Les femmes sont un véritable atout pour une entreprise. Pourtant, il reste encore un long chemin à parcourir avant que l’écart de salaire entre hommes et femmes ait disparu et que la parité soit (enfin) respectée…
Le rapport du Forum économique mondial (FEM) sur les disparités entre hommes et femmes (Global Gender Gap Report 2015) nous livre une multitude de détails sur le déséquilibre mondial permanent en matière d’égalité des sexes et sur ce qu’il implique à l’avenir.
Dans certains domaines, les nouvelles sont bonnes. La représentation politique, par exemple, a fait de grandes avancées au cours des dix années couvertes par l’étude. Dans l’ensemble, 50% des pays ont ou ont eu une femme chef d’Etat. Et il a été montré qu’une fois que les femmes arrivent à des rôles de leaders, le nombre de femmes occupant des positions dirigeantes commence à augmenter. En Ecosse, Nicola Strugeon, la première femme chef d’Etat dans ce pays, a déjà instauré la parité dans son cabinet. Bien sûr, il peut aussi y avoir du progrès sous le leadership d’un homme : Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, a nommé de façon parfaitement équilibrée 15 hommes et 15 femmes à son cabinet. Et, dans les pays africains, le nombre global de sièges parlementaires occupés par des femmes a augmenté en moyenne de 15% entre 2000 et 2014.
Dans l’éducation, nous observons aussi une nette amélioration : plus de femmes que d’hommes suivent des études supérieures dans 97 des 145 pays pris en compte dans le rapport du FEM, par exemple. A certains endroits, comme au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, la question a été si bien traitée que le rapport d’équilibre entre hommes et femmes a basculé dans l’autre sens.
Le monde de l’entreprise à la traîne
Mais le monde des affaires et l’économie s’avèrent plus résistants au changement : il y a encore relativement peu de femmes à des rôles de leaders et un écart inquiétant dans les rémunérations persiste. En effet, le salaire moyen des femmes dans les pays étudiés dans ce rapport équivaut à présent au salaire annuel moyen des hommes il y a dix ans (date à laquelle ce rapport a été publié pour la première fois). Selon les prévisions du Forum économique mondial, combler l’écart de salaire entre hommes et femmes pourrait prendre 170 ans. Un chiffre purement inacceptable.
Même en tenant compte du nombre accru de femmes qui vont à l’université, les femmes représentent la majorité des professionnels qualifiés dans seulement 68 des 145 pays étudiés. Elles ne constituent la majorité des cadres dirigeants que dans quatre de ces pays.
Comment est-ce possible? Ce n’est certainement pas par manque de preuve du bénéfice économique que représente la parité. De nombreuses études ont montré qu’il était dans l’intérêt du business d’avoir de plus nombreuses femmes à des rôles de leaders sur le lieu de travail. A l’échelle macroéconomique, un rapport de McKinsey Global Institute a estimé que 12 mille milliards de dollars peuvent être ajoutés à la croissance mondiale en faisant progresser l’égalité entre les sexes. Une comparaison pays par pays permet d’observer une corrélation entre la performance économique et la parité entre les sexes.
Même en ce qui concerne l’entreprise elle-même, nous constatons une corrélation entre la performance financière et le leadership féminin. Un rapport de référence du Credit Suisse Research Institute, souvent cité, a conclu que les entreprises avec des femmes dirigeantes étaient plus performantes que celles sans femmes dirigeantes, et ce en termes de croissance moyenne, de ratios cours/valeur comptable et de rentabilité des capitaux propres.
Une priorité chez Sodexo
Chez Sodexo, une étude interne sur le management paritaire a révélé des résultats éloquents. En analysant les indicateurs de performance financiers et qualitatifs en relation avec la répartition hommes-femmes dans chaque service, nous avons observé que les unités les plus paritaires (40 à 60% de femmes) présentaient de meilleurs taux de rétention et de satisfaction des clients. 55% de nos employés travaillent dans un service paritaire. Nos unités à management paritaire étaient 13% plus susceptibles de produire une croissance organique continue et 23% plus susceptibles d’augmenter le bénéfice brut. En 2014, 71% des groupes paritaires ont constaté un résultat d’exploitation positif sur trois ans, contre 60% pour les autres groupes. Nos équipes paritaires réalisent des bénéfices opérationnels et organisationnels, incluant l’engagement des employés, une meilleure image de marque, une satisfaction accrue des clients, une croissance organique et une production de bénéfices et de liquidités.
Sodexo vise la parité dans toutes ses unités opérationnelles et son équipe de direction d’ici 2025. Actuellement, 43% de mes collaborateurs directs et 43% du comité de direction sont des femmes. Nous nous efforçons de respecter nos standards de parité et partageons ces pratiques avec nos clients via des programmes de sensibilisation et de formation à la diversité. Nous encourageons les leaders masculins à devenir des alliés des femmes en démontrant les avantages de leur donner plus de responsabilités. Pour soutenir les femmes, nous mettons en place des initiatives de mentorat et inscrivons des femmes à haut potentiel dans des programmes de développement du leadership. Notre objectif est de créer un environnement inclusif et équitable, bénéfique pour l’ensemble de notre organisation et pour nos partenaires.
L’enjeu ne pourrait pas être plus clair : la parité dans l’entreprise ne peut pas être taxée de simple question de femmes ou d’affaire de diversité au nom de la diversité. Il s’agit d’un enjeu économique et s’en occuper peut bénéficier à l’entreprise et à la performance économique, ayant un impact sur toutes les parties prenantes. Telle est ma conviction personnelle et c’est une priorité pour l’organisation que je dirige.
Par Michel Landel
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