Une mission habitée vers la Planète rouge ne semble plus être une priorité pour la présidence américaine. Donald Trump l’avait pourtant promise à son plus fort soutien Elon Musk, fondateur de SpaceX. Retour à la réalité ? On fait le point.
Au sommaire
- Une mission impossible
- Menaces d’élimination des sciences à la Nasa
- Quid de la Lune ?
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Cap sur Mars : une nouvelle priorité pour la Nasa ? Finalement non. Nous sommes manifestement en train d’assister à un « reality check » de Donald Trump, un retour à la réalité qui semble l’avoir forcé à revenir sur cette priorité promise à Elon Musk lors du discours inaugural du 20 janvier dernier.
Douche froide pour Musk ? Le milliardaire fondateur de SpaceX, comptant parmi les plus grands soutiens de la campagne de Trump, est aujourd’hui membre de son gouvernement. Il sautait de joie le 20 janvier quand Donald Trump a indiqué vouloir « planter un drapeau américain sur Mars », son rêve était enfin adoubé par la Maison Blanche. Mais, retour à la réalité car depuis, le Starship a explosé une seconde fois dans le ciel…
Une mission impossible
L’année dernière, Elon Musk promettait de faire atterrir un équipage sur Mars d’ici 2028, en y envoyant d’abord un vaisseau inhabité en 2026. Ce pari fou suscitait déjà de nombreux doutes. Il est évident aujourd’hui qu’il est impossible d’y parvenir en si peu de temps.
Le principal problème d’une mission martienne est de décoller au bon moment. La fenêtre de tir ne se présente que tous les 26 mois. En dehors de cette fenêtre (qui dure environ deux mois), le voyage vers Mars serait moins optimisé, plus long et plus cher en carburant. La prochaine fenêtre de tir est en 2026, la suivante fin 2028-début 2029.
Avec deux échecs explosifs d’affilée en ce début d’année, le Starship peut-il être prêt pour un vol martien inhabité en 2026 ? Même si les essais sont plus fréquents, on peut en douter. Tant que le Starship n’est pas mis en orbite, il est impossible de réaliser des tests de transfert de carburant en microgravité. Ces essais sont pourtant nécessaires, car il faudra plusieurs Starship remplis de carburant pour mener à bien une mission martienne.

Le transfert de carburant en orbite : une épine dans le pied d’Elon Musk. © SpaceX
À ce long processus de vérification encore inaccessible s’ajoutent les très nombreux autres problèmes techniques à résoudre pour un vol habité martien (radiations, puissance électrique, préparation des astronautes, etc.). On peut donc douter d’un décollage d’une mission habitée sur Mars en 2028.
Menaces d’élimination des sciences à la Nasa
Jamais l’Agence spatiale américaine n’a été autant sous tension. À la tête du Département de l’efficacité gouvernementale (Doge), Elon Musk et ses « Doge Kids » (ses disciples âgés de 19 à 25 ans) enchaînent les couacs, les soupçons de conflits d’intérêts et les licenciements massifs d’employés fédéraux américains. Après s’être attaqué à l’agence nationale d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), avec 800 employés licenciés, la Nasa est la nouvelle cible, ce qui paradoxalement compromet davantage encore les missions martiennes.
Dans un premier temps, la Nasa était menacée de perdre tous ses jeunes ingénieurs et chercheurs en période probatoire, mais le gouvernement américain a suspendu cette menace. Aujourd’hui, des rumeurs font état d’une coupe de 50 % du budget de l’agence dédié à la science, ce qui serait fatal à de nombreux programmes, en particulier dans les sciences du climat. Un responsable de la Nasa a démenti cette rumeur. Pour l’instant, seuls trois bureaux ont été fermés, mettant une vingtaine d’employés à la porte, mais un plan de licenciement plus grand est bien prévu.
Censure de certains mots dans les publications, réduction des subventions, licenciements massifs comme à la National Science Foundation qui a perdu 10 % de son personnel, etc. La communauté scientifique vit une situation de terreur aux États-Unis, qui a suscité l’émoi des scientifiques à l’international qui ont manifesté leur soutien vendredi dernier lors de l’événement « Stand Up for Science ». De son côté, le ministre de la Recherche et ancien président du Cnes, Philippe Baptiste, a proposé que la France devienne terre d’asile pour les scientifiques américains.

La Lune, une « distraction », selon Musk… Les États-Unis seront-ils finalement condamnés à retourner sur la Lune avant de viser Mars pour leurs astronautes ? Pour rappel, le programme lunaire Artemis est avant tout un ambitieux programme qui utilisera la Lune comme terrain de jeu pour tester diverses technologies afin de rendre le voyage vers Mars possible et moins risqué.
Artemis repose en grande partie sur le Space Launch System (SLS), une mégafusée critiquée pour être trop coûteuse, mais actuellement la seule apte à envoyer des astronautes en orbite lunaire.
Artemis repose aussi en partie sur le Starship, sélectionné pour déposer les astronautes à la surface. Supprimer le SLS au profit du Starship pourrait satisfaire Donald Trump et Elon Musk dans leur recherche d’économies budgétaires, mais priverait les Américains d’accès à la Lune pendant des années.

Les conditions sont loin d’être favorables à un programme de vol martien habité. Donald Trump doit s’y résoudre : il est peu probable qu’il assiste, en tant que président, au retour des astronautes sur la Lune… ou alors ils seront chinois !
Par FUTURA
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