“Au-delà du service financier, BelCash transforme l’espace bancaire”
BelCash Group, basé en Éthiopie, a développé deux plateformes aux objectifs différents : HelloCash, une agency banking, et OneCash, une banque numérique complète. Revue de détail des différentes solutions proposées par ces super plateformes en compagnie de Vince Mountaga Diop, PDG de BelCash Group.
Forbes Afrique : Au tout début de la création de votre groupe en 2010 en Hollande, son ambition était de concevoir, développer et mettre en œuvre une plateforme bancaire numérique avancée intégrant les paiements, microprêts, transferts de fonds, portefeuilles électroniques et le commerce électronique. Pouvez-dire que cet objectif a été atteint ?
Vince Mountaga Diop : Oui. En 2010, nous avions l’ambition de développer une plateforme numérique permettant non seulement d’accéder aux différents services bancaires que vous avez cités, mais également d’intégrer une couche supplémentaire de commerce électronique, afin que les utilisateurs puissent vendre et acheter des services et des biens. La plateforme est maintenant pleinement opérationnelle et peut être utilisée par n’importe quelle institution financière : banques, microfinances, néo-banques (banques dont les services sont accessibles principalement en ligne, NDLR), etc. Déployée sur site comme dans le cloud, elle peut fonctionner de manière indépendante ou intégrée aux systèmes bancaires centraux, et peut être configurée afin de servir l’économie urbaine des pays émergents, aussi bien les petites entreprises (chauffeurs de taxi, vendeurs à la sauvette, etc.) que les fermiers propriétaires de petites exploitations par exemple.
Un an plus tard, vous décidez de vous installer en Éthiopie. Qu’est-ce qui vous y a poussé et comment y évolue votre banque digitale ?
- M. D. :Cela a été un concours de circonstances. Nous sommes cinq cofondateurs (Abraham Gulilat, Marko Edzes, Alioune Diop, Boudewijn Becking et moi-même) dont trois ont vécu leur jeunesse en Éthiopie.
En 2010, Abraham Gulilat, Éthiopien d’ascendance et moi-même, avons décidé de passer nos vacances à Addis-Abeba. Nous avons alors été confrontés au manque de services fournis par les banques éthiopiennes et en sommes arrivés à la conclusion qu’aucun marché en Afrique ne nous offrirait une telle opportunité de servir les populations, tant le besoin technologique des institutions financières éthiopiennes était immense. Tout est parti de là : nous avons immédiatement décidé que l’Éthiopie, avec ses plus de 100 millions d’habitants, serait le marché sur lequel nous nous concentrerions. Aujourd’hui, notre plateforme est opérée par trois banques et une microfinance de la place. Les quelque 250 000 transactions qu’elle traite quotidiennement représentent 30 à 40 % de toutes les transactions électroniques du secteur bancaire éthiopien. Le nombre de ces transactions double annuellement, et en 2021, c’est l’équivalent de plus de 1 milliard de dollars qui a été traité.
Quelles sont les solutions bancaires OpenAPI aux institutions financières du modèle de BelCash, sous la marque « HelloCash » ?
- M. D. :La plateforme, tenant compte de la complexité du marché éthiopien, a été architecturée sur la base de First Principles Design Thinking.L’idée étant qu’elle devait être ouverte et permettre de s’intégrer à l’infrastructure existante, à la fois verticalement et horizontalement, ce quelle que soit la qualité de l’infrastructure télécom, du type de téléphone de l’usager, et indépendamment de l’existence de switch et de la qualité du réseau bancaire. Cela afin d’offrir un service optimal aux différents types d’usagers (privés, sociétés commerciales, marchands, travailleurs indépendants, etc.). À noter également que notre plateforme ne se limite pas aux services financiers : elle transforme l’espace bancaire en un espace commercial où les usagers ont accès à diverses facilités leur permettant de promouvoir leurs produits et services. Toutes nos solutions ont été conçues en prenant en compte le bien-être de l’utilisateur : pour nous, c’est une finalité.
Que permettent concrètement les solutions que vous fournissez en termes de déploiement d’agency banking, de Mbanking ou de banque numérique complète ?
- M. D. :BelCash Groupa développé deux plateformes ayant des objectifs différents : HelloCash, une Agency Banking, et OneCash, une banque numérique complète.
HelloCash permet à plus de 2 millions d’habitants vivant dans les zones rurales de l’Éthiopie d’avoir accès aux services financiers.
Quant à OneCash, elle a été designée exclusivement pour les populations urbaines et permet de connecter la « street economy ». Par exemple, le fait d’ouvrir un compte bancaire OneCash ouvre des opportunités multiples à ses utilisateurs qui peuvent alors accéder à un marché national et international dans des domaines aussi divers que la logistique, les biens et les services. En outre, notre plateforme, clairement orientée vers l’économie des petites entreprises et les travailleurs indépendants, permet aux institutions financières d’accéder à une grande partie de l’économie laissée pour compte par les plateformes traditionnelles.
Votre offre est pléthorique : quels sont les services que les Éthiopiens prisent le plus ?
- M. D. :Les services les plus appréciés sont HelloCash et MamaPays. Sans oublier HellooMarket, qui reste très prometteur.
HelloCash permet d’ouvrir un compte chez l’un des 25 000 agents et de procéder, via un téléphone mobile, à des transferts ou paiements instantanés en tout temps et à un coût très compétitif.
MamaPays, après avoir connu des débuts difficiles, semble enfin trouver sa vitesse de croisière et répondre parfaitement aux besoins des populations. Grâce à cette solution, ces dernières ont la possibilité de générer un Paylink afin que leurs familles puissent régler leurs factures à partir de l’étranger.
HellooMarket, avec son business model basé sur le concept de buy now, pay later, pourrait bien se positionner comme le prochain Alibaba de l’Éthiopie.
Qu’opposez-vous à ceux qui fustigent une cybersécurité qui peut présenter des failles, des vulnérabilités ?
- M. D. :Nos usagers ont la possibilité d’accéder à nos services via des canaux aussi vérifiés que les applications, le Web, les réseaux sociaux, la voix et l’USSD. Cela permet de réaliser des opérations financières dans des endroits où le réseau laisse à désirer et où les banques sont quasi-absentes. C’est l’une des grandes richesses de la plateforme.
Il reste que la cybersécurité est un exercice difficile qui demande un effort de tous les instants et dont le coût est considérable. Reste que la qualité de notre équipe de cybersécurité est sans conteste l’une de nos grandes fiertés.
Croyez-vous qu’une plateforme comme la vôtre suffit pour booster les économies africaines ? Si oui comment ? Faut-il des préalables en termes d’infrastructures ou de zones franches économiques dédiées… ?
- M. D. :Une plateforme comme la nôtre, basée sur une approche ouverte (OpenX), développée selon l’infrastructure existante tout en s’ajustant de façon intelligente aux opportunités du marché, contribue activement à désenclaver les économies africaines.
En se concentrant sur l’interconnexion des différents segments des économies africaines, elle favorise l’intégration de l’économie informelle à l’économie formelle et assure aux petites entreprises plus de visibilité ainsi que l’accès au microcrédit, accompagnant ainsi la jeunesse africaine dans son développement personnel en encourageant l’auto-entrepreneuriat. Contribuer à bâtir cette Afrique de demain, où des millions de jeunes femmes et hommes pourront devenir leurs propres employeurs en s’adossant à de super plateformes comme HelloCash, est incroyablement gratifiant.
L’optimisation de leur potentiel et l’implémentation d’un marché commun permettront de maximiser encore davantage les ressources du continent et d’en faire la prochaine grande plateforme économique.
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