Economie & Finances

Tchad : un nouvel accord de 640 millions de dollars avec le FMI pour stabiliser une économie vulnérable

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 Le Tchad, pays enclavé du Sahel confronté à de multiples vulnérabilités structurelles, vient de solliciter un nouvel appui financier du Fonds monétaire international dans le cadre d’un programme de Facilité élargie de crédit (FEC). Ce nouvel accord, d’un montant estimé à 455,65 millions de droits de tirage spéciaux, soit environ 640 millions de dollars, vise à soutenir les réformes économiques prioritaires et à répondre à un déficit persistant de la balance des paiements. L’objectif est également d’aligner le soutien financier international sur les ambitions du Plan national de développement 2025–2030, intitulé « Tchad Connexion 2030 ».

Classé au 190e rang sur 193 pays selon l’indice de développement humain des Nations Unies, le Tchad reste confronté à des chocs sécuritaires, climatiques et humanitaires récurrents. Dans ce contexte, l’activité économique a néanmoins affiché une certaine résilience en 2024, avec une croissance réelle estimée à 3,5 %, portée par la dynamique du secteur non pétrolier, notamment l’agriculture et les services. L’inflation, en revanche, a grimpé à 5,1 %, essentiellement sous l’effet de la hausse des prix alimentaires. Le déficit primaire hors pétrole s’est contracté, témoignant d’un assainissement progressif des finances publiques. Le gouvernement a amorcé des réformes pour renforcer la mobilisation des recettes fiscales et améliorer la gestion budgétaire, avec une amélioration notable des recettes non pétrolières, passées de 6,9 % à 8,7 % du PIB hors pétrole.

Malgré ces efforts, les besoins de financement du pays restent conséquents, estimés à près de deux milliards de dollars sur le moyen terme. Le dispositif de soutien du FMI ne couvrirait qu’environ 30 % de ce montant, rendant indispensable une mobilisation accrue des partenaires techniques et financiers. La dette publique, quant à elle, reste contenue autour de 32,8 % du PIB, mais demeure vulnérable aux chocs externes, en particulier à la volatilité des cours du pétrole. Une baisse brutale de 20 dollars du baril par rapport au niveau de référence entraînerait une perte cumulée d’environ 5,4 milliards de dollars d’exportations entre 2025 et 2029, selon les estimations du FMI.

Les perspectives économiques à moyen terme tablent sur une croissance progressive, atteignant 4 % d’ici 2029, avec une inflation maîtrisée autour de 3 %. Le programme de réformes proposé repose sur trois piliers principaux. Le premier concerne la viabilité budgétaire, avec un accent mis sur la mobilisation accrue des recettes non pétrolières, la maîtrise de la masse salariale et la transparence des finances publiques. Le gouvernement a d’ores et déjà augmenté certains droits de douane et mis en œuvre la numérisation des paiements fiscaux, tout en annonçant l’introduction de la facturation électronique dans la loi de finances 2026.

Le deuxième pilier vise à renforcer la croissance inclusive et les filets sociaux. L’identification nationale, actuellement très limitée, devrait couvrir 80 % de la population d’ici la fin du programme. En parallèle, les ressources allouées au registre social unifié et aux transferts monétaires, y compris les cantines scolaires, seront augmentées afin de mieux cibler les populations vulnérables.

Le troisième pilier porte sur la gouvernance et le climat des affaires. Des audits des recettes pétrolières seront publiés, et des outils de visualisation seront déployés pour assurer leur traçabilité. Ces mesures visent à renforcer la redevabilité dans un secteur fondamental, représentant à lui seul près de 14 % du PIB.

Si le FMI juge la dette tchadienne viable dans son scénario de base, il souligne toutefois un risque élevé de surendettement, en raison de la dépendance persistante aux recettes pétrolières et à l’incertitude des financements extérieurs. La réussite du programme dépendra donc non seulement de la rigueur budgétaire et de la mise en œuvre des réformes, mais aussi d’une coordination efficace avec les bailleurs internationaux. Dans un environnement mondial marqué par l’instabilité des prix des matières premières, la résilience du Tchad passera par une diversification économique soutenue et une gouvernance renforcée.

Par Zaynab SANGARÈ 

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