Menace de délocalisation, dessèchement d’une partie du fleuve Gambie, menace de pollution de la Falémé, inondation causée par la surexploitation de la Falémé, des champs perdus par les paysans, tel est le spectacle désolant qu’offre l’exploitation des mines aux populations. Aujourd’hui, force est de reconnaître que la production aurifère, ne profite pas beaucoup aux populations locales. Une visite à Khossonto, les Falémé et Tomboronkoto, renseigne sur la galère de ces populations locales qui voient le métal précieux leur filer sous le nez.
Dossier réalisé par Massaër DIA, Dakar
Les chinois présents le long de la Falémé sont accusés d’être en complicité avec certains habitants de la localité pour surexploiter la Falémé.
Malgré le décret présidentiel qui interdit l’exploitation le long de la Falémé, des entreprises chinoises en complicité avec des autorités locales continuent sans être inquiétés outre mesure, les activités sur la Falémé. « Nous avons tous salué la sortie du décret interdisant l’exploitation le long de la Falémé, mais jusqu’à présent ça continue. Nous avons lancé un appel à toute la jeunesse d’alerter les autorités et s’il le faut nous allons encore mobiliser pour que ces travaux cessent, parce que c’est vraiment grave », a fait savoir Bamba Diango, président des jeunes de Dawourla. Pour qui ces chinois détiennent 2 à 3 permis d’exploitation. Ce qui amplifie les poursuites des travaux avec la complicité de la population majoritairement de certains jeunes qui sont sans emploi.
Dessèchement du fleuve Gambie à Tambanoumouya et réhabilitation des sites déjà exploités
Xavier Sara Camara, président des jeunes Tambanoumouya, estime que la surexploitation du fleuve Gambie est la cause fondamentale du dessèchement d’une de sa partie. Pour lui, cette situation met à mal les activités agricoles dans cette région. « Cette situation impacte le jardin du village. On ne peut plus mener une activité agricole à cause de l’eau usée que l’entreprise déverse sur les abords des champs. Ils exploitent illégalement l’eau du fleuve ».
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Et à Xavier Sara Camara de préciser que « jusqu’à présent, les sites déjà exploités ne sont pas réhabilités. Un jour, nous nous sommes mobilisés pour aller jusqu’à leur site pour protester mais les notables du village sont intervenus. Ils ont occupé les champs appartenant aux agriculteurs. Il y a une dégradation de l’environnement. Ils sont revenus pour exploiter d’autres mines sans réhabiliter les sites déjà exploités. Nous exigeons la réhabilitation des sites déjà exploités. Ils nous avaient promis aussi un reboisement des sites mais jusqu’à présent, rien. Nous avons fait des demandes d’emploi pour les jeunes mais rien ».
Un village de Tomboronkoto menacé de délocalisation
Selon M. Doudou Dione Dramé, agent de développement de Tomboronkoto (à 33 km de Kédougou), l’« on se prépare à la délocalisation du village. On sent qu’ils sont prêts à nous déguerpir et aujourd’hui, nous ne sommes pas prêts à quitter le village. Leur comportement ne nous a pas convaincu. Sur le plan de l’emploi, ça laisse à désirer, sur le plan de transfert de compétence, ça laisse aussi à désirer (…) Ils sont là pour diviser les populations et parfois même, on a des problèmes avec nos frères de Kédougou, avec les frères d’autres régions » à cause de l’or.
Par rapport au déguerpissement, les populations opposent un niet catégorique. « Nous les attendons de pied ferme. On ne peut pas faire des explorations sans faire une étude d’impact environnemental et la population a son mot à dire et en ce moment, nous sommes armés et nous attendons là-bas. Par rapport à la recherche et l’exploration, c’est l’État qui leur donne l’autorisation, et dès l’instant qu’ils ont l’autorisation, la population n’a aucun pouvoir pour les arrêter », dira M. Dramé.
Les jeunes de Khossanto réclament de l’emploi massif
Kharifa Cissokho avance : « On doit revoir l’employabilité des jeunes de Kossanto. Depuis l’installation de cette société, peu de jeunes sont recrutés. Nous voulons un recrutement massif de la jeunesse, parce que le taux de chômage est très élevé dans cette zone. On dirait que nous ne sommes pas dans une zone minière. Ils sont en train d’extraire nos ressources et les amener, mais la population bénéficie peu. Quelques jeunes de Khossonto qui travaillent dans la mine n’ont pas de contrats de travail (…) Ce sont des salaires misérables et nous travaillons dans des conditions très difficiles ».
Les populations de Bambraya réclament la zone aurifère de Kiesta et inquiétude des populations du village de Mamo Khono
Kiesta est un site qui regorge beaucoup d’or et la population locale y pratiquait de l’orpaillage traditionnel. Le site qui constitue la principale ressource de revenu des populations locales, est aujourd’hui entre les mains des sociétés minières. Et les populations se disent prêtes à tout pour récupérer le site pour éviter la mort programmée de leur village.
Lamine Cissokho de Bambraya, affirme : « (…) Nous voulons que Kiesta qui est un site qui regorge de l’or, soit laissé entre les mains de la population. Kiesta, c’est notre grenier et tout ce que nous avons aujourd’hui, c’est grâce à Kiesta. Si Kiesta nous échappe, c’est la mort de notre village, la société ne nous donne que de la misère, je ne peux plus accéder à mes champs. Nous réclamons Kiesta. Si quelqu’un s’aventure à Kiesta, on vous amène à la police ».
Au niveau du village de Mama Khono (dans le département de Saraya), l’exploitation de l’or suscite beaucoup d’inquiétudes chez les populations qui sont privées de terres.
Nfally Tigana habitant de Mama Khono affirme : « On n’a pas vu l’importance de cette société de mine dans notre village malgré qu’il y ait une main d’œuvre qui est là dans tous les domaines électriciens, chauffeurs, des jeunes diplômés. Malgré que ce soit l’un des plus gros villages, mais c’est seulement 42 personnes qui travaillent dans l’entreprise dans une zone où notre activité principale, c’est l’orpaillage ».
Massaër DIA
(Afrik Management/ Septembre 2024)
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