Parmi les nombreux défis auxquels l’Afrique est confrontée, l’accès aux soins de santé reste l’un des plus préoccupants. D’après les dernières données recueillies par Afrobarometer en 2025, un réseau de recherche panafricain indépendant, la couverture médicale demeure une exception plutôt que la norme sur le continent.
En moyenne, à travers 28 pays africains, moins d’un adulte sur quatre dispose d’une assurance santé capable de l’aider à faire face aux dépenses médicales.
Une couverture très inégale et une inquiétude généralisée
Les écarts entre les pays sont frappants. Si des nations comme le Gabon (83 %), le Ghana (72 %), le Maroc (71 %) ou encore la Tunisie (70 %) affichent des taux élevés d’assurance maladie, d’autres présentent une situation bien plus critique. C’est le cas au Lesotho, au Malawi, en Ouganda et à São Tomé-et-Principe, où moins de 5 % de la population dit bénéficier d’une couverture médicale. Ces chiffres témoignent d’une inégalité d’accès flagrante aux mécanismes de protection sanitaire.
Sans surprise, cette faible couverture alimente une forte insécurité sanitaire. Selon le sondage, trois Africains sur quatre (75 %) expriment une inquiétude quant à leur capacité à obtenir ou à payer des soins médicaux en cas de besoin. Plus de la moitié (54 %) se déclarent « très inquiets », et seulement 11 % des répondants affirment ne pas s’en préoccuper. Ces chiffres mettent en lumière une réalité quotidienne faite d’incertitudes et de vulnérabilités.
Face à cette situation, les citoyens africains affichent une position claire : 70 % d’entre eux estiment que l’accès aux soins de santé adéquats devrait être garanti par l’État, même si cela implique une augmentation des impôts. Ce soutien dépasse les clivages politiques ou économiques et trouve un écho particulièrement fort au Gabon (89 %), au Cabo Verde (88 %) et en Guinée (86 %). Seuls le Maroc (48 %) et l’île Maurice (45 %) enregistrent une majorité de citoyens moins favorables à cette idée.
Une urgence politique et sociale
Le message envoyé par les africains est sans équivoque : la santé ne doit pas être un luxe. Dans un contexte où les crises sanitaires peuvent rapidement fragiliser les économies et les sociétés, investir dans une couverture médicale accessible à tous relève autant d’une urgence humanitaire que d’un impératif de développement.
Pour les gouvernements africains, les données d’Afrobarometer constituent à la fois un signal d’alarme et une feuille de route : les citoyens attendent des politiques publiques ambitieuses en matière de santé, capables de répondre à leurs besoins fondamentaux. Car au-delà des statistiques, il s’agit de vies humaines, de dignité, et de la promesse d’un avenir plus juste.
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