Le Professeur André Offianan Touré, Directeur scientifique et Président du Comité d’éthique institutionnelle de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire, par ailleurs expert consultant auprès du comité national d’éthique des centres de la vie et de la santé a offert une plateforme pour examiner comment l’éthique de la recherche, enracinée dans des principes universels tels que le code de Nuremberg et le rapport de Belmont, peut être influencée par les convictions religieuses des chercheurs. Dans cet entretien, le Professeur Touré Offianan André, éminent scientifique et expert dans le domaine de la santé publique, partage sa compréhension des interactions complexes entre l’éthique, la science et la religion.

Bosco de Paré avec Sercom IPC

Professeur André Offianan Touré, vous êtes le Président du comité d’organisation de la conférence sur l’interaction entre éthique, science et religion. Voudriez-vous situer les enjeux d’un tel événement ?

L’enjeu de cette conférence était d’explorer les interactions entre l’éthique et la religion dans le cadre de la recherche. À la lumière des principes éthiques qui régissent la recherche, tels que le Code de Nuremberg et le Rapport de Belmont, il est essentiel que le chercheur s’interroge sur les fondements religieux qui pourraient influencer sa démarche. C’est précisément cette problématique que nous avons souhaité aborder, en invitant l’Abbé Luc Camara à partager son expertise. En tant que prêtre en exercice depuis trois décennies, il a consacré ses travaux à cette thématique, ce qui nous permettra, en tant que chercheurs, de bénéficier d’outils pertinents pour orienter nos recherches, tout en intégrant à la fois l’éthique et les considérations religieuses.

Qui est l’Abbé Luc Camara dont vous évoquez le nom et pourquoi ce choix ?

Tout d’abord, l’Abbé Luc Camara est membre du comité d’éthique institutionnel de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire ; ce qui a pesé dans notre choix. De plus, il a une formation approfondie en religion, déontologie et éthique, que ce soit en Côte d’Ivoire ou à l’international. Il enseigne également dans le cadre du grand séminaire d’Anyama, ce qui renforce sa légitimité sur le sujet.

Professeur, quelles seront les répercussions de cette conférence dans le milieu des médecins praticiens et chercheurs ?

Il est certain que cette conférence aura un impact significatif. Les questions soulevées et les débats qui ont suivi étaient particulièrement enrichissants. Les participants, notamment les médecins chercheurs de l’Institut Pasteur, ont pu réfléchir non seulement à leur pratique de la recherche, mais aussi à leurs actes médicaux. En tant que médecins, ils sont en contact direct avec les patients et prescrivent des traitements. De plus, notre institut est engagé dans des analyses biologiques, ce qui implique de recevoir des prélèvements sanguins.

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La question de la gestion éthique de ces prélèvements après les examens en laboratoire est cruciale. Tout cela contribue à sensibiliser les chercheurs à l’importance de l’éthique, y compris dans le cadre de la recherche religieuse, avec pour finalité la sécurité des participants.

Comment expliquer que la science semble parfois écarter la religion tout en promouvant ses propres valeurs éthiques ?

La science n’a jamais véritablement écarté la religion. En effet, l’éthique, dans son essence, est fondée sur des principes moraux qui sont intimement liés à la religion. On peut évoquer le « trépied de l’éthique » : ‘‘je veux, je peux, je dois’’. Ainsi, même si l’on désire agir, il est impératif de prendre en compte les contraintes de la communauté dans laquelle on évolue. Bien que la science soit souvent perçue comme en opposition à la religion, comme l’a souligné le père, il est important de reconnaître que la foi repose souvent sur des éléments invisibles. La science, quant à elle, exige des preuves tangibles. Cependant, le scientifique peut puiser dans sa foi pour formuler ses hypothèses et croire en la validité des résultats qu’il obtiendra, car la recherche débute toujours par l’élaboration d’hypothèses.

Bosco de Paré