L’Everest domine le monde. Symbole de défi, d’aventure et de persévérance, son ascension est un rêve pour de nombreux alpinistes du monde entier. Pourtant, le géant est aujourd’hui fragilisé par les activités humaines, qui menacent un patrimoine naturel exceptionnel et des traditions culturelles ancestrales.
Est-il encore besoin de le présenter ? Le mont Everest est le plus haut sommet de la planète. Surnommé le « toit du monde », il culmine à 8 848,86 mètres au-dessus du niveau de la mer. Une mesure qui est soumise à des variations liées aux mouvements tectoniques, à la fonte des glaces, et d’autres facteurs géologiques. L’Everest est situé dans la chaîne de l’Himalaya, à la frontière entre le Népal et la région autonome du Tibet. Le géant s’est formé il y a environ 50 millions d’années, lorsque la plaque indienne a commencé à se déplacer vers le nord, s’enfonçant sous la plaque tibétaine. Le choc entre les deux plaques a créé une compression massive et une élévation des couches de roches sédimentaires le long de la zone de collision. Le sommet fait aujourd’hui partie du Parc national de Sagarmatha (PNS) au Népal, qui s’étend sur une superficie de 124 400 hectares.
L’Everest : un patrimoine naturel exceptionnel
Son nom lui vient de Sir George Everest, un géomètre général de l’Inde britannique qui a supervisé la cartographie de l’Himalaya. Si ce sobriquet est largement utilisé en Occident, il n’en n’est pas de même pour les locaux : les Népalais appellent cette montagne « Sagarmatha » (qui signifie « Mère de l’Univers ») , tandis que les Tibétains la nomment « Chomolungma » (qui signifie « déesse-mère »). Les Sherpas – un groupe ethnique venant des régions du Tibet et du Népal – sont plus de 6 000 à vivre au sein du Parc national, répartis dans une vingtaine de villages traditionnels implantés là depuis 400 ans. Le Parc a été ajouté à la liste des sites naturels du patrimoine mondial de l’Unesco en 1979. Outre l’Everest, il compte deux des plus hautes montagnes du monde : Le Lhotse et le Cho Oyu, ainsi que de nombreux autres sommets culminant à plus de 6 000 mètres d’altitude.
On y trouve des espèces rares et menacées telles que la panthère des neiges, le panda roux (ou petit panda), l’ours noir de l’Himalaya, le cerf musqué et le loup de l’Himalaya. Un patrimoine exceptionnel que les locaux contribuent à protéger en appliquant, par exemple, la réglementation de la chasse et de l’abattage des animaux et une gestion traditionnelle raisonnée des ressources naturelles. Les Sherpas servent de guides, de porteurs, de cuisiniers et fournissent une expertise précieuse aux touristes. Leur connaissance de la montagne et leur capacité à s’adapter à l’altitude font d’eux des partenaires clés pour les expéditions.
VICTIME DU BRACONNAGE ET DE L’ACCROISSEMENT DES CONFLITS AVEC LES COMMUNAUTÉS LOCALES, LA PANTHÈRE DES NEIGES (ÉGALEMENT APPELÉ « ONCE ») A VU SA POPULATION DÉCLINER DE 20 % CES 20 DERNIÈRES ANNÉES. L’ESPÈCE EST DÉSORMAIS MENACÉE. © SLOWMOTIONGLI, ADOBE STOCK
Un géant devenu attraction touristique
Les premiers à atteindre le sommet de ce géant sont le Néo-Zélandais Sir Edmund Hillary et le Sherpa népalais Tenzing Norgay, le 29 mai 1953. Après eux, des milliers d’alpinistes s’essayeront à cette ascension réputée pour son extrême difficulté : fatigue et risque de mourir de froid, mal des montagnes, œdème pulmonaire et œdème cérébral menacent les touristes qui se lancent dans l’aventure… au point que l’Everest est aujourd’hui surnommé le « cimetière à ciel ouvert ». En tout, ce serait plus de 200 corps d’alpinistes qui dormiraient le long de l’itinéraire, dont certains à la vue des grimpeurs, qui s’en servent désormais comme point de repère. C’est notamment le cas de Green Boots, un alpiniste inconnu, mort en 1996, surnommé ainsi à cause de la couleur verte de ses chaussures. Des cadavres figés dans la glace et qui ne peuvent pas être déplacés en raison de l’inaccessibilité des lieux, et de la difficulté de fournir des efforts physiques pour déplacer une charge lourde à cette altitude.
L’Everest menacé par le réchauffement climatique et le sur-tourisme
Outre le danger vital que représente l’ascension de l’Everest, elle pose également une question éthique. Si les touristes, très bien accueillis par les populations sherpas, dynamisent l’économie locale, ils contribuent également très fortement à la dégradation de l’environnement. En effet, se lancer dans une telle expédition nécessite du matériel, que beaucoup de ces « amoureux de la nature », insuffisamment formés à une telle expédition, laissent sur place car ils ne sont pas en capacité de descendre leur poubelle. En 2017, 25 tonnes de déchets solides avaient été descendues des hauteurs par des alpinistes aguerris.
Un chiffre étourdissant, surtout quand on sait qu’une caution de 4 000 dollars est demandée à chaque grimpeur et n’est remboursée que s’il redescend huit kilos de déchets. Un véritable fléau qui est en train de transformer l’Everest en poubelle de très haute altitude, tout en contribuant au réchauffement climatique, et donc à la fonte des glaces. Les dégâts ne s’arrêtent pas là, puisque le sur-tourisme est en train de mettre à rude épreuve les traditions culturelles locales. Enfin, il faut composer avec « l’aménagement de sentiers illégaux, le développement des lieux d’accueil, l’offre et la demande énergétiques, et l’évaluation de l’impact du tourisme et de la capacité d’accueil touristique », dénonce l’Unesco sur son site officiel.
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