Economie

Emancipons notre jeunesse : Défi entre tradition et mondialisation

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Impliqué depuis près de 18 ans en République Démocratique du Congo ; et ayant eu à découvrir quelques pays d’Afrique, il en ressort de mon observation un paradoxe : la chaleur et la fierté africaine contre une disparité de vision de développement de l’Afrique.

L’Afrique, c’est plus de 30 millions de km2 (3ème par sa superficie) mais surtout 1,4 milliard d’habitants (2ème par sa population) ; et le plus fort taux d’accroissement démographique (autour de 2,3 contre une moyenne mondiale de 0,9). 

A cela s’ajoutent les prédictions qui indiquent que 50 % de la jeunesse africaine aura moins de 25 ans en 2050. Il est donc plus que compréhensible que nous voyons bons nombres d’observateurs et experts orienter les grandes écoles occidentales et autres multinationales à repenser leurs perspectives dans l’échiquier géostratégique mondiale.

Notre jeunesse est marquée par l’Histoire, ancrée par des grands-parents  traditionnels et par des parents hybridés par un néocolonialisme économique. Cette jeunesse, ma jeunesse, constate aujourd’hui la difficulté de lutter contre la mondialisation, mais l’avènement des nouvelles technologies a réduit le gap du développement. Ce qui amène à penser que la prochaine génération peut être une réelle chance pour la dynamisation des économies africaines par les intérêts africains. 

Le mouvement « Repat » des africains rentrant au pays soit pour investir, soit pour intégrer des positions stratégiques tant dans les institutions publiques que dans l’ouverture de postes clés dans les multinationales pour être en phase avec l’évolution du tissu socio-économique constitue une mouvance croissante. Ces exemples créent des frustrations -des fractures- amenant un empressement de la jeune population locale à en découdre -peu importe la manière- sans en comprendre l’essentiel de l’apprentissage : une compétition sans compétence.

Réelle motivation 

Notre jeunesse africaine est motivée -au diable la formation classique pour la plupart- elle se lance, elle se plante, elle réussit, elle se structure, elle se perd, mais elle stimule et bouscule tant bien que mal les équilibres. Il appartient aux politiques et autres services d’accompagnement de les encadrer. Car c’est trop souvent là que l’énergie de cette jeunesse s’émousse entre les mécaniques de transmission des anciens sans méthode et la machine implacable de la mondialisation et ses éléments de langage. 

Une jeunesse difficile, tant elle vit dans l’immédiateté sans accepter les faiblesses de leurs turpitudes ; et ce au détriment d’un héritage culturel qui s’effrite. Et le fossé entre les grandes villes et les provinces se creusent alors même que les richesses y sont : terres arables, mines, etc…et l’enclavement amène son lot de disparités des enjeux de développement à l’africaine entre tradition et mondialisation.

Et les aides tant bilatérales que multilatérales sont trop souvent une insulte aux bénéficiaires locaux (femmes et jeunesse). Avec des marchés conclus en amont (tuant la sous-traitance) aux projets qui ne tiennent pas compte des réels besoins de terrain, il n’y a qu’un pas pour que ce gaspillage financier devienne criminel.

Gandhi avait l’habitude de dire : « Tout ce que vous faites pour moi sans moi, vous le faites contre moi »

Emancipons notre jeunesse

La Coopération Sud-Sud est l’occasion de dynamiser l’économie africaine, d’assurer l’Unité et de renforcer la cohésion de projets communs d’envergure (infrastructures, chemins de fer, électrification, autoroutes mais aussi agriculture, recherche scientifique, etc…).

L’expérience dans les différents secteurs d’activités, en tant qu’Administrateur de sociétés, appuie la conclusion que le niveau de l’éducation est encore trop faible au niveau de la population avec des étudiants n’ayant eu que de la théorie (hérité des années 1970 ou 80) et très peu de pratique : informaticien sans ordinateur, des ingénieurs agronomes en costume ou encore des chercheurs sans laboratoire !

Le niveau est faible mais la jeunesse a soif d’apprendre. 

Nous devons accepter une part de responsabilité à de la formation interne, à inculquer l’esprit d’entreprise, à recycler les compétences.

« La dynamisation des économies africaines par les africains passe par l’acceptation d’intégrer nos cultures dans notre mode développement »

La dynamisation des économies africaines par les africains (locaux ou Repat) passe par l’acceptation d’intégrer nos cultures dans notre mode développement afin de garder une cohésion tout en rappelant les indicateurs de performances face aux enjeux mondiaux ; et l’appropriation de la jeunesse des Objectifs de Développement Durable est un atout remarquable.

Après ses multiples expériences dans le secteur privé (et de par ma bi-culturalité), il faut reconnaître que l’implication de tout à chacun est l’occasion de promouvoir la jeunesse en les accompagnant à tous les stades de leur apprentissage (en stage, en période d’essai, en mentoring ou via des incubateurs). Et c’est dans ce cadre que nous menons plusieurs actions.

Nous nous préparons à signer une convention avec les départements agronomiques de quelques universités pour leur permettre d’effectuer le travaux pratiques sur nos exploitations agricoles dans le cadre de développement de nos projets « VAM-PEM » (Village Agricole Modèle / Pisciculture-Elevage-Maraîchage) ; l’occasion pour les jeunes étudiants d’avoir l’opportunité de développer à la fois leur passion et d’en comprendre le management économique ; et d’en faire de réels agri-preneurs « VAP-PEM » pour résoudre la problématique d’autosuffisance, de sécurité et de diversité alimentaire !

Nous développons également un partenariat avec les Centres de Promotion Sociale de Kinshasa qui encadrent près de 7.000 jeunes défavorisés ; l’occasion pour nous de leur offrir des alternatives de modules de cours en les impliquant dans nos actions environnementales (Super 7, EcoKi, Ex’ODD, etc…) pour en faire des futurs acteurs de l’entreprenariat vert !

D’autres actions sont à envisager, toutes les initiatives sont à soutenir ; et la réorganisation des budgets de bailleurs de fonds dans le domaine de la formation et pour l’intégration professionnelle est un signal que nous ne pouvons ignorer. A la jeunesse d’également s’impliquer dans l’apprentissage et de s’émanciper d’un système complexe dans nos pays à géométrie variable pour créer son destin, son avenir.

*Eric Mukuna, entrepreneur de 43 ans, administrateur de plusieurs sociétés (ETEC, LaBianca, KOMODO, MKN & Associés, FFC, HMC, LCS, CSE) en RD Congo, est engagé sur plusieurs fronts sur la scène économique et sociale de son pays.

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