Mardi 20 août, il est 7 heures 32 minutes ! Nous empruntons un bus de la Société de transport d’Abidjan (Sotra), la ligne 719, reliant Yopougon Angré (Abidjan). Le voyage se déroule sans encombre jusqu’à ce qu’un incident vienne perturber la journée des nombreux passagers. Que s’est-il passé ?
Par Narcice Kouadio, Abidjan
À un arrêt situé entre l’agence d’établissement de passeports biométriques et le supermarché Sococé des Deux Plateaux, un passager descend du bus. Cependant, avant le redémarrage du véhicule, il remonte à bord. Le machiniste, l’ayant aperçu, s’exclame : « Le monsieur en blanc qui vient de monter là, descendez ! »
Le passager reste silencieux. Le machiniste l’interpelle de nouveau : « Viens devant, tu vas payer ton ticket, ou bien tu descends ». L’infortuné passager en tee-shirt blanc refuse de s’exécuter, expliquant qu’il était déjà dans le bus. Propos confirmés par un autre passager qui atteste même que celui-ci détient bel et bien un ticket. Mais le machiniste, obstiné, insiste pour qu’il descende. Les échanges ont duré trois (03) minutes. Après quoi, le machiniste décide de poursuivre sa ligne, non sans nourrir le malsain dessein de prendre sa revanche sur les passagers.
Plusieurs passagers demandent à descendre au prochain arrêt, mais le machiniste en colère, ignore l’arrêt demandé sous prétexte que l’homme en blanc n’a pas payé son ticket et refuse de descendre. S’en suivent alors, des échauffourées entre le machiniste et certains passagers.
Malgré cela, le conducteur continue de sauter les arrêts en accélérant de plus en plus la vitesse du véhicule. Arrivés au carrefour de l’Ambassade de Chine, le conducteur est obligé de marquer un arrêt pour observer le feu qui était passé au rouge. Alors des passagers saisissent l’occasion pour interpeller les policiers en charge de la circulation. Le bus est immobilisé, et certains passagers souhaitent descendre, mais le machiniste refuse d’ouvrir les portières. Finalement, la porte arrière est forcée par des passagers, permettant à plusieurs d’entre nous de descendre et de poursuivre notre route à pied.
Notre commentaire
L’indiscipline des chauffeurs sur nos routes est une cause majeure des nombreux accidents de circulation. Pour rétablir l’ordre et réduire les accidents, le gouvernement ivoirien a pris des mesures strictes, notamment l’interdiction de l’usage du téléphone au volant et la réduction des vitesses. Ces mesures sont inscrites dans le décret n° 2017-864 du 6 décembre 2017, qui fixe les règles de conduite pour tous les conducteurs.
Cependant, si la Sotra qui détient depuis des années, le monopole du transport urbain à Abidjan, emploie des machinistes qui imposent leur propre loi aux usagers, comment espérer que les apprentis gbaka (minicars) accordent du respect à leurs clients ?
En 2023, la Côte d’Ivoire a enregistré près de 12 000 accidents de la route, causant plus de 1 500 morts et environ 10 000 blessés. Selon les prévisions pour 2024, ces chiffres devraient augmenter si les comportements dangereux sur les routes ne sont pas corrigés.
Il est crucial que les chauffeurs, en particulier ceux des transports publics, respectent les règles de sécurité pour éviter d’ajouter aux tragédies qui surviennent déjà trop souvent sur nos routes.
Narcice Kouadio
(Afrik Management/ Août 2024)
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