Dakar, Sénégal | Alors que le Sénégal entre dans une nouvelle phase de son développement, marqué par l’exploitation de ses ressources naturelles et une transition politique pacifique, la Banque mondiale dresse un état des lieux nuancé de la situation du pays. Dans une note publiée le 9 octobre 2025, l’institution souligne les avancées réalisées, tout en alertant sur les vulnérabilités macroéconomiques persistantes.
Situé à l’extrême ouest de l’Afrique, bordé par la Mauritanie, le Mali, la Guinée, la Gambie et la Guinée-Bissau, le Sénégal abrite aujourd’hui plus de 18 millions d’habitants. Près d’un quart de la population réside dans la région de Dakar, qui ne représente pourtant que 0,3 % du territoire national. Ce déséquilibre démographique reflète les défis persistants d’aménagement du territoire et de développement équitable entre les zones urbaines et rurales.
«Sur le plan politique, le Sénégal demeure un modèle de stabilité en Afrique de l’Ouest. Le 24 mars 2024, Bassirou Diomaye Diakhar Faye a été élu président dès le premier tour, devenant le cinquième chef d’État depuis l’indépendance du pays en 1960. Cette nouvelle alternance, la troisième transition pacifique en plus de six décennies, témoigne de la solidité des institutions démocratiques sénégalaises.», D’après la note de la banque mondiale.
L’économie, quant à elle, a connu une croissance de 6,1 % en 2024, portée principalement par la production naissante d’hydrocarbures. Cependant, cette dynamique globale cache un ralentissement de la croissance non pétrolière, tombée à 3,5 % sous l’effet des incertitudes électorales et des fortes inondations qui ont affecté la production agricole. L’inflation, de son côté, a fortement reculé, passant de 5,9 % en 2023 à seulement 0,8 % en 2024, grâce à la baisse des prix des denrées alimentaires et à la stabilité des coûts des carburants.
Dans sa dernière publication, la Banque mondiale met toutefois en garde : « Les nouveaux défis macro-budgétaires et les incertitudes mondiales croissantes compromettent les perspectives », peut-on lire dans le rapport du 9 octobre 2025. L’institution insiste sur la nécessité de transformer les revenus issus des hydrocarbures en investissements durables, notamment dans l’éducation, la santé, les infrastructures et la transition énergétique.
La position extérieure du pays s’est améliorée, avec une réduction du déficit courant à 12 % du PIB, tirée par l’augmentation des exportations de pétrole et un ralentissement des importations. Mais les fondamentaux restent fragiles. Les résultats d’un récent audit de transparence budgétaire portant sur la période 2019-2023 ont révélé des déficits et une dette publique nettement supérieurs aux chiffres précédemment par le gouvernement actuel. Cette révélation a sérieusement entamé la crédibilité budgétaire du pays, entraînant une hausse des coûts d’emprunt et une dégradation de sa note souveraine.
Pour maintenir le cap, la Banque mondiale recommande de renforcer la transparence des finances publiques, d’améliorer la gestion des dépenses et d’orienter la politique économique vers une croissance plus inclusive. Cela passe notamment par la création d’emplois de qualité, en particulier pour les jeunes, et par le soutien à la productivité dans les secteurs clés de l’économie.
Le Sénégal se trouve aujourd’hui à un carrefour où les ressources extractives offrent une opportunité unique de transformation économique, mais leur impact positif dépendra entièrement de la capacité des autorités à mener des réformes ambitieuses, à restaurer la confiance et à assurer une gestion rigoureuse des finances publiques. Zaynab SANGARÈ
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