Lors de la Conférence internationale sur le financement du développement à Séville, le 30 juin 2025, le président Bassirou Diomaye Faye a lancé un appel solennel : « Les pays africains doivent accéder à d’importantes ressources concessionnelles et mixtes. Les programmes de financement doivent répondre aux besoins spécifiques des pays les plus vulnérables. Il faut éviter le greenwashing et garantir un impact réel sur les objectifs de développement durable. » Ce message, adressé lors du sommet « Le cri du juste : les peuples oubliés au cœur des nations », impose une exigence de transparence et d’efficacité aux acteurs du secteur fossile.
Pendant ce temps, au Sénégal, les majors telles que TotalEnergies, Woodside Energy pour Sangomar, et Kosmos Energy via le projet Yakaar‑Teranga/GTA, sont pas encore inquiétés de pratiquer le Greenwashing. Nous dit-on. TotalEnergies, acteur majeur du champ Grand‑Tortue‑Ahmeyim, affiche une réduction de 40 % de ses émissions Scopes 1 et 2 d’ici 2030, après une baisse de 24 % en 2023. Toutefois, ses propres rapports indiquent que seulement un tiers des 16 à 18 milliards USD annuels de ses investissements mondiaux seront consacrés aux énergies renouvelables. Le reste alimente des projets fossiles dont la production devrait croître de 2 à 3 % par an jusqu’en 2030.
Woodside, pour sa part, a lancé en 2024 la première production de Sangomar avec une capacité de 100 000 barils par jour et un budget d’environ 5 milliards USD. Kosmos Energy, associé à BP et à la compagnie nationale Petrosen, attend la décision finale d’investissement pour Yakaar‑Teranga, une opération d’envergure estimée entre 5 et 6 milliards USD pour générer environ 3 millions de tonnes de gaz par an.
Ces dynamiques s’inscrivent dans un contexte où le Sénégal dépend encore à près de 70 % du pétrole et du gaz pour son électricité, un modèle étayé par un plan gaz‑to‑power évalué à 2,2 milliards USD. Malgré la croissance projetée de 8,35 % en 2024 grâce à ces projets (environ 5 % du PIB) (), le message du président Faye souligne un impératif : éviter le greenwashing, renforcer la transparence des financements et garantir un impact réel en faveur des couches vulnérables.
Ce message a été lancé à Séville dans un cadre global, soulignant que pour parvenir à un développement durable, les ressources financières ou technologiques doivent être accordées selon des critères d’équité. Le partenariat JETP, qui a mobilisé 2,7 milliards USD en 2023 pour porter les renouvelables à 40 % du mix électrique d’ici 2030, illustre l’enjeu de cohérence entre discours et actions.
La pression présidentielle, aidée par l’audit du secteur engagé depuis mars 2024 et les renégociations de contrats en cours avec BP, Kosmos et Woodside pourrait transformer la donne. Pour être considérées comme actrices crédibles de la transition, ces compagnies devront augmenter sensiblement leurs investissements dans les énergies bas carbone, aligner leurs engagements sur les standards internationaux et rendre leurs engagements auditables et mesurables.
Par Zaynab SANGARÈ
Commentaires