C’est une découverte très rare qui nous ramène 440 millions d’années en arrière, au moment de l’une des pires extinctions de masse de l’histoire de la vie terrestre. Ce fossile d’arthropode présente en effet une préservation exceptionnelle de ses tissus mous.
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- Un témoin de l’extinction Ordovicien-Silurien
C’est en quelque sorte un fossile « inversé » qui a été découvert en Afrique du Sud dans la formation de Soom Shale. Habituellement, le processus de fossilisation conserve en effet préférentiellement les parties dures et minéralisées, comme les os ou les coquilles, tandis que les parties moles (tissus, organes…) sont rapidement dégradées après la mort de l’animal.
Mais, dans le cas du fossile, prénommé « Sue » pour Keurbos susanae, c’est tout l’inverse qui s’est produit. Ici, se sont en effet les parties internes (muscles, tendons, intestins, nerfs) de cet arthropode de 440 millions d’années qui ont été préservées, alors que la carapace dure, la tête et les membres ont totalement disparu. Cette caractéristique fait de Sue un fossile totalement atypique et d’une valeur scientifique exceptionnelle. Il apporte en effet d’importants détails sur l’anatomie de ces animaux primitifs. Rappelons au passage que trouver des fossiles de cette période lointaine est plutôt rare.

Fossile d’arthropode datant de 440 millions d’années possédant une préservation exceptionnelle des organes et tissus mous. © University of Leicester
L’âge de Sue présente un autre intérêt pour les scientifiques. Cet arthropode, dont finalement on ne connaît pas la morphologie extérieure, a en effet vécu à un moment bien particulier, qui est celui de l’extinction de masse marquant la transition Ordovicien-Silurien. À cette époque, les continents sont encore vierges, seules quelques zones commencent à être colonisées par un tapis de mousse et de champignons. Par contraste, les océans foisonnent de vie, mais une sévère glaciation va entraîner la brusque disparition d’environ 85 % des espèces qui y vivent. Le fossile de Keurbos susanae est donc un témoin précieux de cette période de crise climatique et biologique.
L’analyse des sédiments ayant emprisonné le fossile révèle d’ailleurs que les conditions du milieu étaient extrêmes : absence d’oxygène et présence de sulfure d’hydrogène, un composé hautement toxique. Mais ce sont certainement ces conditions qui ont permis l’étonnante préservation de « Sue ». Cette découverte a été présentée dans la revue Palaeontology.
Par FUTURA
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