Transformation digitale

Et si l’IA pouvait aider à former une nouvelle génération de leaders créatifs ?

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Parmi les applications de l’intelligence artificielle, celle de catalyseur de créativité mérite toute l’attention des dirigeants et des organisations.

Entamez une conversation à propos de l’adoption de l’intelligence artificielle au travail et il est fort probable que la peur de voir la technologie se substituer aux travailleurs sera rapidement évoquée. Pourtant, nous savons que cette nouvelle ère d’automatisation créera vraisemblablement davantage de nouveaux types d’emplois qu’elle n’en détruira. En attendant, les humains veulent toujours développer, diriger et créer. L’IA peut-elle y contribuer ? Comment peut-elle favoriser la créativité organisationnelle et le leadership ? Car il y a bien un rôle que l’IA peut jouer, dont on parle moins, qui est pourtant moins risqué et avec lequel l’humain reste au premier plan : celui de connecteur, de facilitateur, voire de muse.

L’application de l’intelligence artificielle à la créativité organisationnelle peut conduire au développement de nouveaux produits, de nouvelles idées et méthodes de collaboration, voire de nouvelles façons de penser. En outre, une version moderne de la sélection naturelle est à l’œuvre, où les organisations qui adoptent l’IA pour construire un nouveau type de « tissu conjonctif » créatif seront celles qui évolueront et seront en mesure de lancer la prochaine génération de leaders expansifs et modernes.

Pensez à ce scénario, bien trop courant : après avoir présenté une idée de produit, de modèle commercial ou de concept créatif, votre dirigeant ou votre client vous dit qu’il recherche quelque chose de plus inspirant, de plus unique, sans trop savoir comment le définir. Il vous laisse avec un laconique : » Je le saurai quand je le verrai ». Bien que fondées sur une expérience et une intuition légitimes, ces réponses sont presque impossibles à mettre en mots. Cela peut être dû à un certain nombre de facteurs, allant des différences linguistiques ou culturelles aux préjugés issus de l’expérience ou même à la génétique. En fin de compte, cependant, cette déconnexion peut générer des dizaines, des centaines, voire des milliers d’heures de recherche, d’itération, de tests et de révision.

Ainsi, les systèmes d’IA peuvent remplacer les tâches fastidieuses et laisser un travail plus stratégique et significatif au travailleur humain. Mais l’l’intelligence artificielle peut également accélérer et développer la créativité au sein de l’organisation en suggérant de nouvelles directions, en inspirant de nouvelles idées, voire en créant de nouveaux produits. Au lieu de remplacer la créativité humaine, elle peut créer une expérience plus agréable et plus productive.

Trois étapes cruciales

Si Steve Jobs disait de l’ordinateur qu’il était « le vélo de l’esprit », alors l’IA en est la voiture de course. Nous avons mené plusieurs entretiens avec des dirigeants d’entreprises travaillant avec l’IA dans des environnements organisationnels créatifs. De notre point de vue (en tant qu’inventeur de la technologie qui a inspiré Alexa d’Amazon et que doyenne associée d’une école de commerce centrée sur l’IA), nous avons été témoins de multiples usages dans laquelle la technologie se met au service de la facilitation de l’expérience créative. Les organisations et leurs dirigeants doivent donc accorder plus d’attention à la manière dont l’IA peut aider leurs effectifs à optimiser leur humanité – et non à la remplacer – et à nourrir la prochaine vague de dirigeants qui adopteront par défaut cette façon de penser. L’IA s’accélère, se développe et (si nous osons la personnifier) encourage la créativité à travers trois étapes du processus créatif.

  1. Un outil de création

Les êtres humains et, notamment dans le contexte de l’organisation, les collaborateurs, sont intrinsèquement tournés vers la découverte – à des fins de forme, de fonction ou, dans des cas extraordinaires, les deux. Mais il y a des circonstances qui sont nécessaires à la découverte : outils, temps, accès à l’information et aux expériences, capacités physiques et/ou mentales. L’opportunité pour l’IA est de réduire les points de friction avant la phase de découverte, et même de l’institutionnaliser.

Les appareils et les fonctionnalités numériques tels que les écrans tactiles interactifs et la reconnaissance vocale ont exposé davantage d’individus à de nouvelles opportunités d’apprentissage, lequel est essentiel au cercle vertueux de la découverte. La gestion des connaissances fondée sur l’IA peut transformer des documents statiques en expériences interactives à commande vocale et déverrouiller instantanément de l’information pour des milliers de personnes.

L’IA générative applique des algorithmes pour créer du contenu artificiel, améliorer les images, écrire des histoires et même générer des influenceurs avec plus d’un million de followers. Cela a un impact significatif sur le processus créatif des designers. Remarquablement, le logiciel ne nécessite pas de codage manuel, ce qui élargit considérablement la disponibilité de cette capacité ultramoderne. Par exemple, dans le domaine de la santé, l’IA générative permet l’identification précoce de maladies potentielles pour créer des traitements efficaces, alors que la maladie en est encore à un stade initial ; ou encore, l’IA peut calculer différents angles d’une image radiographique pour visualiser l’extension possible d’une tumeur.

  1. Un accélérateur dans le processus de création

L’intelligence artificielle collabore déjà avec des artistes et des designers pour favoriser de nouvelles idées et solutions, apportant de nouveaux designs sur le marché. En 2019, le designer Philippe Starck a ainsi collaboré avec Kartell et Autodesk sur un projet d’IA générative qui a abouti à la production de la chaise A.I. Le système d’IA a reçu un défi de conception simple de la part du designer (soutenir le corps avec une quantité minimale de matériaux et d’énergie) et, à travers ce que Philipe Starck a appelé « un nouveau langage, un nouveau type d’échange », le système a itéré et appris jusqu’à ce que le produit final soit conçu.

Les moteurs de recommandation ont été l’une des applications de l’IA les plus anciennes et les plus largement employées. Utilisés initialement dans des contextes de consommation pour proposer des produits de vente au détail connexes et pour que les éditeurs puissent maintenir l’intérêt des lecteurs sur leurs sites, ils se sont rapidement transformés en une suite de produits aidant les collaborateurs à prendre des décisions et à établir des relations.

Des outils d’intelligence artificielle d’aide à la rédaction ont aussi été développés pour accélérer la productivité et soulager l’inconfort lié à ce que certains considèrent comme une tâche difficile et ardue. Par exemple, étant donné un écrit, l’outil d’IA pourrait identifier les domaines où l’auteur pourrait ajouter plus de profondeur, établir des liens avec d’autres écrits ou explorer des perspectives alternatives.

  1. Un facilitateur de consommation

Les systèmes d’IA appliqués à la publicité numérique ont créé le concept révolutionnaire de personnalisation, qui permet aux organisations et aux individus de contrôler quand, comment et à qui leurs messages sont livrés et reçus.

Autre exemple : STAR Labs, soutenu par Samsung, a présenté NEON, qui prétend être le premier « humain artificiel » au monde, un avatar numérique capable d’imiter l’apparence et les émotions humaines. En plus d’être des modèles pour les campagnes marketing, ces créatures sont des assistants virtuels familiers sous forme humaine qui peuvent enseigner, fournir des informations ou aider à exécuter des tâches. Comme les assistants virtuels intelligents d’aujourd’hui, ils peuvent également inspirer l’innovation produit et avoir un impact sur les performances organisationnelles en nous permettant d’entendre et de répondre aux besoins des clients en utilisant le langage naturel.

En allant encore plus loin, le pouvoir de transformation de l’IA peut modifier le concept de langage tel que nous le connaissons et construire une « nouvelle tour de Babel ». En fin de compte, peu importe la langue dans laquelle l’information dont nous avons besoin a été obtenue ; cela sera réalisable via un langage d’IA invisible et commun à tous. Sans aller aussi loin, force est de constater que nous faisons des progrès : les divisions linguistiques s’estompent grâce aux outils de traduction en constante amélioration, qui sont rendus possibles par la reconnaissance vocale et le traitement du langage naturel. Les progrès de l’IA conversationnelle et de la reconnaissance optique des caractères ont aussi permis aux personnes handicapées de se connecter au monde qui les entoure. Les scientifiques utilisent même l’IA pour codifier le discours des animaux.

Vers des entreprises plus créatives ?

Nous pensons que les avantages que les organisations tireront de l’IA seront proportionnels à leurs objectifs d’utilisation. C’est pourquoi nous recommandons de mettre davantage l’accent sur les technologies d’IA de type augmenté : les applications d’assistance aux humains, prévues pour les soulager des tâches routinière et standard qui épuisent leur créativité.

Aussi les dirigeants doivent-ils évaluer l’intelligence artificielle à travers le prisme humain et formuler les arguments sur la façon dont elle permet la créativité organisationnelle :

– Adopter l’optimisme de l’IA : elle permettra aux emplois du futur d’être moins mécaniques et plus centrés sur la résolution de problèmes, là où les humains s’épanouissent et sont créateurs de succès.

– Evaluer les applications d’IA en fonction de la manière dont elles amélioreront l’expérience de leurs collaborateurs et de leurs clients, sans s’en éloigner.

– Célébrer les applications d’intelligence augmentée, car elles les aideront à attirer les meilleurs talents. Les demandeurs d’emploi et les collaborateurs sauront qu’ils peuvent se concentrer sur un travail ayant du sens, créatif et stimulant, auquel l’automatisation ne pourra pas s’attaquer.

– Investir dans le savoir institutionnel comme véritable actif de l’entreprise. Les graines de nouveaux produits et services y résident. La gestion des connaissances basée sur l’IA peut capter ces connaissances et les rendre facilement disponibles pour l’innovation.

C’est pour ces raisons que nous partageons la pensée de Tom Allen, fondateur de The AI Journal, lorsqu’il déclare : « Je suis convaincu qu’en fin de compte, les changements apportés par l’IA amélioreront la vie des gens. L’IA peut être une force pour le bien dans ce monde nouveau et effrayant dans lequel nous entrons. Cela peut nous aider à être plus efficace, cela peut nous aider à développer de nouveaux produits et services, et cela peut nous aider à changer nos modèles commerciaux pour le mieux ».

 

admin
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