Une nouvelle étude révèle que la lignée humaine serait bien plus complexe qu’on ne le pensait. Notre génome présente en effet des traces de deux populations ancestrales qui seraient séparées très tôt avant de fusionner à nouveau.
Au sommaire
- Une lignée humaine pas si linéaire
- Divergence puis fusion de deux populations
Le chemin évolutif qui a mené à l’apparition d’Homo sapiens ne s’apparente pas à une simple échelle avec, à la base, les premiers Hominidés et au sommet, nous, les modernes. Il s’agit plutôt d’un arbre buissonnant, comportant de nombreuses ramifications. L’une d’elles appartient au genre Homo. Elle possède d’ailleurs des sous-ramifications qui représentent les différentes espèces qui se sont ramifiées au fil du temps (comme Néandertal ou Denisova) avant de disparaitre, nous laissant aujourd’hui seuls représentants de ce genre d’homininés.
Une lignée humaine pas si linéaire
Malgré ces ramifications nombreuses, il est cependant possible de remonter la lignée ancestrale qui a donné naissance à Homo sapiens, sous la forme d’un chemin continu et unique. C’est ce que l’on appelle la « lignée humaine ». Pourtant, une nouvelle étude vient questionner cette hypothèse en vogue depuis plusieurs décennies d’une lignée humaine unique et continue.

Évolution simplifiée du genre Homo depuis deux millions d’années. La lignée Homo se présente sous la forme d’une branche d’où partent certaines ramifications. © Roksandic et al., 2021
Des résultats, publiés dans la revue Nature Genetics, suggèrent en effet une histoire bien plus complexe. Sur la base de données génétiques, une équipe de chercheurs montre en effet qu’Homo sapiens serait le résultat d’une séparation entre deux lignées il y a plus d’un million d’années, puis d’une fusion entre ces deux branches ayant évolué de façon indépendante.
Les chercheurs ont ainsi analysé l’ADN de différentes populations actuelles (Afrique, Asie, Europe et Amériques) et y ont identifié les traces de deux populations ancestrales. Les résultats ont permis de voir qu’immédiatement après la séparation de ces deux groupes, l’un des deux a subi ce que l’on appelle un goulot d’étranglement, c’est-à-dire une réduction sévère du nombre d’individus et donc de la diversité génétique.
Cette population s’est ensuite étoffée progressivement pendant un million d’années. C’est elle qui contribue actuellement à 80 % de notre matériel génétique. Elle semble également être la population ancestrale à partir de laquelle Néandertal et Denisova ont divergé. La seconde population, bien moins représentée dans notre génome, aurait toutefois laissé un héritage important. Nous leur devons apparemment certains gènes associés à des fonctions cervicales et neurales.

Schéma présentant les deux populations A et B qui ont divergé il y a plus d’un million d’années avant de fusionner à nouveau. © Cousins et al., 2025, Nature Genetics
La question est maintenant de savoir qui étaient ces deux populations qui ont divergé avant de fusionner à nouveau. Sur les bases de données archéologiques, les chercheurs avancent qu’il pourrait s’agir d’Homo erectus et Homo heidelbergensis. Ces deux espèces vivaient en effet en Afrique au même moment. De nouvelles études seront cependant nécessaires pour éclaircir ce point.
Par FUTURA
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