Environnement

Insuffisance d’espaces verts, Dakar pris dans l’étau de l’urbanisation galopante des grandes villes africaines.

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88℅ des populations urbaines sont exposées à des niveaux de pollution
extérieure qui, dépassent ceux indiqués dans les lignes directrices de l'OMS. Celle-
ci relève que rien qu'en 2012, 3,7 millions de décès dans le monde étaient
attribués à la pollution de l'air ambiant. Dans les grandes villes comme Dakar, les
espaces verts urbains peuvent offrir des solutions aux effets polluants de
l'urbanisation rapide sur la santé et le bien-être. Ils sont également susceptibles
de favoriser une meilleure santé humaine et mentale selon la documentation
scientifique. Il s’agit en effet de trouver les voies et moyens pour améliorer le
cadre de vie face à la dégradation de l’environnement dans les grandes villes.
Le cadre de vie est un ensemble d’éléments entourant la vie d’une personne. Sa
qualité s’assimile à la propreté des trottoirs, au bon état de la voirie, à de bonnes
relations de voisinage ou encore à des bâtiments rénovés. Alors que
l’environnement est un système, un ensemble d’éléments cohérents qui agissent
et réagissent les uns les autres. Face à toutes ces problématiques, l’anciens
directeur général de la muraille verte du Sénégal a bien voulu nous éclairer dans
cet entretien. Il s’agit de l’inspecteur des eaux et forêts, le colonel Pape Waly
GUEYE.
AFRIK Management : Depuis quelques années, la problématique des espaces
verts en milieu urbain est agitée. Aujourd’hui, pensez-vous que des actes
concrets ont été posés dans ce sens ?
Colonel Pape Waly GUEYE : Sur le plan institutionnel, des actes ont été posés
depuis l’indépendance avec la mise en place de projets et de programmes. Les
plus récents datent de 2015 PROMOVILLES, Programme Villes vertes, etc, et avec
l’érection en 2019 de la Direction du Cadre de vie et des espaces verts urbains, en
Direction générale, L’UCG qui avait en charge la gestion des déchets solides est
érigée en société nationale (SONAGED) avec un volet important en matière
d’environnement, (PROMOGED). Cela montre une volonté politique manifeste de
l’Etat.

Des actes concrets, oui, mais qui se limitent aux grands projets de l’Etat. Et à ce
rythme, les besoins en espaces verts ne seront jamais comblés.
Concrètement, si on se réfère aux résultats qui se présentent sur le terrain, on se
rend compte qu’il reste beaucoup de choses à faire. Le bilan reste mitigé.
On s’accorde donc à dire que la problématique du cadre de vie demeure entière.
Il faut faire le tour de la capitale pour constater, faute de suivi et d’entretien, ce
qu’est devenue la plupart des espaces aménagés. Des difficultés de gestion,
d’entretien et de maintenance se posent avec acuité.

– Le Sénégal est-il en phase avec les standards de l’OMS qui recommandent
entre 9 et 30 m2 d’espaces verts par habitant dans un système urbain?
Colonel Pape Waly GUEYE : Le Sénégal est très loin des normes OMS de 10 m2
par habitant qui fixent ces ratios à l’échelle de la ville. Le Sénégal n’est même pas
encore à 3m2 par habitant à l’échelle de la ville, alors que les pays développés
comme la France sont en phase avec ces normes. La Chine, par exemple a
dépassé les 25 m2 par habitant. Aujourd’hui beaucoup de pays d’Afrique
travaillent pour atteindre ces ratios. Nous pouvons citer le Rwanda, le Kenya et la
Côte-d’Ivoire qui sont entre 5 à 7m3/habitant.

– Est-ce qu’il y a des mécanismes ou dispositifs existants qui pourraient
permettre au Sénégal d’être en phase avec ces standards notamment les
grandes villes comme Dakar par exemple ?
Colonel Pape Waly GUEYE : Bien sûr, le président Macky SALL a très vite compris
quand il initiait le programme villes vertes avec l’aménagement de la corniche
ouest et le parc forestier urbain de Dakar Yoff.
Il y a urgence et priorité à investir sur les projets communautaires
d’aménagement paysager urbain. A initier des plantations d’accompagnement de
voiries à l’échelle nationale. IL faut également une synergie d’action entre les
services qui interviennent pour l’amélioration du cadre de vie.

Le facteur décisif ne peut être que l’implication effective des populations, au
travers des OCB (organisations communautaires de base), mais surtout des
communes, des délégués de quartier et des conseils de quartiers, afin d’installer
des bureaux de gestion urbaine de proximité dans les collectivités territoriales.

– Avec la forte urbanisation de Dakar qui évolue à grande vitesse, quelles
sont selon vous les nouvelles approches qui s’imposent?
Colonel Pape Waly GUEYE : Relativement aux nouvelles approches, il s’agit
d’abord de respecter les documents de planification urbaine. Le volet espaces
verts est très bien pris en compte dans le nouveau code de l’urbanisme. A ce
propos, les changements de destination n’existent plus. Les ratios consacrés aux
espaces verts sont revus et améliorés. Il reste bien entendu à y veiller
scrupuleusement.

Guy René EKANI
Correspondant Sénégal

admin
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