Derrière les découvertes révolutionnaires se cachent parfois des femmes dont la contribution a été occultée. Éclipsées volontairement ou non par leurs collègues masculins, elles méritent d’être reconnues pour leur rôle essentiel dans l’avancée de la science.
Au sommaire
- Rosalind Franklin (1920-1958) – Biologie moléculaire
- Lise Meitner (1878-1968) – Physique nucléaire
- Jocelyn Bell Burnell (née en 1943) – Astrophysique
- Esther Lederberg (1922-2006) – Génétique
- Nettie Stevens (1861-1912) – Génétique
- Chien-Shiung Wu (1912-1997) – Physique expérimentale
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La grande Marie Curie n’y a échappé que grâce à son mari. Lorsque Pierre Curie et Henri Becquerel ont reçu la proposition du prix Nobel de physique en 1903 pour leurs travaux communs sur la radioactivité, il a insisté pour que Marie soit également récompensée. Sans lui, son rôle aurait peut-être été oublié, comme cela a été le cas pour tant d’autres scientifiques.
À l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science, revenons sur l’histoire de ces femmes dont les contributions à d’importantes découvertes auraient pu être effacées.
Rosalind Franklin (1920-1958) – Biologie moléculaire
Pionnière dans l’étude de la structure de l’ADN, Rosalind Franklin a produit l’image de diffraction aux rayons X qui a permis d’identifier la fameuse double hélice de l’ADN. Ses travaux ont été largement utilisés par James Watson et Francis Crick sans son autorisation. Ils ne la mentionnent pas lorsqu’ils publient leur modèle de la structure de l’ADN en 1953.
En 1962, ils ont reçu le prix Nobel de médecine avec Maurice Wilkins, mais Rosalind Franklin, décédée quatre ans plus tôt, n’a jamais été reconnue à sa juste valeur. Et pourtant, à cette époque le règlement n’interdisait pas que le prix soit remis à titre posthume, contrairement à aujourd’hui. Seul, Wilkins a remercié Rosalind Franklin.
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Rosalind Franklin. © MRC Laboratory of Molecular Biology, WikimediaCommons
Le saviez-vous ?
Même si le prix Nobel ne représente pas tout dans la vie d’un scientifique, il contribue grandement à la réputation d’une personne au-delà de la communauté scientifique et lui confère une crédibilité accrue.
Lise Meitner (1878-1968) – Physique nucléaire
Physicienne d’origine autrichienne, Lise Meitner a joué un rôle clé dans la découverte de la fission nucléaire en collaboration avec les chimistes Otto Hahn et Fritz Strassmann. Malgré ses contributions essentielles, Hahn a reçu seul le prix Nobel de chimie en 1944. Et même si la contribution de Lise Meitner sera très appréciée et valorisée par la communauté scientifique internationale, Meitner reste l’un des plus célèbres oublis du comité Nobel.
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Lise Meitner. © Harris & Ewing, WikimediaCommons
Jocelyn Bell Burnell (née en 1943) – Astrophysique
Astrophysicienne britannique, Jocelyn Bell Burnell a découvert les pulsars en 1967, des étoiles à neutrons extrêmement denses, alors qu’elle était encore doctorante. Mais c’est son directeur de thèse, Antony Hewish, qui a reçu le prix Nobel de physique en 1974, sans qu’elle ne soit récompensée.
Elle ne se décourage pas et ne tient pas compte de la controverse autour de ce prix. Ce n’est finalement que plus de 50 ans plus tard, en 2018, que Bell reçoit le prestigieux prix « Breakthrough Science Prize en physique fondamentale » pour ses travaux.
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Jocelyn Bell Burnell. © Sintegrity, WikimediaCommons
Esther Lederberg (1922-2006) – Génétique
Microbiologiste, Esther Lederberg a beaucoup contribué à l’avancée de la biologie moléculaire et la génétique. Elle a notamment découvert le phage lambda, un virus permettant l’étude des bactéries, et mis au point la technique de réplique de plaque, essentielle en microbiologie. Son mari, Joshua Lederberg, a reçu seul le prix Nobel en 1958, occultant totalement son apport, considéré comme « tout aussi remarquable » par l’université de Stanford.
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Esther Lederberg. © Esther M. Zimmer Lederberg, Wikimedia Commons
Nettie Stevens (1861-1912) – Génétique
Généticienne, Nettie Stevens a identifié le chromosome Y en 1905, puis quelques années plus tard, le chromosome X. Elle a également découvert le rôle de ces derniers dans la détermination sexuelle. Pourtant, son contemporain Edmund Wilson a longtemps été considéré comme le véritable découvreur, bien qu’elle ait publié ses résultats en premier. C’est son mentor, Thomas Hunt Morgan qui obtiendra un prix Nobel de médecine en 1933, lui qui au début remettait en question la découverte de Stevens.
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Nettie Stevens. © Bryn Mawr College Special Collections, Wikimedia Commons
Chien-Shiung WU (1912-1997) – Physique expérimentale
Physicienne, Chien-Shiung Wu a démontré expérimentalement la violation de la parité en physique nucléaire en collaboration avec les théoriciens Tsung-Dao Lee et Chen Ning Yang. Une découverte révolutionnaire qui a valu à ses collègues masculins le prix Nobel de physique en 1957. Le rôle de Wu aura été totalement éclipsé. Tsung-Dao Lee et Chen Ning Yang ont pourtant à l’époque essayé de rappeler l’importance de Wu dans ces travaux.
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Chien-Shiung Wu. © Smithsonian Institution, Wikimedia Commons
Heureusement, si l’on parle aujourd’hui de ces femmes, c’est que l’Histoire ne les a pas complètement éclipsées. Elles ont souvent pu briller par la suite et gagner le respect des communautés scientifiques, mais qui sait combien d’autres ont été injustement ignorées au-delà de la communauté scientifique, privées de la reconnaissance qu’elles méritaient pour leurs contributions inestimables à la science ?
Par FUTURA
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