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Afghanistan : 4e puissant séisme en moins de 10 jours, quand cette cascade va-t-elle s’arrêter ?

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Ce dimanche, c’est un quatrième séisme de magnitude 6,3 qui a secoué le nord-ouest de l’Afghanistan, moins de 10 jours seulement après les deux premiers séismes qui ont fait près de 3 000 morts. Des événements en cascade dont il est impossible d’anticiper l’évolution.

Le 7 octobre dernier, deux séismes de magnitude 6,3 secouaient la région du nord-ouest de l’Afghanistan, à proximité de la ville de Herat. Deux puissantes secousses suivies de nombreuses répliques qui ont mis à terre les fragiles bâtiments de briques et de terre et fait près de 3 000 morts, piégés sous les décombres. La plupart des victimes seraient d’ailleurs des femmes et des enfants.

Trois jours plus tard, le 10 octobre à l’aube, un nouveau tremblement de terre de même magnitude secoue à nouveau la région. Des dizaines de nouveaux disparus sont à déplorer.

Dans leur point sur la situation, les deux sismologues Judith Hubbard et Kyle Bradley indiquent alors que si ce type de triplet de séisme est rare, rien n’exclut toutefois qu’une nouvelle secousse d’ampleur similaire se produise dans les jours à venir.

Quatre séismes de magnitude 6,3 en moins de 10 jours

Et c’est bien ce qui s’est passé, ce dimanche 15 octobre 2023. Au matin, un nouveau séisme de magnitude 6,3 a à nouveau frappé la région de Herat. Il s’agit donc du quatrième séisme, sans compter les répliques, survenu en moins de 10 jours dans la même zone. Une situation de quadruplet sismique extrêmement rare qui soulève de nombreuses questions. Pourquoi une telle cascade de séismes ?

La caractérisation de cet événement reste difficile à ce stade, en grande partie à cause de la faible couverture du réseau sismique dans cette région, ce qui entraîne des difficultés pour localiser précisément les épicentres des différents séismes. Toutefois, il semble que l’on observe une migration des épicentres vers l’est.

Une ou des failles qui rompent en cascade

Comme dans le cas du terrible doublet sismique survenu en Turquie, ces séismes en cascade pourraient être liés à un transfert de contraintes tectoniques et à une déstabilisation progressive des segments de faille adjacents. Une faille ne rompt en effet jamais dans sa totalité en une seule fois. Ce que l’on appelle d’ailleurs couramment une « faille » se compose en réalité de multiples segments, de longueur variable, délimités par des zones de relais. Un séisme va ainsi concerner la rupture d’un segment en particulier, mais le mouvement sur celui-ci peut entraîner la rupture, à court terme, du segment voisin, etc.

De même, une faille n’est jamais seule. Elle est toujours accompagnée par plusieurs autres failles, qui s’organisent de manières diverses : parallèlement, en relais, connectées… On parle ainsi généralement de « systèmes de failles » et il n’est donc pas impossible que d’autres failles faisant partie de ce système soient déstabilisées par la survenue d’un séisme. C’est ce qui rend la prévision des tremblements de terre si difficile.

En Afghanistan, si le schéma de l’événement en cascade est désormais clair, le manque de données ne permet pas encore de savoir exactement si plusieurs failles ont rompu ou s’il s’agit de mouvements sur plusieurs segments d’une seule et même faille. Tous les séismes semblent cependant présenter le même mécanisme focal et être associés à un déplacement sur l’axe nord-sud le long d’une surface de chevauchement qui structure cette zone montagneuse de l’Hindou Kouch.

Une migration des épicentres qui fait craindre de nouvelles destructions

À l’heure actuelle, les informations concernant l’impact sur les populations de ce quatrième tremblement de terre restent rares. Il est vraisemblable que la majorité des bâtiments les plus fragiles se soient écroulés lors des deux premiers événements, et que la population, inquiète du risque de répliques, préfère dans tous les cas dormir dehors. Cependant, le déplacement des épicentres vers l’est fait que de nouvelles régions non encore impactées par les précédentes secousses pourraient être à leur tour touchées par les destructions.

Il reste cependant impossible de savoir comment va évoluer la situation du point de vue sismique. La séquence va-t-elle s’arrêter là, ou faut-il redouter la survenue de nouvelles secousses ? Aucun scénario ne peut être écarté.

Deux grands séismes en 30 minutes : les forces tectoniques cachées derrière les tremblements de terre en Afghanistan

Une série de séismes ont frappé l’ouest de l’Afghanistan ce samedi 7 octobre, dans une région montagneuse de l’Hindou Kouch. En seulement 30 minutes, deux séismes de magnitude 6,3 ont secoué la région, entraînant d’importantes destructions dans une dizaine de villages. Plus de 2 000 morts seraient déjà à déplorer.

Samedi 7 octobre à 11 h (heure locale), la Terre a violemment tremblé dans l’ouest de l’Afghanistan. De magnitude 6,3, le séisme a entraîné de sévères destructions dans les environs de la ville de Herat. Le gouvernement taliban annonce d’ores et déjà un lourd bilan, qui pourrait s’aggraver dans les jours qui suivent. Treize villages auraient en effet été détruits, emprisonnant les habitants sous les décombres. Plus de 2 000 morts sont à déplorer à l’heure actuelle, ainsi que plus d’un millier de blessés. Ce séisme s’avère donc être le plus meurtrier des dernières décennies pour ce pays.

Deux séismes de magnitude 6,3 en seulement 30 minutes

L’épicentre du séisme serait relativement peu profond, à seulement une dizaine de kilomètres. En cause : le mouvement d’un système de chevauchement. La particularité de l’événement est que deux tremblements de terre de même magnitude se sont produits à seulement 30 minutes d’intervalle. Plusieurs fortes répliques se sont ensuite succédé dans les heures qui ont suivi, notamment une de magnitude 5,9. Ce matin encore, la Terre a été secouée par une réplique de magnitude 4,9. Tous les épicentres se situent sur des plans de failles orientés suivant la direction est-ouest et plongeant soit vers le nord, soit vers le sud (failles d’Herat et de Siakhubulak). Bien que les failles soient clairement identifiées, la région de Herat n’était cependant historiquement pas connue pour l’occurrence de puissants séismes, contrairement à d’autres zones de l’Hindou Kouch.

La poussée tectonique de l’Inde et de l’Arabie

La région est malheureusement coutumière de ce genre d’événement. Elle se situe en effet au niveau d’une chaîne de montagnes nommée Hindou Kouch. Contrairement à certains orogènes qui se forment au niveau d’une limite de plaques tectoniques convergentes, comme les Alpes et l’Himalaya, l’Hindou Kouch est une chaîne de montagnes intracontinentale qui s’étend en Afghanistan et au Pakistan. Elle résulte du plissement de la croûte sous l’effet des contraintes compressives produites par la poussée vers le nord, à une vitesse de l’ordre de 40 mm/an, des plaques arabique et indienne contre la plaque eurasiatique. Elle est donc associée au système himalayen, auquel elle est d’ailleurs connectée, formant ainsi le très vaste ensemble montagneux Hindou Kouch-Himalaya. Cette compression régionale de la croûte continentale fait que l’Afghanistan, mais également le Pakistan et l’Iran sont ainsi régulièrement touchés par des séismes de magnitude supérieure à 6. En 1997, la région connaissait d’ailleurs un très puissant séisme de magnitude 7,3, ayant causé plus de 1 500 morts.

TOPOGRAPHIE DE L’HINDOU KOUCH ET LOCALISATION DE LA VILLE DE HERAT À L’EXTRÉMITÉ OUEST DE LA CHAÎNE MONTAGNEUSE. © SOMMERKOM, WIKIMEDIA COMMONS, CC BY-SA 3.0

Un soulèvement du sol de 30 cm par endroits

Les séismes du 7 octobre se sont produits à l’extrémité ouest de la chaîne Hindou Kouch, dans une zone sillonnée de nombreuses failles inverses associées à des systèmes de chevauchement. Sous l’effet de la contrainte compressive, de multiples écailles se superposent en effet pour former cette haute chaîne de montagnes. Le mouvement lors du séisme a ainsi entraîné un soulèvement, comme le révèle l’analyse de la déformation du sol par satellite. Par endroits, le sol se serait ainsi soulevé de 30 centimètres ! Pour l’instant, aucune trace de rupture en surface n’a été observée. Il est probable que plusieurs segments d’une seule et même faille aient rompu en séquence, produisant la série de puissants séismes survenue en quelques heures.

Comme pour le séisme survenu au Maroc il y a quelques semaines, l’anticipation de ce séisme en Afghanistan était compliquée en raison de la quantité relativement faible d’archives sismiques sur cette zone en particulier.

 

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