Dans un contexte où l’exploration spatiale s’accélère et où l’innovation en microgravité prend de l’ampleur, Space Cargo Unlimited se positionne comme un pionnier dans le développement d’usines spatiales autonomes. Lors de l’interview qu’il nous a accordée, Nicolas Gaume, cofondateur et CEO de Space Cargo Unlimited, nous explique les prochaines étapes de son projet d’usine en orbite et les avancées possibles de la production en orbite dans le domaine de la médecine, de la biotechnologie et au-delà. Plongez avec nous dans les ambitions d’une start-up européenne qui promet de transformer notre manière de fabriquer et d’expérimenter dans l’espace.
Au sommaire
- Démocratiser la fabrication dans l’espace
- La vision de Space Cargo Unlimited : REV1
- Un avenir prometteur
Parmi les missions spatiales prévues pour 2025, le premier vol commercial de Space Cargo Unlimited suscite un très grand intérêt. Cette start-up européenne s’impose dans le développement d’usines spatiales autonomes, promettant une véritable révolution industrielle en microgravité. Imaginez des infrastructures en orbite capables de produire, de manufacturer une vaste gamme de biens et de mener des expériences dans des domaines variés tels que la biotechnologie, la pharmacie, l’agriculture, la médecine et la physique des matériaux.
L’un des principaux atouts de la production en microgravité réside dans sa capacité à générer des résultats scientifiques et industriels sans précédent. Par exemple, la cristallisation des protéines, la création de nouvelles fibres optiques avancées et la culture de cellules souches révèlent toute leur efficacité dans un environnement sans gravité. Cela ouvre la voie à des avancées significatives dans la production de médicaments, de tissus biologiques, et même d’organes pour des greffes dont les cellules souches se développent plus rapidement et de manière plus efficace lorsque la gravité ne les contraint pas. Concrètement, il sera possible de fabriquer des cornées et de développer de la peau pour des greffes destinées aux grands brûlés.
Démocratiser la fabrication dans l’espace
Ce nouveau modèle économique attire non seulement les grandes entreprises pharmaceutiques, mais également un large éventail de start-up technologiques et d’institutions de recherche universitaire. L’intérêt commercial et scientifique pour de telles installations orbitales autonomes est indéniable : produire ou tester des biens dans ces usines spatiales représente un atout considérable par rapport aux laboratoires traditionnels, occupés par des astronautes, tels que la Station spatiale internationale. En effet, un certain nombre de processus industriels, ou d’essais, ne peuvent être réalisés à bord de stations occupées pour plusieurs raisons. Premièrement, la sécurité des occupants impose des limitations sur le type de production et d’expérimentations réalisables. De plus, les complexités associées aux opérations en milieu habité, ainsi que les contraintes imposées sur la production et les essais, ajoutent une couche de difficulté supplémentaire. Enfin, et souvent sous-estimées, les préoccupations liées à l’espionnage industriel et au transfert non souhaité de technologies sensibles constituent une limitation significative à l’utilisation de stations habitées.
Le saviez-vous ?
Bien que Space Cargo Unlimited soit une start-up, il faut savoir que ses équipes techniques possèdent une solide expérience dans le secteur, ayant contribué à la réalisation de plus de la moitié des équipements de l’Agence spatiale européenne présents à bord de la Station spatiale internationale.
La vision de Space Cargo Unlimited : REV1
C’est dans ce contexte que Space Cargo Unlimited développe une usine spatiale, connue sous le nom de REV1. Ce véhicule spatial pressurisé, entièrement autonome et sans astronaute à son bord, est conçu par l’entreprise, qui en a confié la fabrication à Thales Alenia Space. Il s’appuiera sur l’expertise de l’industriel acquise par le programme IXV (Intermediate eXperimental Vehicle) ainsi que sur le développement de l’avion spatial Space Rider, actuellement en cours pour l’Agence spatiale européenne. La mise en service de REV1 est prévue vers la fin de cette décennie.
Au cœur de REV1 se trouve la BentoBox, une infrastructure unique permettant aux différentes unités de production embarquées de fonctionner efficacement.
En attendant les vols de REV1, Space Cargo Unlimited prévoit de débuter, dès cette année, l’exploitation d’une première BentoBox plus petite (100 kilos vs 1 tonne). Elle pourra « revenir sur Terre grâce à un décélérateur atmosphérique gonflable, développé par une entreprise allemande, Atmos Space Cargo », nous explique Nicolas Gaume, cofondateur et CEO de Space Cargo Unlimited.
Conçue pour fournir l’énergie et le contrôle atmosphérique requis par les unités de production de ses clients, suivre en temps réel leur bon fonctionnement ou encore minimiser les vibrations lors du lancement et de l’atterrissage, la BentoBox est un élément clé de la stratégie de Space Cargo Unlimited. En avril 2025, Atmos « prévoit un vol de démonstration conduit par SpaceX, durant lequel la technologie de ré-entrée sur Terre sera testée après un court séjour dans l’espace, avec un atterrissage au large de la Réunion ». Si cette phase de test s’avère concluante, Space Cargo Unlimited confirmera son passage à la phase commerciale avec un premier vol, toujours avec un Falcon 9 de SpaceX, en décembre de cette année. « Avec notre plateforme BentoBox nous pourrons permettre de voler à une grande variété d’unités de production de nos clients, pressurisées et non pressurisées, qui fonctionneront avec toutes les servitudes nécessaires, comme l’énergie, la réfrigération, le contrôle thermique et la gestion des données en temps réel », précise Nicolas Gaume.
Space Cargo Unlimited prévoit une « série de sept missions de ré-entrée en orbite terrestre basse entre 2025 et 2027 ». Pour sa première mission opérationnelle, « 80 % de la capacité de la Bentobox est déjà remplie, et celle-ci devrait être complète au début de l’année », s’enthousiasme Nicolas Gaume et pour les vols suivants : « l’entreprise a déjà sécurisé 40 % de la capacité pour le deuxième vol et 20 % pour le troisième, ces deux dernières missions étant également prévues pour 2026, à bord d’un Falcon 9 de SpaceX ».
Pour ce premier vol, seules des entreprises européennes seront impliquées, dont l’une se concentre sur le développement d’organes dans l’espace. Un autre client souhaite produire de la fibre optique au fluorure, dont la fabrication est complexe sur Terre, tandis qu’un industriel prévoit de tester des capteurs laser, dont le comportement diffère en l’absence de gravité. Le potentiel de création de nouvelles molécules et de nouveaux alliages plus résistants est mis en avant par Space Cargo Unlimited.
Si la BentoBox permet d’amorcer un modèle commercial pour l’usine spatiale, Space Cargo « attend surtout la mise en service du véhicule spatial REV1 pour accélérer son développement », reconnaît Nicolas Gaume. En effet, la « capacité d’emport et la puissance électrique du REV1 dépasseront largement celles de la Bentobox, qui fonctionne sur batterie », explique-t-il. Alors que la Bentobox est conçue pour « des missions de deux semaines en orbite, le REV1 pourra effectuer des missions d’une durée de deux mois autour de la Terre ». Ce nouveau véhicule aura la capacité d’emporter une « vingtaine d’unités de production, contre seulement cinq pour la Bentobox, et sa capacité d’emport atteindra une tonne, par rapport à seulement 100 kilos pour la Bentobox ».
Par FUTURA
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