Au centre du Canada, les rives de la Saskatchewan dissimulaient la présence d’un village primitif particulièrement ancien. Les archéologues estiment qu’il serait l’un des plus vieux retrouvés à ce jour, fournissant de nouveaux éléments concernant les migrations sur le continent américain durant le Paléolithique.
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- L’un des plus vieux villages américains découverts à ce jour
- Des populations arrivées par le détroit de Béring ?
L’arrivée des premiers humains sur le continent américain date de plusieurs dizaines de millénaires et forme aujourd’hui un véritable jeu de piste pour les anthropologues. De nombreuses questions animent les cercles universitaires sur les parcours migratoires en Amérique au cours de la Préhistoire, des sociétés nomades ou des peuplades s’étant sédentarisées. Au cœur de la Saskatchewan, au Canada, la découverte d’un village particulièrement ancien apporte de nouveaux éléments à la recherche. Un communiqué, daté du 4 février et publié sur le site de l’université de la Saskatchewan, offre de nombreuses précisions concernant les récentes fouilles.
L’un des plus vieux villages américains découverts à ce jour
À environ cinq kilomètres de la petite localité de Prince Albert, c’est sur les rives de la rivière Saskatchewan que les archéologues décelaient les traces de structures préhistoriques, en raison de l’érosion. Des structures lithiques enfouies depuis près de 11 000 ans poussaient les scientifiques à initier une campagne de fouilles sur place, en collaboration avec l’université de Calgary et les autorités locales. Rapidement, les volontaires recouvrent des artefacts de pierre, notamment des outils ou des matériaux visant à en fabriquer.
Des couches calcinées dissimulées dans les strates inférieures laissent supposer que les populations sédentarisées sur les rives de la Saskatchewan maîtrisaient le feu, ainsi qu’une forme d’artisanat. C’est un changement de paradigme important. Les spécialistes estimaient qu’une large majorité, voire la totalité, des peuplades nord-américaines était nomade, au cours du IXe millénaire avant J.-C. Le docteur Glenn Stuart explique que ce sont « des preuves d’une sédentarisation sur le long terme […] ce qui suggère une présence très enracinée ».
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Sur le site de Sturgeon Lake, dans la Saskatchewan, les fouilles ont permis d’excaver des altérités géologiques ainsi que des objets utilisés durant la Préhistoire. © Sturgeon Lake First Nation
Les indices actuels pointent que les populations seraient arrivées en Amérique vers 11 000 avant J.-C. Le peuplement du nord du continent permet d’ériger plusieurs hypothèses. L’une des plus populaires est celle de la traversée du détroit de Béring. Si la Russie et l’Alaska sont désormais séparés par une bande de mer, un « pont » temporaire aurait connecté les deux continents durant plusieurs millénaires de la Préhistoire. Vers 33 000 avant J.-C., la survenue du dernier âge glaciaire aurait provisoirement gelé les eaux, rendant la traversée possible. Le pont de glace a cependant fondu. Les nomades auraient pu construire des embarcations rudimentaires pour rallier le futur Nouveau Monde.

Grâce à des études géologiques extensives, les scientifiques ont reconstitué le « pont » reliant la Russie aux États-Unis durant la Préhistoire, couramment appelé Béringie. © Yukon Beringia Interpretive Centre
Certains groupes ont continué à progresser vers le sud de l’Amérique, bâtissant des sociétés au Brésil, en Bolivie ou encore au Pérou alors que s’achevait le Néolithique, vers le Ve millénaire avant J.-C. Les découvertes à Saskatchewan ne constituent pas, per se, un basculement soudain de l’interprétation des flux migratoires. Mais elles ouvrent une nouvelle porte pour comprendre la création de sociétés préhistoriques méconnues outre-Atlantique.
Par FUTURA
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