Une bonne génétique, certes, mais également un bon microbiote, une alimentation riche en végétaux et des relations sociales satisfaisantes : selon une nouvelle étude, ce serait le secret de la longévité exceptionnelle de Marya Branyas, la femme la plus âgée du monde, décédée en août dernier.
Au sommaire
- Un mode de vie favorable
- Un microbiote de bébé
- Une excellente génétique
- Des questions en suspens
Il y a un peu plus de 6 mois, le 17 août 2024, mourrait Marya Branyas, officiellement la femme la plus âgée du monde. Elle avait 117 ans et 168 jours. Par chance, cette supercentenaire, qui avait conservé sa lucidité quasiment jusqu’au dernier jour, n’a pas emporté le secret de son exceptionnelle longévité dans la tombe !
Une équipe de chercheurs barcelonais du Josep Carreras Leukaemia Research Institute a en effet pu discuter avec elle avant sa mort et analyser en détail des prélèvements sanguin, urinaire, salivaire et de selles effectués à différents moments de sa vie, jusqu’à ses derniers jours.
Un mode de vie favorable
Leur objectif : déterminer quels paramètres de son mental, de ses habitudes, de sa génétique, de son métabolisme, de son microbiote expliquent sa durée de vie hors norme. Leurs résultats, prépubliés sur BioRxiv, ont beau ne pas encore avoir été évalués par les pairs, ils apportent plusieurs éclairages intéressants.
Concernant son mode de vie, Marya Branyas avait des habitudes connues pour diminuer le risque de démence, notamment une vie sociale riche associée à des liens de qualité avec ses amis et sa famille. Celle qui ne buvait et ne fumait pas attribuait sa longévité à « une vie ordonnée et un environnement agréable » ainsi qu’« à la chance et à une bonne génétique ».

Des télomères paradoxalement très courts ont été identifiés chez la supercentenaire Marya Branyas. © Melissa, Adobe Stock
Un microbiote de bébé
C’était aussi une adepte du régime méditerranéen, une alimentation riche en végétaux diversifiés, pauvre en viande, comportant du poisson, des noix et oléagineux, ainsi que de l’huile d’olive. Les études montrent que ce type de régime est associé à une meilleure longévité.
Particularité intéressante : Marya adorait les yaourts. Elle en mangeait trois par jour, ce qui, selon les chercheurs, pourrait avoir contribué à l’exceptionnelle santé de son microbiote dont les caractéristiques étaient celles d’une personne beaucoup plus jeune.
En effet, les yaourts contiennent des ferments tels que Lactobacillus thermophillus et Streptococcus thermophilus qui sont des bactéries vivantes pouvant contribuer à l’équilibre des micro-organismes vivant dans l’intestin. « Les micro-organismes jouent un rôle essentiel dans la composition des métabolites de notre corps, mais aussi dans l’inflammation, la perméabilité intestinale, la cognition et la santé des os et des muscles », expliquent les chercheurs dans leur article.
Le saviez-vous ?
On appelle « supercentenaires » les personnes qui ont atteint l’âge de 110 ans. En France, selon l’Institut national d’études démographique (Ined), aucun décès au-dessus de cet âge ne s’était produit avant 1987. Il a fallu attendre 20 ans de plus pour que ce nombre dépasse la dizaine. Depuis, le nombre de supercentenaires ne cesse d’augmenter. En 2022, 39 personnes sont décédées à 110 ans ou plus, dont 38 étaient des femmes. C’est la Guadeloupe et la Martinique qui ont le record du nombre de supercentenaires avec des taux respectifs de 44 et 36 pour 1 million d’habitants, contre 0 à 17 dans les départements de l’Hexagone.
Il y aurait une probabilité plus grande de devenir centenaire en France comparée à 15 autres pays européens. Parmi les quatre personnes au monde reconnues comme ayant vécu plus de 118 ans, aux côtés d’une Américaine et d’une Japonaise, figurent deux Françaises : Jeanne Calment, la doyenne de l’humanité avec 122 ans et 5 mois, et plus récemment Lucile Randon, décédée en 2023 à 118 ans et 11 mois.
Une excellente génétique
Leurs analyses indiquent par ailleurs que Marya avait une excellente génétique. Plusieurs de ses gènes étaient associés à un système immunitaire robuste, une meilleure protection contre les maladies cardiovasculaires et une réduction du risque de cancer. D’ailleurs, ses analyses sanguines confirment qu’elle présentait un taux faible de « mauvais » cholestérol (LDL) et un taux élevé de « bon » cholestérol (HDL), ainsi qu’un faible niveau d’inflammation, dont les effets nocifs sur la santé sont désormais bien documentés.
L’analyse de la méthylation de l’ADN, un marqueur du vieillissement cellulaire qui est influencé par les stress environnementaux, montre enfin que l’âge biologique de Marya était bien plus faible que son âge chronologique, alors que, chez la plupart des gens, les deux sont corrélés. De plus, fait surprenant, ses télomères étaient extrêmement courts, alors que normalement, l’inflammation et le stress, qui étaient absents chez elle, sont, à côté de l’âge, de grands contributeurs à ce raccourcissement.
Pour les chercheurs, il semblerait que, chez Marya, « l’usure des télomères se comporte davantage comme une horloge chromosomique du vieillissement que comme un prédicteur de maladies liées à l’âge telles que la neurodégénérescence ou le diabète ».
Le cas de cette supercentenaire illustrerait ainsi la façon dont le vieillissement et la maladie ne vont pas nécessairement de pair. Les résultats génétiques « remettent en question la perception selon laquelle [les deux] sont inexorablement liés », estiment les chercheurs.
Par FUTURA
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