Transformation digitale

Sénégal : des réformes urgentes recommandées pour moderniser le secteur de la communication

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Après trois jours de concertations à Dakar, les acteurs du secteur de la communication ont formulé, ce vendredi, une série de recommandations majeures destinées à moderniser un paysage médiatique jugé “vital” pour l’intégrité de l’information et la souveraineté numérique du Sénégal.

Ces échanges, qui ont réuni professionnels, régulateurs, institutions étatiques et organisations de la société civile, ont mis en lumière les nombreux défis structurels qui fragilisent aujourd’hui les médias sénégalais.

Des lois obsolètes et un modèle économique en crise

Au cœur des préoccupations : l’obsolescence des lois encadrant la publicité, notamment celles de 1964 et 1983, toujours en vigueur mais dépourvues de décrets d’application. Cette lacune législative alimente une fuite des ressources vers les géants du numérique et laisse les médias traditionnels dans une position économique précaire.

Le modèle économique des entreprises de presse est jugé “non fiable”. Beaucoup sont en situation de quasi-faillite, peinant à assurer le paiement des salaires. Cette fragilité est aggravée par un modèle fiscal jugé inadapté et par le faible niveau du fonds d’appui aux médias. De plus, les retards de paiement de l’État envers les organes de presse entraînent des vagues de licenciements et des fermetures en série.

Discrimination des radios communautaires et régulation défaillante

Les participants ont également dénoncé la discrimination subie par les radios communautaires, privées de revenus publicitaires, ce qui compromet leur survie financière. Ils appellent à une correction rapide de cette iniquité.

Sur le plan de la régulation, un consensus s’est dégagé autour de la nécessité d’une réforme en profondeur. Le Code de la presse, jugé inadapté, notamment pour la presse en ligne, est perçu comme mal approprié et dépassé. Parallèlement, les mécanismes de régulation des contenus numériques et des nouveaux acteurs (influenceurs, chroniqueurs, plateformes) restent quasi inexistants.

Une réponse à l’urgence numérique

Face à la prolifération de contenus sans encadrement éthique, les participants insistent sur la nécessité d’une législation adaptée au nouvel environnement numérique. Ils préconisent notamment la création d’une autorité administrative indépendante pour encadrer la publicité numérique, ainsi que la mise en place d’un organe autonome de régulation des médias, en synergie avec le CORED (Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias).

Le défi de la régulation des plateformes numériques (GAFAM) a également été souligné, tout comme l’urgence d’un cadre juridique clair pour l’intelligence artificielle, notamment en ce qui concerne le respect des droits d’auteur et la dignité humaine.

Vers un nouveau pacte économique pour les médias

Sur le plan économique, les acteurs du secteur plaident pour une fiscalité spécifique aux médias, distincte des autres secteurs, ainsi qu’une politique de subvention renforcée pour rémunérer la mission de service public que remplissent de nombreux organes de presse.

Ils recommandent par ailleurs de dynamiser les conventions publicitaires avec l’État, de régulariser les dettes publiques envers les médias, et d’ouvrir l’accès à la publicité institutionnelle aux petites et moyennes entreprises (PME).

Parmi les mesures techniques proposées figurent également le renforcement de Télédiffusion du Sénégal (TDS), la réduction des coûts de diffusion pour les télévisions et la commercialisation d’un bouquet audiovisuel sénégalais destiné à la diaspora.

Ces Journées de concertation ont mis en évidence l’urgence de réformes législatives “profondes”, de mécanismes de régulation “modernes” et d’un soutien économique “structurant”. Les participants en appellent à une volonté politique claire pour bâtir un paysage médiatique sénégalais résilient, éthique et capable de relever les défis du numérique tout en préservant les valeurs culturelles du pays.

Par Babou Landing Diallo

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