Entrepreneuriat

Diaspora : Entrepreneurs des deux rives

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Tech, creator economy, finance… De la France au Canada, ils sont incontournables dans leurs secteurs respectifs et ont en commun de vouloir s’engager, aussi, en Afrique. Portraits d’entrepreneurs issus de la diaspora qui nous partagent leurs motivations et ambitions.

 

À la tête de Brazza Transactions, première firme au Cameroun spécialisée dans la gestion de patrimoine des HNWI (High Net Worth Individuals), qui se distingue notamment en offrant des produits très recherchés comme le Citizenship by Investment en zone CEMAC (Gabon, Centrafrique, Congo, Guinée-Équatoriale, Tchad et Cameroun), Valérie Neim œuvre depuis 2011 au développement de la région grâce à des solutions innovantes à destination de la diaspora africaine. Une communauté d’entrepreneurs issus de l’Europe et de l’Amérique du Nord, qui a soif d’investir sur le continent. La banquière d’affaires, passée par les bancs d’Oxford, a surpris son monde en 2009 en quittant son poste confortable à Londres pour faire du Nigéria sa nouvelle base. L’appel de l’Afrique a toujours été en elle.

À mesure qu’elle franchissait les paliers professionnels au sein de sa banque rachetée par le géant espagnol Santander, la Camerounaise sentait comme un goût d’inachevé : « Ma réussite en Angleterre, je voulais aussi la mettre à profit ailleurs pour soutenir ma terre natale. Quand, où et comment ? Toutes ces questions se bousculaient dans ma tête. Il me fallait aussi résister à des discours répétant d’attendre la retraite, de ne pas prendre de risque, ni de tout gâcher… Finalement, tout s’est emballé de manière inattendue lors de vacances au pays. Je remercie le destin ! » partage cette figure désormais incontournable de l’écosystème financier continental.

Le grand saut, elle le doit à un certain Jean-Luc Konan, influent banquier ivoirien alors à la tête d’UBA (United Bank for Africa). Le puissant financier a besoin d’un profil comme le sien pour accélérer sur ses marchés clefs : le Nigéria et le Gabon. Il lui accorde trente jours pour déménager à Lagos, à prendre ou à laisser. À même pas trente ans, la jeune femme relève le défi. Une décision qu’elle ne regrettera jamais. Aujourd’hui, elle peut se targuer d’avoir porté à une autre échelle les investissements de la diaspora en Afrique subsaharienne et d’avoir contribué à la féminisation des métiers dans le secteur bancaire au Cameroun. Prochain cap : appuyer les femmes d’affaires africaines — championnes dans leur industrie — dans des projets d’envergure internationale avec son club d’impact Invictae.

Être acteur plutôt que témoin

Faire bouger les lignes, être acteur plutôt que témoin, c’est aussi la vision de Galo Diallo, l’homme qui a construit un empire de la creator economy (l’économie des créateurs, également connue sous le nom d’économie des influenceurs, NDLR) sur les réseaux sociaux avec son agence Smile Conseil, lancée en 2017.

À la fois agent et producteur, le Français d’origine sénégalaise est arrivé sans prévenir à propulser une génération de créateurs de contenus dans la cour des grands, et gère aujourd’hui une petite vingtaine d’influenceurs qui ont généré plus de quatre milliards de vues en 2022. Véritable dénicheur de talents, il est notamment à l’origine du phénomène Just Riadh, élu « Influenceur de l’année en France » au Grand Prix Stratégies de l’influence marketing 2022. Star des réseaux sociaux cumulant plus de 10 millions d’abonnés sur les principales plateformes (YouTube, Instagram, TikTok…), le millenial s’est fait connaître grâce à ses vidéos humoristiques déjantées. Il se paye aujourd’hui le luxe d’être l’ambassadeur de marques telles que Dior ou Prada, et de jouer les premiers rôles au cinéma, comme sur Amazon Prime. Galo Diallo entend bien trouver son « Just Riadh africain », et même toute une pépinière de talents aux quatre coins du continent. Il s’intéresse particulièrement à la Côte d’Ivoire, au Cameroun et au Sénégal qui, à ses yeux, regorgent d’artistes en herbe.
Le trentenaire multiplie les voyages sur place pour consolider son réseau : « Localement, l’industrie se structure et se développe sur un modèle économique similaire à ce qui se fait de l’autre côté de la Méditerranée ou de l’océan Atlantique. Les jeunes Africains sont aussi des enfants de la mondialisation. Ils ont les codes de notre époque et sont attirés par les réseaux sociaux. J’observe qu’il y a une réelle recherche dans la création de contenus originaux. La croissance et les opportunités sont bel et bien là-bas ! » prédit-il. Mais le business n’est pas son seul moteur puisqu’il souhaite, avant tout, apporter sa pierre à l’édifice africain en offrant une visibilité au riche vivier de ses ancêtres. Récemment invité à la Maison-Blanche, l’ambitieux trentenaire rappelle à tous ses interlocuteurs qu’il faut « Choose Africa » (choisir l’Afrique).

« Choose Africa »
Direction l’Algérie, plus précisément au dernier salon de l’éducation EduTeck tenu dans la capitale, Alger, qui a attiré de nombreuses figures de la diaspora algérienne, l’une des plus entreprenantes en matière de lancement et de financement de projets dans leur terre d’origine.

Légende de la photo ci-dessous : Morad Attik, le fondateur de la startup Evolukid

Parmi elles, Morad Attik, le fondateur de la startup Evolukid, devenue scale-up (une scale-up, à la différence d’une startup, a trouvé son business model : elle possède déjà ses premiers clients et est en phase de croissance, NDLR), a fait le déplacement pour déployer son initiative à succès calquée sur sa tournée nationale en France, le Numérique Tour fédéré par MAIF. Son objectif était de toucher un demi-million de personnes pour les familiariser avec les dernières innovations technologiques et l’intelligence artificielle. Mais aussi de sourcer les talents ayant une appétence et un fort potentiel dans ces domaines.

Dans un pays qui ne ménage pas ses investissements en matière d’IA pour devenir le hub africain dans ce secteur stratégique, le Franco-Algérien a reçu l’appui du ministre des startups Yacine Oualid. Un « DZ Digital Tour » est d’ores et déjà sur les rails pour toucher un million d’Algériens aux fins de sensibiliser et d’identifier les génies de demain.

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