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Classement mondial 2023 des entreprises « female-friendly » : Les 400 entreprises dans le monde qui ont une politique engageante auprès des femmes, les groupes français en bonne position

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Lorsque Clarissa Carpio est rentrée chez elle à San Diego en 2017 après six ans de service actif en tant que lieutenant de la marine américaine, la jeune mariée, alors âgée de 28 ans, savait qu’elle voulait fonder une famille et prendre du répit par rapport à une carrière qui l’obligeait à être de garde 24/7.

Lors d’un salon de l’emploi pour anciens combattants, Clarissa Carpio a discuté avec des start-up qui lui ont présenté une vision idyllique de leur entreprise et avec de grandes institutions financières qui lui ont fait miroiter des salaires mirobolants. Cependant, aucune n’offrait ce dont Clarissa Carpio avait fondamentalement besoin dans un nouveau rôle civil : du temps.

Clarissa Carpio a décroché un poste dans la gestion de programmes au sein de la société de conseil aux entreprises Booz Allen Hamilton, où elle est restée presque aussi longtemps qu’elle a servi dans l’armée. En cours de route, elle a eu deux enfants.

« Alors que la culture des start-up semblait excitante et que la rémunération des grandes entreprises était séduisante, je tenais plus à la flexibilité et à la maîtrise de mon temps », explique Clarissa Carpio.

Même avant l’omniprésence du travail hybride stimulé par la pandémie de covid-19, Booz Allen offrait des modalités de travail flexibles et des congés payés généreux qui ont soutenu le rêve de Clarissa Carpio de fonder une famille, d’autant plus que son mari était encore en service actif dans la marine jusqu’en 2020 et souvent en mer.

« L’entreprise m’a apportée un soutien incroyable dans toutes les transitions de ma vie. Elle sait que le travail ne représente pas toute votre vie », déclare Clarissa Carpio.

Les solides prestations de soutien familial et les horaires de travail flexibles de Booz Allen ont permis à la société de se classer à la huitième place du deuxième classement Forbes annuel des entreprises les plus female-friendly dans le monde.

Forbes s’est associé à la société d’études de marché Statista pour établir le classement en interrogeant de manière anonyme environ 85 000 femmes travaillant dans des institutions multinationales dans 36 pays. Les personnes interrogées ont évalué les performances de leur employeur sur une série de sujets liés au genre, tels que l’égalité des genres dans les possibilités d’avancement et le congé parental. En outre, elles ont été invitées à évaluer d’autres employeurs dans leurs secteurs respectifs qui se sont distingués, positivement ou négativement, en matière d’opportunités offertes aux femmes.

Le classement final prend également en compte la représentation des femmes au niveau de la direction et du conseil d’administration, ainsi que la manière dont les entreprises utilisent leurs plateformes et leurs messages marketing pour promouvoir l’égalité des genres. Le classement de cette année comprend les 400 entreprises qui ont obtenu les meilleurs scores. (Voir la méthodologie complète ci-dessous.)

 

Quelques remarques générales

Bien que les multinationales basées aux États-Unis représentent près de 50 % du classement, seules six d’entre elles, dont Booz Allen Hamilton, se sont hissées dans le top 20. Les résultats révèlent un contraste frappant avec le classement des meilleurs employeurs du monde 2022 récemment publié par Forbes, dans lequel les États-Unis occupent 12 des 20 premières places.

Lorraine Hariton, PDG de Catalyst, une organisation mondiale à but non lucratif qui accélère le progrès des femmes par l’inclusion sur le lieu de travail, n’est pas surprise. Elle cite la faiblesse des politiques fédérales américaines en matière de congés familiaux et de garde d’enfants comme une explication crédible de la représentation relativement faible des États-Unis dans le classement.

« Les États-Unis sont à la traîne par rapport à d’autres pays du monde lorsqu’il s’agit de définir des lois autour du travail », déclare Lorraine Hariton, qui a servi au Département d’État américain sous Barack Obama. « Nous n’avons pas de loi sur la rémunération des parents, et cela affecte de manière disproportionnée les femmes, en particulier les femmes de couleur, en termes d’avancement professionnel, car elles sont généralement les principales pourvoyeuses de soins dans leur foyer. »

Pamela Stone, professeur émérite de sociologie au Hunter College de New York et auteure de Opting Out?: Why Women Really Quit Careers (Refus de participer ? Pourquoi les femmes abandonnent-elles vraiment leur carrière), se fait l’écho de ce sentiment. « D’après mes recherches, même lorsqu’un homme gagne moins qu’une femme dans un ménage, c’est toujours la femme qui prend l’initiative d’élever les enfants ou de s’occuper d’un parent âgé ou malade », explique Pamela Stone. « En fin de compte, il devrait y avoir un partage plus égalitaire du travail non rémunéré, mais pour l’instant, dans notre réalité actuelle, les femmes ont besoin et veulent un meilleur contrôle de leurs horaires pour réussir dans ces deux rôles. Actuellement, la législation américaine ne soutient pas cet aspect comme le font les autres pays. »

Les États-Unis ne garantissent pas de congé de maternité ou familial payé au niveau fédéral. Et alors que les femmes américaines représentent environ la moitié de la main-d’œuvre, les employées à temps plein aux États-Unis ont été payées 83 cents par dollar en 2021 par rapport aux hommes, et pour 100 hommes promus du niveau débutant au niveau cadre, seulement 87 femmes et 82 femmes de couleur sont promues de la même manière.

Avec 55 places dans le classement, les entreprises françaises, dont la société d’assurance MAIF (no3) et bioMérieux(no14), leader dans le domaine du diagnostic, arrivent en deuxième position après les États-Unis. Le Royaume-Uni compte 30 entreprises dans le classement, dont les sociétés de vente au détail John Lewis Partnership (no5) et Sainsbury’s (no27). En décembre dernier, la France a adopté une nouvelle loi, la loi Rixain, qui impose des quotas de représentation féminine aux postes de direction des grandes entreprises. L’inégalité de rémunération est illégale au Royaume-Uni et est couverte par la loi sur l’égalité de 2010.

Le commerce de détail et de gros est le secteur le plus représenté dans le classement, les détaillants américains Clorox et Best Buy se classant respectivement aux deuxièmes et quinzième rangs. Ces deux entreprises sont dirigées par des femmes et offrent des conditions de travail flexibles, des politiques généreuses en matière de congés payés, ainsi que des possibilités complètes de développement de carrière et de mentorat.

 

L’avancement des femmes est plus qu’une simple case à cocher

La première place est occupée par l’outsider Grupo Argos. Le conglomérat colombien, avec un chiffre d’affaires de 3,2 milliards de dollars en 2021 et des investissements dans des secteurs traditionnellement dominés par les hommes, tels que la construction, l’énergie et l’ingénierie, était précédemment classé à la centième place en 2021. L’entreprise est la seule du classement à avoir son siège social en Colombie.

Michelle Bordin Bez, directrice du développement des talents et de l’organisation de l’entreprise, attribue ce classement élevé au fait que le Grupo Argos se concentre intentionnellement sur les mesures favorisant la diversité, l’équité et l’inclusion (DEI) qui sont réalisables plutôt que performatives.

« La diversité et l’inclusion, en particulier lorsqu’il s’agit de faire progresser les femmes dans des secteurs traditionnellement occupés par des hommes, est plus qu’une case à cocher ou qu’une qualité », déclare Michelle Bordin Bez, qui travaille pour l’entreprise depuis plus de six ans. « Nous réfléchissons constamment à des façons de développer une stratégie DEI et nous mesurons intensément nos progrès parce que nous comprenons profondément que cela rend notre entreprise meilleure et plus prospère. »

L’année dernière, l’entreprise s’est engagée à ce que, d’ici 2030, l’encadrement supérieur soit composé d’au moins 35 % de femmes. Aujourd’hui, le conseil d’administration est majoritairement féminin et les femmes occupent 50 % des postes de direction.

L’entreprise propose également des programmes de formation professionnelle pour les employés internes et la communauté au sens large dans les pays où elle est présente, notamment en Colombie, au Panama, au Honduras, dans les Caraïbes et aux États-Unis, afin de créer un vivier de talents diversifiés.

À l’instar d’autres entreprises de premier plan, Grupo Argos propose des politiques de congés payés et des avantages en matière de travail flexible.

« Les études ne cessent de monter que le fait d’offrir de la flexibilité quant au moment et à la manière dont quelqu’un travaille rend les employés non seulement plus heureux, mais aussi plus productifs », déclare Lorraine Hariton. « L’impact est plus important pour les femmes, mais j’aime dire que les lieux de travail qui fonctionnent pour les femmes fonctionnent pour tout le monde. Comme le gouvernement américain tarde à imposer des politiques fédérales en ce sens, les entreprises ont une réelle opportunité pour définir cette norme. »

Angela Reddock-Wright, médiatrice en matière d’emploi et avocate à Los Angeles, convient que l’argent ne suffit pas à retenir les meilleurs talents, en particulier à l’époque de la « grande démission », où les employés quittent volontairement leur emploi en masse.

« Les grands employeurs comprennent que les employés, en particulier les femmes et les femmes de couleur qui ont le plus à gagner, qui s’engagent à assumer des responsabilités au-delà de leur carrière, comme être un bon membre de la famille ou un bon contributeur à la société, n’annulent pas leur engagement envers leur travail », déclare Angela Reddock-Wright, qui pratique le droit depuis 20 ans. « Les entreprises qui pensent à la personne dans son ensemble de cette manière et qui ont des programmes qui le mettent cette vision en action ont toutes les chances non seulement de survivre, mais également de prospérer dans le monde moderne. »

 

Méthodologie

Pour déterminer le classement 2022, Statista a interrogé 85 000 femmes issues de 36 pays travaillant pour des multinationales. Toutes les enquêtes étaient anonymes, permettant ainsi aux participantes de partager ouvertement leurs opinions. Les personnes interrogées ont été invitées à évaluer les performances de leur employeur sur des critères liés au genre, tels que « Les hommes et les femmes ont les mêmes possibilités d’avancement ». Il leur a également été demandé si elles recommandaient leur propre employeur à leurs amis et à leur famille.

En outre, elles ont dû évaluer d’autres employeurs dans leurs secteurs respectifs qui se sont distingués de manière positive ou négative.

Le classement final a également tenu compte de la responsabilité globale de l’entreprise et de la perception du public en matière d’égalité des genres, ainsi que de critères objectifs, notamment la représentation des femmes dans les conseils d’administration et les postes de direction. Les 400 entreprises qui ont obtenu les scores totaux les plus élevés ont été retenues pour le classement final.

Certains objectifs doivent encore être atteints, et des écarts de rémunération et d’égalité globale entre les genres ont été identifiés dans plusieurs entreprises du classement. Les employés, les investisseurs et le public exigent une plus grande transparence sur ce sujet. Forbes continue à en tenir compte.

admin
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