Lors de la visite du Premier ministre Ousmane Sonko en Chine, Abdourahmane Sarr, ministre de l’Économie et du Plan, a rapporté que le Sénégal participait activement aux sessions des Gouverneurs de l’Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB), célébrant son dixième anniversaire. Il a rappelé que le Sénégal, parmi les tout premiers pays africains à intégrer l’institution, finalisait actuellement les dernières étapes de son adhésion pour bénéficier des financements de cette banque.
L’AIIB, fondée en 2016 avec un capital initial de 100 milliards de dollars et une notation triple-A, compte aujourd’hui 110 pays membres . En près de dix ans, elle a approuvé environ 286 projets, totalisant près de 55 milliards de dollars , avec un fort engagement en faveur de la transition énergétique (60 % du financement en 2023) . En Afrique, l’institution a déjà investi plus de 1 milliard de dollars dans neuf pays, dont des projets routiers et de santé en Côte d’Ivoire, Égypte, Rwanda.
Un exemple concluant est le financement du projet de connectivité rurale en Côte d’Ivoire : l’AIIB y a investi près de 200 millions de dollars, cofinancés avec la Banque mondiale, pour renforcer les routes rurales. Au Sénégal, le barrage hydroélectrique de Sambangalou (128 MW pour environ 388 millions d’euros) construit avec des partenaires internationaux, dont des financements multilatéraux, incarne ce type d’infrastructure structurante.
Par ailleurs, dans le cadre de l’initiative « Mission 300 », l’AIIB s’est engagée à verser entre 1 et 1,5 milliard de dollars pour électrifier l’Afrique, sur un total de 6,15 milliards rassemblés avec la Banque islamique de développement. Cette initiative vise à connecter 300 millions de personnes d’ici 2031, dont le Sénégal est l’un des douze pays pilotes .
Selon Abdourahmane Sarr, l’adhésion à l’AIIB permettra au Sénégal d’accéder à des financements « à des conditions remarquablement compétitives ». Le pays pourra ainsi accélérer ses projets prioritaires, électrification rurale, énergie renouvelable, transport, sans grever davantage le budget national. En s’appuyant sur des standards techniques et environnementaux élevés, le Sénégal bénéficiera d’un renforcement de ses capacités institutionnelles, nécessaires pour concevoir, piloter et attirer des cofinancements (Banque mondiale, BAD, partenariats public‑privé…).
L’effet économique attendu est double , à court terme, la création d’emplois dans la construction d’infrastructures, et à moyen-long terme, une hausse de la productivité et de la compétitivité, impulsant la croissance. Ainsi, une mobilisation annuelle d’un milliard de dollars dans ces domaines pourrait contribuer à élever le PIB sénégalais de 0,5 à 1 point de pourcentage par an, selon des estimations basées sur des modèles de croissance sectorielle.
Au-delà des chiffres, cette alliance rehausse la position diplomatique de Dakar , en rejoignant un acteur multilatéral autonome, le Sénégal affirme sa capacité à diversifier ses partenariats, hors des circuits traditionnels occidentaux.
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