Le jeudi 30 mai 2024, le groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal (GAIPES), en collaboration avec le Forum civil, a organisé un atelier à Dakar sur les enjeux de la publication des listes des détenteurs de licences de pêche sur les côtes sénégalaises.
Par Zaynab Sangarè, Dakar
Lors de cet atelier, les différentes espèces pêchées, les types de licences, ainsi que les processus d’octroi et de renouvellement des licences ont été présentés en détail. Fatou Niang, vice-présidente de GAIPES, a exprimé son indignation face à la gestion non transparente des licences de pêche par les autorités sénégalaises, révélant une crise profonde et persistante. Elle a indiqué que GAIPES avait mené une campagne de sensibilisation, alertant diverses autorités, dont le Président de la République et des partenaires internationaux comme la Banque mondiale. Malgré ces efforts, aucune licence n’avait été officiellement signée par le Ministre délégué, mais les licences ont progressivement été accordées, atteignant une situation critique en 2024, où 43 bateaux de pêche en profondeur opéraient, contre seulement deux en 2019, sans aucune étude démontrant une ressource suffisante pour justifier un tel nombre de navires.
Fatou Niang a également dénoncé l’infiltration de bateaux avec des antécédents de pêche illégale, qui menace gravement l’écosystème et l’économie locale. Elle a rappelé la présence de navires russes opérant sous pavillon sénégalais depuis 2012, qualifiés de « monstres », opérant clandestinement et échappant à toute réglementation. En 2011, des autorisations de pêche frauduleuses avaient été accordées à ces navires peu avant les élections de 2012, mais elles ont disparu après quelques mois. Ces centaines de bateaux introduits entre 2019 et 2024 ont valu une carte jaune de l’Union européenne, et une suspension de cette dernière qui aurait des conséquences désastreuses pour toute la pêche.
Les produits de haute valeur ajoutée, comme le poulpe, le poisson séché et les crevettes, principalement exportés vers les États-Unis et d’autres pays, sont cruciaux pour l’économie sénégalaise. Pour restaurer la transparence et la durabilité du secteur, GAIPES appelle à une mise en lumière complète des activités de tous les bateaux opérant dans les eaux sénégalaises.
La pêche illicite, combinée à l’occupation anarchique de bateaux aux nationalités frauduleuses, constitue un problème préoccupant. GAIPES a dénoncé ces pratiques illégales, citant notamment des navires étrangers impliqués dans des activités frauduleuses. La gestion durable et transparente des ressources halieutiques est essentielle pour protéger l’écosystème marin sénégalais et l’économie locale.
Rappelons que le secteur de la pêche au Sénégal génère un chiffre d’affaires de plus de 278 milliards de francs CFA, avec une valeur ajoutée estimée à 80 milliards, dont 60 % proviennent de la capture et 40 % de la transformation. Représentant 11 % du PIB primaire et 3,2 % du PIB total, ce secteur est essentiel à l’économie sénégalaise.
Zaynab Sangarè
(Afrik Management/ Mai 2024)
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