Le 12 septembre 2024, le Fonds monétaire international (Fmi) a conclu une mission au Sénégal menée par Edward Gemayel. Cette visite de 7 jours (du 5 au 12 septembre), s’inscrivant dans le cadre du programme économique des autorités sénégalaises, visait à évaluer la situation macroéconomique du pays à mi-parcours de l’année 2024 et à discuter des réformes nécessaires pour garantir la viabilité budgétaire.
Par Zaynab SANGARÈ, Sénégal
Une croissance en berne
Les premiers constats du Fmi révèlent un ralentissement économique notable. Au premier semestre 2024, le Sénégal a enregistré une croissance du Pib réel de 2,3% au premier trimestre, bien en dessous des prévisions initiales. Ce ralentissement est principalement attribué à la faiblesse des secteurs minier, de la construction et de l’agro-industrie. En conséquence, les perspectives de croissance pour l’ensemble de l’année ont été revues à la baisse, avec un taux de 6% contre 7,1% précédemment prévu. Cette baisse s’accompagne d’une inflation en modération, qui a atteint 2,2% en glissement annuel au premier semestre, grâce à la chute des prix internationaux des matières premières. Toutefois, la reprise de certains secteurs reste lente, et les projections pour le second semestre de 2024 demeurent incertaines.
Les recettes budgétaires sont en baisse, entraînant un déficit budgétaire qui devrait dépasser les 7,5% du Pib, bien au-delà de l’objectif initial de 3,9%. Le Sénégal a dû recourir à des emprunts externes coûteux à court terme, exacerbant les tensions sur la dette publique. Celle-ci est d’ailleurs en passe de dépasser les critères de convergence de l’Uemoa, fixés à 70% du Pib. Les subventions énergétiques, ainsi que les paiements d’intérêts, constituent une pression majeure sur les finances publiques. À cela, s’ajoute un endettement accru envers le secteur privé, notamment dans la construction et l’énergie. Le Fmi insiste sur l’urgence de rationaliser les exonérations fiscales et de supprimer progressivement les subventions énergétiques non ciblées, jugées trop coûteuses et inefficaces.
Réformes nécessaires pour rétablir l’équilibre
Pour atteindre les objectifs budgétaires fixés par l’Uemoa, le Sénégal devra adopter des réformes structurelles profondes. Cela inclut la révision de la tarification des produits pétroliers et la réorganisation de SENELEC, (la société nationale d’électricité), pour assurer sa viabilité financière. Un tarif social devrait également être instauré pour protéger les ménages vulnérables des hausses de prix. Par ailleurs, le Sénégal doit s’attaquer aux arriérés dus aux entreprises privées afin de redonner confiance aux investisseurs et soutenir la relance économique.
Le Fmi recommande également la finalisation d’un audit général des finances publiques, dont les conclusions permettront de mettre en œuvre des actions pour réduire le déficit.
Engagement des autorités
Le gouvernement sénégalais, représenté par le Premier Ministre Ousmane Sonko et plusieurs autres responsables, a réaffirmé son engagement en faveur des réformes soutenues par le Fmi. Les autorités sénégalaises ont renouvelé leur volonté de mettre en place des mesures pour améliorer la transparence et la bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques. Les discussions pour la prochaine revue combinée du programme sont prévues pour fin octobre 2024, et elles seront cruciales pour évaluer l’impact des réformes entreprises et déterminer les ajustements nécessaires pour stabiliser l’économie sénégalaise à long terme.
La mission du Fmi met en lumière les défis économiques auxquels le Sénégal est confronté en 2024. Face à une croissance affaiblie et un endettement en hausse, des réformes structurelles ambitieuses sont indispensables pour remettre le pays sur la voie d’une croissance durable et équilibrée. Les efforts de rationalisation des subventions et de restructuration des finances publiques seront cruciaux pour garantir la stabilité macroéconomique du pays dans les années à venir.
Zaynab SANGARÈ
(Afrik Management/ Septembre 2024)
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