Les dialectes indo-européens fascinent autant qu’ils questionnent. À la racine de nombreuses langues encore parlées de nos jours, leur origine est toutefois incertaine. Mais en étudiant de plus près l’ADN de populations du Néolithique, les chercheurs affirment désormais connaître la région de naissance de ces parlés perdus.
Au sommaire
- L’Eurasie, berceau de l’indo-européen
- À la source de centaines de langues
Il y a plusieurs millénaires, des dialectes apparaissaient à travers le continent européen et dans la Caucase, formant un patchwork que les chercheurs qualifient d’indo-européennes. Mais comment retracer l’origine de ces langues particulièrement anciennes, tandis que l’écriture se développait timidement dans le bassin mésopotamien. Une équipe de chercheurs d’Harvard et de l’université d’Hartwick publiaient le 5 février deux études conjointes dans Nature. Des généticiens et biologistes ont analysé les échantillons d’individus prélevés à travers plusieurs sites, du sud de la Russie à l’est de la Chine. Croisant les données obtenues avec le travail réalisé par les linguistes au cours des 130 dernières années, les chercheurs estiment tenir désormais une piste solide pour déterminer l’apparition des premières langues indo-européennes.
L’Eurasie, berceau de l’indo-européen
Dans le centre et l’est de l’Europe, la culture Yamna émergeait dès le IVe millénaire avant J.-C. Particulièrement prédominante dans le Néolithique final, elle commence à se diffuser largement à partir de 3700 avant J.-C. Depuis la Hongrie et la Slovaquie, les individus se déplaçaient alors plus largement à travers le continent, tel qu’attesté par la découverte de poteries et de restes humains depuis le XIXe siècle.
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Depuis le bassin de la Volga, les peuplades Yamna se sont progressivement déplacées vers l’ouest de l’Europe et plus profondément en Asie. © Narasimhan and al., Nature
Les analyses ADN réalisées ces derniers mois apportent des éléments complémentaires quant aux chantiers archéologiques précédemment fouillés. Les chasseurs-cueilleurs Yamna se sont effectivement déplacés vers les steppes et autour du bassin de la Volga, fleuve le plus long d’Europe. Un certain nombre de foyers de peuplement ont été recensés entre la mer Noire et le nord de la mer Caspienne. Comme le souligne un article du Smithsonian, le débat perdurait chez les experts concernant la région originelle de l’indo-européen, avec deux pistes probables : les steppes du Caucase et les provinces d’Anatolie. L’actuelle Turquie était sous l’influence de la culture Hittite dès le IIIe millénaire avant J.-C., dont l’histoire est intriquée avec celle du Levant et de la Mésopotamie.
La nouvelle étude est considérée comme une véritable percée, résolvant possiblement une question remontant au XVIIe siècle. L’indo-européen est à la base de près de 400 langues, dont de nombreuses sont actuellement toujours employées. Vers 500 de notre ère, les racines indo-européennes se sont étendues dans l’ouest de l’Europe, mais aussi au nord de la péninsule arabique ou encore en Inde.
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De nombreux artefacts du Néolithique découverts dans l’est de l’Europe sont attribués à la culture Yamna. Les objets ci-dessus sont exposés au musée de Kiev. © O. Mustafin
L’étude de l’indo-européen est une histoire de mouvements illustrant les changements rapides dans le Caucase et au-delà des frontières de l’Asie mineure. Actuellement, ce sont presque 1 500 mots issus des langues indo-européennes que les chercheurs ont décrypté. Le Harvard Crimson précise que malgré la qualité des recherches publiées, la guerre en Ukraine et les tensions avec la Russie restreignent grandement les potentielles missions sur le terrain.
Par FUTURA
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