Les effets mondiaux pervers du réchauffement climatique ainsi que la guerre russo-ukrainienne viennent rappeler avec acuité la nécessité pour la Côte d’Ivoire d’assurer son indépendance alimentaire.
Par Firmin N’Dri Bonfils, Abidjan
Le riz est la protéine végétale la plus consommée en Côte d’Ivoire. Et c’est un truisme de le dire. La capacité réelle de consommation des Ivoiriens est estimée à 2 419 000 tonnes/an pour une production nationale d’à peine 1,1 million de tonnes. Le gap à combler pour satisfaire la demande nationale coûte chaque année un peu plus de 439 milliards FCFA d’exportation de cette denrée. Les crises environnementales internationales majeures, notamment le réchauffement climatique couplées à la guerre russo-ukrainienne, viennent rappeler la nécessité d’une production nationale à même de combler les besoins des 27 millions de populations. Certes, l’État ivoirien a mis sur pied une batterie de mesures qui, si elles sont bien exploitées, peuvent permettre d’atteindre cet objectif tant caressé.
De vastes aménagements pour produire suffisamment
Selon Christian Kouamé Bi, ingénieur agro-économiste, Directeur de l’appui à la production du riz à l’Agence de développement du riz (Aderiz), entre 800 000 et 900 000 ha de superficies sont mises en valeur pour les trois différentes écologies que sont le riz en culture irriguée (5 à 10% des superficies totales mises en valeur); la riziculture pluviale et la riziculture de plateau. Pour l’agriculture irriguée, la Côte d’Ivoire dispose d’à peu près 55 000 ha de périmètres aménagés dont 25 000 (environ 50%) sont en exploitation. Tandis que pour la riziculture pluviale de bas-fond, le pays dispose de quelque 350 000 ha, quand le riz pluvial de plateau peut se cultiver sur 400 000 ha. Tous ces espaces aménagés sur l’ensemble du territoire sont mis gracieusement à la disposition du secteur privé dont l’engagement va permettre d’inverser la tendance.
Des unités de transformation opérationnelles
Pour permettre aux producteurs du secteur de transformer leurs récoltes sans grand souci, l’État ivoirien a installé sur l’ensemble du territoire national, des unités de transformation du paddy. Ainsi, 420 unités de 10 000t/h qui produisent du riz de qualité et de proximité sont installées sur l’ensemble du pays.
« Nous avons un projet de 30 usines de 25.000 tonnes/h à implanter dans chaque région de la Côte d’Ivoire. À ce jour, nous avons 19 usines de cette capacité qui sont déjà achevées et opérationnelles. Celles-ci viennent en complément des usines de 10t/h existantes. Ces dernières sont capables de transformer jusqu’à 4.200.000 de tonnes de paddy. Nous avons aussi 19 unités de 5t/h qui peuvent transformer jusqu’à 475.000 tonnes de paddy. En plus de cela, nous avons une usine à Bongouanou, qu’on appelle dans notre jargon « un terminal » qui a une capacité de 60.000 tonnes/h », explique Traoré Aboubakary, le Directeur de l’appui à la valorisation de la filière riz.
De l’engagement du secteur privé
Le Ministre d’État, Ministre de l’Agriculture et du développement rural, Kobenan Kouassi Adjoumani, lors du lancement de la campagne rizicole le 20 février 2023, à l’auditorium de la Caistab indiqué que le gouvernement malgache met à la disposition du secteur privé, des aménagements ; et leurs investissements dans la production permettent d’obtenir 4 millions de tonnes de paddy qui, transformés, donnent 2 millions de tonnes de riz blanc. Idem pour l’Égypte qui n’a que 3% de terres arables et dont la pluviométrie est largement en-deçà de la Côte d’Ivoire, mais qui a atteint la souveraineté alimentaire grâce à sa maîtrise de la technologie de l’eau. Ces exemples doivent inspirer les investisseurs privés ivoiriens.
Firmin N’Dri Bonfils
(Afrik Management/Février 2024)
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