Des découvertes archéologiques réalisées au sud de la Mongolie il y a plus de 15 ans commencent à révéler leurs secrets. Dans un charnier vieux de plus de 2 000 ans, reposaient les dépouilles démembrées de soldats de la dynastie Han, démontrant la violence des affrontements en Asie durant l’Antiquité.
Au sommaire
- Des affrontements brutaux pour le contrôle des steppes
- De premières hypothèses
- Guerres massives et écroulement des empires
Au IIe siècle avant J.-C., plusieurs civilisations connaissent des bouleversements majeurs. Tandis qu’en Europe, la République romaine étend son emprise sur l’ouest du bassin méditerranéen, une vaste partie du continent asiatique est en proie à des guerres particulièrement sanglantes. Au nord de l’actuel territoire chinois et dans une partie de la Mongolie, les soldats de l’Empire Han et des peuplades Xiongnu s’affrontent durant plusieurs décennies. La guerre Han-Xiongnu se révèle particulièrement décisive dans l’histoire antique de la Chine, ancrant la domination de la dynastie Han.
Au nord du désert de Gobi, dans le sud de la Mongolie, une fosse excavée pour la première fois en 2009 révèle la brutalité des combats entre les deux factions, il y a plus de 2 000 ans. Une étude à paraître en mai dans le Journal of Archaeological Science montre que plusieurs guerriers ont reçu un traitement particulièrement violent, avant d’être jetés dans un charnier et oubliés pendant des millénaires.
Des affrontements brutaux pour le contrôle des steppes
Enfouis profondément dans une fosse, reposaient 20 squelettes et 33 parties de corps. Outre les datations habituelles au radiocarbone menées sur les ossements, les chercheurs de l’université de Jilin et d’Oulan-Bator ont réalisé des analyses isotopiques sur les individus déterrés.
Les résultats ont été comparés aux découvertes archéologiques sur deux autres sites fouillés en Mongolie ces dernières années. Les scientifiques dressent ainsi une comparaison avec l’actuelle population du nord de la Chine, non loin de la frontière mongole, afin d’identifier l’origine des squelettes du charnier.

Les chercheurs ont modélisé en 3D la fosse et les ossements retrouvés dans le sud de la Mongolie. © Ma, Kovalev and al.
De premières hypothèses
Les premières hypothèses émergent : ces individus pourraient être des soldats ayant servi sous les ordres des dirigeants Han. Ces derniers avaient fait construire une forteresse non loin du site archéologique, baptisée Bayanbulug et représentant une place forte face aux Xiongnu.
Un autre élément vient appuyer l’idée selon laquelle les squelettes sont ceux de soldats : ils ont été exécutés par démembrement, une sentence particulièrement déshonorante pour les combattants asiatiques de l’Antiquité. Une partie des cadavres a été enterrée avec une certaine intégrité, une condition nécessaire pour atteindre une forme de paix dans l’au-delà dans les traditions chinoises, rapporte LiveScience. Des artefacts, dont des fragments d’armes en bronze et en fer, viennent renforcer ces suppositions.
La guerre Han-Xiongnu débute officiellement vers 135 avant J.-C., alors que les Xiongnu constituent eux-mêmes une forme d’empire nomadique dans les steppes de Mongolie et de Sibérie. En Chine, l’empereur Wu de la dynastie Han possède alors une force de 400 000 hommes, dont environ 80 000 cavaliers. Des capacités militaires redoutables qui font de l’affrontement entre les deux belligérants un conflit particulièrement long et sanglant. La guerre s’achève en 91 de notre ère par une victoire écrasante des Han. L’Empire chinois conquiert alors les territoires Xiongnu et vassalise les chefs guerriers des steppes. Cette guerre marque un véritable jalon dans la géopolitique asiatique, avec une expansion territoriale majeure pour la dynastie Han.
Par FUTURA
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