L’ONG Lumière Synergie pour le Développement (LSD) avec le soutien de WoMin Alliance, a organisé ce lundi 21 juillet 2025 à Ndagane un Atelier de plaidoyer avec l’Union Locale des femmes du delta du Saloum. Les femmes estiment qu’elles n’ont pas été suffisamment consultées par Woodside Energy, ni associées ou édifiées sur les risques et l’avenir de cette riche biodiversité et des communautés qui y vivent.
Mama Ndiémé Ndong, animatrice de l’union locale des femmes de Delta du Saloum, village de Mar Lodj, a souligné : « Ce que je peux dire de l’exploitation du pétrole de Sangomar avec Woodside, une exploitation qui a commencé même pas un an d’exploitation, d’exploration et qui a impacté toute une population. Au temps, on vivait de l’exploitation et de la transformation des produits halieutiques et forestiers. Maintenant, il y a un an, toutes les femmes du Delta du Saloum sont en léthargie, personne ne travaille plus parce qu’il n’y a plus de produits halieutiques au niveau du Delta. Ce qu’on vendait à 500 F maintenant, on l’achète à 2000 et 2500 F. Ce qu’on vendait à 1000 F, on l’achète à 5000 F comme les produits halieutiques, les arches, les poissons. Maintenant la vie est devenue difficile ».
Elle estime qu’elles n’ont même pas la personne qui représente Woodside ici dans la zone. Et l’étude impact environnemental, elles entendent uniquement parler de ça, de même le plan de gestion environnementale.
Elle poursuit : « Personne n’a parlé avec la femme. On n’a pas contacté les femmes, on n’a pas associé les femmes dans toutes les démarches de Woodside. Depuis 2021, on est dans cette démarche, accompagnée par les partenaires surtout LSD qui nous a formées, qui nous a accompagnées. Elle nous a permis de faire des visites d’échanges dans plusieurs pays, voire les exploitations de pétrole, les dégâts que le pétrole a fait dans ces pays. Cette peur hante les populations après la restitution des voyages. Maintenant, on ne peut plus aller en mer pour avoir de quoi transformer, de quoi vendre pour payer l’éducation des enfants, la santé de nos familles, même pour remplir le panier de la ménagère, ça devient très difficile à cause du drainage de ce fleuve à partir de la plateforme jusqu’à Foundiougne, l’ensablement des vasières. La salinité gagne du terrain ».
Selon Mme Ndong, depuis 2006, elles ont commencé à faire le reboisement des mangroves et chaque année, elles reboisent 15 à 20 hectares de mangroves. Elle estime qu’elles ne cherchent pas d’intermédiaire, elles veulent faire face à Woodside.
Quant à Mme Aby DIA, chargée de projet ONG Lumière Synergie pour le Développement, elle avance : « Toujours les communautés sont engagées à plaider pour le respect de leurs droits mais aussi le respect des engagements de l’entreprise Woodside, de l’Etat du Sénégal. Et on est aujourd’hui ici à Ndagane pour parler de la situation actuelle que vivent les communautés par rapport à l’exploitation. Nous, en tout cas, on est organisation et les questions qui nous intéressent surtout, c’est des questions sociales et les questions environnementales ». Selon Mme DIA, l’Etat et l’entreprise ont laissé en raide les communautés.
« Les femmes qui s’occupent de la protection de la préservation de la mangrove et leurs activités économiques tournent autour de la mangrove, elles ne ressentent pas l’accompagnement ou bien la prise en compte de leurs préoccupations face à l’exploitation du pétrole de Sangomar. Et ce qui est grave, et que l’entreprise ne contente que des chiffres, des nombres de barils, des fonds qu’elle tire de l’exploitation mais ne respecte pas les aspects sociaux, les aspects environnementaux », poursuit Mme Aby DIA.
LSD et les femmes dénoncent l’usage de leurs images par des organisations travaillant avec WOODSIDE
« L’autre chose, il y a des organisations qui travaillent à côté de WOODSIDE, ont la malhonnêteté d’utiliser les images de LSD, d’utiliser les images des femmes pour faire la propagande de leurs activités, on le dénonce jusqu’à notre dernière énergie. On n’est ni impliqué, on en fait ni partie de cette réunion-là et on utilise notre image et rien n’est exclu parce que ça, c’est de la fraude et sans notre consentement, sans le consentement des femmes et même sans l’implication des femmes dans cette activité-là. Donc, c’est des choses à déplorer, on n’est pas là pour caresser dans le sens des poils les entreprises, dans le sens des poils l’exploitation du pétrole mais on est là pour renforcer les communautés, pour accompagner les communautés sur les questions que personne ne se pose, c’est-à-dire les questions sociales, les questions environnementales parce que WOODSIDE est là parce qu’elle exploite mais si, elle termine, elle va plier bagages et partir et laisser les dégâts ici alors que tous ces aspects n’ont pas été pris en compte dés le début de l’exploitation du pétrole », dénonce Mme Aby DIA.
Le Delta du Saloum inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO
D’après les TDR, le Delta du Saloum du Sénégal est inscrit depuis 2011 sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Et au-delà de son importance dans la biosphère mondiale, la pêche et la cueillette fournissent des ressources vitales aux communautés humaines sur ce bien de 5000 km², formé par les bras de trois fleuves. Le document précise que le site englobe des canaux d’eau saumâtre et près de 200 îles et îlots, des mangroves, un environnement maritime Atlantique et une zone boisée sèche.
Et les TDR de préciser que : « Le Sénégal a officiellement démarré l’exploitation pétrolière dans ce site naturel le 11 juin 2024 avec l’extraction du premier baril du champ de Sangomar, opéré par Woodside Energy, Pourtant, les femmes du Delta du Saloum pionnières dans l’exploitation des ressources et la préservation des mangroves n’ont pas été suffisamment consultées, ni associées ou édifiées sur les risques et l’avenir de cette riche biodiversité et des communautés qui y vivent ».
Le document note qu’ en lieu et place, Woodside et Petrosen ont noué un partenariat depuis 2021 avec Wetlands, une organisation à but non lucratif basée au Sénégal pour soutenir la restauration et la conservation des mangroves dans le delta du Saloum.
« Paradoxalement, ce partenariat avec Wetlands vise également à renforcer la résilience des communautés qui dépendent des écosystèmes de mangrove pour leurs activités économiques et culturelles. Malheureusement, les femmes du Delta se sentent exclues dans cette démarche. En outre, Woodside pour soigner son image au sein de la communauté hôte de l’exploitation pétrolière collabore avec des organisations de la société civile pour vendre de l’illusion aux communautés. Ce 22 juillet, se tiendra un atelier sur l’exploitation de Sangomar organisé par la plateforme communautaire citoyenne pétrole et gaz renfermant des OSC guidées uniquement par l’appât du gain auprès de Woodside et Petrosen », mentionne-t-on dans le document susmentionné.
Toujours d’après le document, Lumière Synergie pour le Développement (LSD) plaide depuis plus de 10 ans en faveur de la Justice Climatique et la réduction des investissements dans les énergies fossiles, à travers son engagement avec la Banque Africaine de Développement (BAD) d’une part, et d’autre part en renforçant les capacités des communautés hébergeant les projets pétrolier et gazier offshores de Sangomar (Delta du Saloum) et GTA (Saint Louis) qui sont dépendantes de la pêche et des ressources de la mer.
Par Massaër DIA
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