Adama Lam, Président de la Confédération nationale des Employeurs du Sénégal (CNES), en marge de la Table ronde, organisée le jeudi 28 novembre 2024 par la Branche professionnelle du Syndicat des bâtiments et travaux publics (SNBTP) à la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (CCIAD), a estimé que les Btp reviennent aux entreprises nationales.
Par Massaër DIA
« Je ne comprends pas que 65 ans après, on nous amène de l’expertise étrangère pour nous construire des villas, des routes, des ponts dans son intégralité. Si 65 ans après, on nous amène des entreprises étrangères pour nous construire des villas alors nous avons Sicap liberté 1, Liberté 2, Liberté 3, les HLM, les sociétés privées d’investissement. Il y a une aberration effectivement qui se passe dans notre pays. Il faut reconquérir ces marchés pour que les Btp reviennent aux entreprises nationale », a exhorté M. Adama Lam.
Le Président de la CNES a estimé que bien que les ressources humaines sont là, les financements font défaut. Selon lui, on ne peut pas continuer de faire de l’industrie dans le domaine du bâtiment si nous n’avons pas des financements adaptés.
Pour lui, les Btp constituent un secteur d’emplois, malheureusement la question de financement a contraint plusieurs entreprises à ranger la clé sous le paillasson. « Le financement, tel que nous l’avons vu ici, a conduit beaucoup d’entreprises à fermer boutique parce que les marges sont faibles, les taux bancaires sont élevés, les payements ne se font pas à temps, pratiquement toutes les entreprises de Btp mangent leur marge bénéficiaire en remboursant des taux d’intérêt. Cela ne peut pas continuer à faire des champions dans ce domaine-là. Il faut que la commande publique puisse être payée dans des délais raisonnables ou à défaut, soutenir les intérêts qui sont dûs par des retards de payement ».
Pour ce faire, M. Abdel Kader Ndiaye, Président du Syndicat des bâtiments et travaux publics (SNBTP), un « dialogue » pérenne, en sollicitant « vivement la mise en place d’un cadre de concertation formalisé et structuré avec le gouvernement, tant au niveau sectoriel que supérieur ».
Le Président du SNBTP a égrené les préoccupations des entreprises, parmi lesquelles la demande de réforme de la commande publique motivée par les nombreuses failles décelées par des derniers audits; les abus manifestes constatés sur les procédures de passation classées sous le régime de secret défense et qui ont ouvert la voie à une pléthore de marchés gré à gré déguisés, (estimé à près de 5136 milliards de FCFA), « pendant que nos entreprises broient du noir »; le déséquilibre constaté dans le portefeuille de la commande publique (70% de la commande publique en valeur échappent au secteur privé national, presque l’équivalent du budget national de fonctionnement); les nombreux cas de surfacturation enregistrés; les divers marchés fictifs signalés.
Oumar Ndir, Président du SPEBTPS a abondé dans le même sens que M. N’diaye, estimant que le secteur des BTP nécessite la création d’emplois locaux, l’accès à des technologies avancées grâce aux collaborations avec des entités publiques et privées, surtout une amélioration de la qualité et de la durabilité des infrastructures.
Il a recommandé la mise en place des quotas locaux dans les grands projets de PPP, garantissant qu’au moins 30% des sous-traitances soient attribuées à des entreprises nationales; la création d’un fonds de soutien pour les PME et TPE du BTP, leur permettant d’accéder aux financements nécessaires pour répondre aux exigences des appels; le renforcement des cadres juridiques afin de mieux protéger les intérêts des acteurs locaux dans les projets internationaux.
Pour M. Diagne de la direction des infrastructures et des désenclavements, le secteur des bâtiments et des travaux publics est important pour la réalisation de la stratégie nationale de développement Vision Sénégal 2050, récemment lancée par le Président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye.
Il estime que la table ronde permettra de discuter des défis auxquels le secteur est confronté.
« Les propositions de partenariat que vous présenterez au gouvernement, ainsi que vos recommandations sur la commande publique, l’intégration de la préférence nationale et le renforcement des capacités du secteur privé, seront précieuses pour orienter nos politiques et optimiser l’impact de nos investissements. La stratégie nationale de développement Vision Sénégal 2050 a besoin d’un secteur du bâtiment et des travaux publics dynamique, performant, compétitif et respectueux de l’environnement », conclut-il.
Massaër DIA
(Afrik Management/ Novembre 2024)
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