains. Les conséquences sont dévastatrices. Et le constat fait par Barham Thiam, consultant en développement international et en immigration, par ailleurs Président directeur général du cabinet JB Monde au Sénégal est amer. La gouvernance, les politiques de jeunesse dans les pays Africains ont eu des manquements au point que les jeunes pensent qu’ils ne peuvent plus réussir dans leur pays. Il livre dans cet entretien, des esquisses de solutions, dans un entretien qu’il nous a accordés.  ‘‘L’État sénégalais doit réorienter sa politique de jeunesse pour redonner de l’espoir aux jeunes’’, estime l’expert. Qui propose le concours de conseillers en immigration agréés par le gouvernement du Sénégal.

Propos recueillis par Massaër DIA

Aujourd’hui l’immigration irrégulière fait beaucoup de ravages aux larges de nos côtes. En tant qu’expert dans le domaine, comment expliquez-vous ce phénomène qui prend de plus de l’ampleur ?

Je pense que l’immigration est devenue un problème mondial même s’il faut comprendre par ailleurs que la mobilité internationale est un droit. La possibilité pour un citoyen de quitter un pays A et aller dans un pays B, alors que ça soit pour des vacances ou que ça soit la possibilité de s’installer et aller travailler ailleurs. Ce qui arrive, c’est que dans nos pays, la gouvernance, les politiques de jeunesse ont eu des manquements tels que les jeunes pensent qu’ils ne peuvent plus réussir dans leur pays.

Alors, tout ce qu’ils peuvent et ce qu’ils estiment mieux pour eux, c’est d’aller dans d’autres pays espérant trouver l’eldorado. Et figurez-vous, ce n’est pas que, il faut aller ailleurs pour réussir. La perception qu’ils ont de l’étranger (par exemple de l’Amérique du Nord) est totalement différente de la réalité parce qu’il y a certains qui ont réussi mais il y a beaucoup qui ont échoué.

Si vous prenez le cas des Etats-Unis par exemple, il y a des américains qui ont réussi leur vie mais il y a une bonne partie des américains qui ne font que travailler pour avoir une dépense quotidienne. Je pense que les gouvernements doivent travailler à trouver une solution.

Naturellement, les gens ont la possibilité de voyager, d’aller ailleurs, d’aller travailler ou d’aller passer des vacances. Je pense que c’est quelque chose qui est fondamentale. Effectivement, nous avons constaté tout dernièrement de flux d’immigration trop important (…) Les Etats doivent faire beaucoup d’efforts pour déconstruire cette perception de la jeunesse qui pense qu’on ne peut pas réussir au Sénégal. Nous qui avons passé des années à l’étranger, nous pensons qu’on peut réussir ici. C’est pour ça que nous avons laissé nos emplois au gouvernement fédéral du Canada pour revenir nous installer au Sénégal entant que consultant en développement international et en immigration. Je pense que des exemples comme ça peuvent être magnifiés pour qu’enfin, ces jeunes puissent s’en servir comme référence.

Aujourd’hui, vous avez un cabinet qui est très actif dans les questions de l’immigration. A quoi consiste le travail de ce cabinet ?

Le cabinet JB Monde est un cabinet-conseil, de prestations intellectuelles mais aussi d’immigration. Je suis consultant en développement international. Pour le volet immigration, ce que nous faisons, c’est qu’on se sert de l’expérience qu’on a mais aussi de la formation qu’on a en immigration et en développement personnel et en développement international. Ce qui nous permet, dans un premier temps d’accompagner l’étudiant. Je rappelle qu’on amène beaucoup d’étudiants étudier au Canada, aux Etats-Unis, en Europe aussi.

Ce n’est pas seulement à partir du Sénégal mais à partir de ces pays d’Afrique, même à partir de l’Europe. Nous faisons de l’accompagnement. Au lieu d’immigration irrégulière, nous faisons l’immigration régulière. Celle-ci consiste à permettre à un jeune, par une bonne orientation d’abord au Sénégal, de savoir son profil, de ce qu’il veut faire. Veut-il aller étudier et revenir au pays, ou bien il veut étudier et obtenir une résidence permanente pour rester au Canada, en France.

Quelles sont les solutions que vous préconisez pour lutter contre l’immigration irrégulière ?

Les solutions sont à plusieurs niveaux. D’abord au niveau de l’Etat, il doit réorienter sa politique de jeunesse pour redonner de l’espoir aux jeunes. Ça, c’est fondamental. Essayer au niveau des pays de ne pas fragmenter les agences qui interviennent dans la politique de jeunes, c’est important. Faire en sorte que les jeunes puissent avoir une certaine visibilité dans les possibilités que leurs pays leur offrent.

Au niveau des parents, il faut essayer de rassurer les jeunes et éviter de reposer toute la responsabilité familiale sur un jeune. Parce que si vous le faites, ils vont se dire qu’ils ne vont rien avoir. Je conseille également aux jeunes d’entreprendre d’être patients et persévérants.

Maintenant l’autre solution se situe au niveau des ambassades et les consulats. Les pays où les jeunes voyagent plus doivent essayer de faciliter les rendez-vous et mettre plus l’accent sur la transparence dans le traitement des visas. Avoir des programmes de partenariat pourrait aider. S’ils appliquent ces trois mesures-là, ça pourrait aider les jeunes à comprendre réellement les risques qu’ils prennent en pensant aller faire fortune ailleurs.

Si on a des conseillers en immigration agréés par le gouvernement du Sénégal, ils pourraient être des relais avec les consulats pour mieux aider les jeunes et aider les familles. Ce sont des mesures qui doivent intéresser tout un chacun (le gouvernement, les parents, les acteurs et également les pays étrangers).

Massaër DIA

(Afrik Management/ Février 2024)

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