A l’occasion du G20 des 9 et 10 septembre à New Delhi, l’Inde annonce l’ouverture de TechEquity, un site gratuit pour former les femmes à la tech et à l’intelligence artificielle. Une initiative inclusive lancée par le groupe de travail public/privé G20 Empower, qui tranche avec la discorde politique planant sur ce sommet.
Le président chinois Xi Jinping n’assistera pas au G20 de New Delhi, qui s’ouvre le 9 septembre sous la présidence de l’Inde. Un énorme couac politique pour ce sommet des principales économies mondiales, qui devait consacrer l’influence planétaire du sous-continent indien et de son Premier ministre, le nationaliste hindou Narendra Modi. Les femmes pourraient l’aider à améliorer son bilan, grâce au lancement de TechEquity, une plateforme mondiale de formation à la tech et à l’intelligence artificielle. Accessible en 120 langues, elle a pour vocation de combler la fracture numérique mondiale entre les sexes et de permettre une plus grande inclusion dans ce secteur économique, le plus porteur en termes de croissance et de création d’emplois. Qui plus est, un secteur dont l’Inde s’est fait une spécialité.
« Toucher 2 à 3 milliards de femmes sur la planète »
« Cette plateforme touchera 2 à 3 milliards de femmes sur la planète d’ici l’an prochain », a assuré Sangita Reddy, présidente du G20 Empower, un groupe de travail qui, avant chaque G20, réunit des représentants des Etats et des groupes privés, comme Intel ou la Fondation Bill & Melinda Gates, ainsi que des institutions internationales telles qu’ONU Femmes. Directrice adjointe du groupe hospitalier Apollo Hospitals Enterprises, Sangita Reddy a présidé début août une réunion consacrée à cette initiative, dont l’Etat indien a promis de financer le fonctionnement pendant les trois prochaines années, tandis que la Fédération des Chambres de commerce et d’industrie du pays assurera la maintenance technique de la plateforme.
L’idée, certes, ne doit pas tout à la politique du Premier ministre Modi. Le sujet avait été mis sur la table par la France dès 2019 dans le cadre du G7 de Biarritz et le projet a fait son chemin jusqu’au G20 de New Delhi. « Modi est convaincu que les femmes sont le moteur de la croissance indienne », souligne Chiara Corazza, représentante de la France pour le secteur privé au G20, qui participe à ces travaux depuis le début. C’est cette conviction, assure-t-elle, qui a permis d’aboutir à une telle avancée concrète, fait rarissime lors de ce genre de sommet.
« Cette plateforme gratuite est accessible à toutes »
L’ancienne directrice du Women’s Forum for the Economy and the Society connaît bien ce sujet de la fracture numérique entre les femmes et les hommes. Elle avait, en février 2020, remis au ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, et à la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité femmes/hommes, Marlène Schiappa, un rapport qui formulait une série de propositions pour surmonter les inégalités de genre dans les STEM (Sciences, technologie, ingénierie, mathématiques) : les femmes ne représentent que 24% des employés dans ces disciplines, et 22% des concepteurs d’algorithme. Des inégalités qui ne sont pas l’apanage de la France. Selon l’ONU, les femmes représentent en moyenne 20% des effectifs de ce secteur, et seulement16,5% des inventeurs associés à un brevet.
L’Inde, qui a développé de longue date un important savoir-faire dans les services informatiques, se détache du lot : selon la Banque mondiale, le pays compte 43% de femmes diplômées dans les STEM (32% en France, 27% en Allemagne). Mais celles-ci ne représentent que 29% de la main d’œuvre du secteur. Et elles sont « trop peu nombreuses à devenir leaders », souligne régulièrement la presse indienne.
La plateforme TechEquity est-elle de nature à changer la donne ? Avec ses 90 formations proposées, elle représente en tout état de cause un outil concret pour faciliter le rapprochement de différents publics féminins et de la tech : étudiantes, salariées ou simples curieuses en quête de nouvelles connaissances. « Ce qui compte, c’est que cette plateforme gratuite est accessible à toutes les femmes, y compris les non-voyantes, souligne Chiara Corazza. Il faut maintenant que les femmes, mais aussi les entreprises et d’autres institutions, s’en emparent. » Et la bonne nouvelle est qu’il est possible de s’inscrire d’un clic, dès maintenant !
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