La BPCO est une pathologie peu connue des Français. Pourtant, cette maladie respiratoire chronique est la 3e cause de mortalité dans le monde. Capucine Daridon, responsable de la direction médicale immunologie chez Sanofi, nous dit tout ce que nous devrions en savoir.
Les organes de notre système respiratoires peuvent être touchés par des infections aiguës comme la grippe. C’est de saison. Ils peuvent également être affectés par des maladies chroniques. L’asthme est l’une des plus connues. L’une des moins connues, c’est celle que les médecins appellent la bronchopneumopathie chronique obstructive ou BPCO. Une maladie grave qui se place en 3e position des causes de mortalité dans le monde.
Elle touche 3,5 millions de personnes en France. Au moins. Parce que les médecins estiment que plus des deux tiers des cas ne sont pas diagnostiqués. D’ailleurs, une enquête réalisée par Sanofi avec BVA Xsight en octobre 2024 montre que 63 % des Français n’ont jamais entendu parler de bronchopneumopathie chronique obstructive. En cette journée mondiale de la BPCO, Capucine Daridon, responsable de la direction médicale immunologie chez Sanofi, nous apporte quelques éclairages.
Ici, Franck, un patient atteint de BPCO. © Pierre-Olivier, Capa Pictures
Qu’est-ce que la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ?
Capucine Daridon : La BPCO a été identifiée au début du XXe siècle. Les premières descriptions cliniques remontent aux années 1950. Comme son nom l’indique, la bronchopneumopathie chronique obstructive est une inflammation des voies aériennes, notamment des bronches – ces organes qui amènent l’air aux poumons. Elle se caractérise par un épaississement de leurs parois et une hyper sécrétion réactionnelle de mucus – ces sécrétions visqueuses que l’on crache parfois quand on tousse. Résultat, les échanges gazeux se font moins bien. L’oxygénation des tissus devient de plus en plus difficile.
La BPCO au quotidien selon l’enquête réalisée par Sanofi avec BVA Xsight en octobre 2024. © Sanofi
Quels sont les symptômes de la BPCO ?
Capucine Daridon : Ce sont des symptômes assez classiques qui rendent la pathologie difficile à diagnostiquer. Une toux grasse et chronique avec des expectorations. Une dyspnée – comprenez, un essoufflement – d’abord après un effort puis même en situation de quasi-repos. Une respiration sifflante. Des difficultés à respirer. C’est le quotidien des patients atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive. Et il est assez angoissant.
Le saviez-vous ?
La BPCO se diagnostique par spirométrie, un examen qui permet de mesurer les volumes et les débits d’air expiré par le patient. L’examen est indolore et sans danger. Mais il reste trop peu pratiqué tant les symptômes sont classiques d’une infection respiratoire plus banale. Et puis, il faut l’avouer, un fumeur qui tousse, ça n’étonne pas grand monde…
D’autant que, de temps en temps, parce que survient un pic de pollution ou s’ajoute une infection, les patients vivent un épisode de toux plus important ainsi qu’une aggravation des expectorations et de la dyspnée. Les médecins parlent alors d’exacerbation. Et ces pics provoquent une diminution de la capacité respiratoire. Le vrai problème, c’est que, contrairement à un patient asthmatique qui récupère sa capacité après une crise, le patient BPCO descend alors une marche qu’il ne pourra jamais remonter. Ainsi, d’exacerbation en exacerbation, sa capacité respiratoire diminue. De manière progressive et insidieuse.
Quelles sont les causes de la BPCO ?
Capucine Daridon : Tout ce qui irrite les bronches. Le tabac en est responsable à environ 80 %. Et pas forcément que tabagisme actif. La BPCO ne se déclare pas seulement chez ceux qui fument, mais aussi chez les membres de leur famille, leurs amis, etc. Par tabagisme passif… De récentes études montrent aussi un effet du tabagisme in utero.
En plus du tabac, il y a les expositions professionnelles à des toxines. Chez les agriculteurs, par exemple. Ou dans les travaux publics. Les infections que nous contractons au cours de notre enfance mènent également à un terrain plus favorable à développer une BPCO.
Et puis, il y a une composante génétique. Même si la maladie n’est pas liée à un gène unique.
Françoise expérimente l’activité physique comme traitement de sa BPCO. Parce que, selon les experts de Sanofi, les patients atteints détiennent une partie de la réponse à leur maladie. Même si la prise en charge est assez lourde et que de gros efforts leur sont demandés, ils doivent arrêter de se sentir coupables ou défaitistes et entrer plutôt dans une boucle vertueuse qui les aidera à aller mieux. © Pierre-Olivier, Capa Pictures
Existe-t-il des traitements pour guérir de la BPCO ?
Capucine Daridon : Certains patients sont parfois soulagés par le diagnostic. Parce qu’ils craignaient qu’on leur découvre un cancer des poumons. Mais la BPCO, ce n’est pas nécessairement mieux.
Les médecins définissent 4 stades de la pathologie. Au stade 1, le patient garde plus de 80 % de sa capacité respiratoire. Au stade 4, elle tombe sous les 30 %. Et la prise en charge dépend de ce stade. Prise en charge parce qu’il n’est pas seulement question ici de traitement médicamenteux. Il s’agit aussi d’agir sur les modes de vie.
Côté médicaments, des bronchodilatateurs et des corticoïdes aident à traiter les symptômes. En cas d’exacerbation modérée, il peut y être ajouté des antibiotiques pour traiter l’infection sous-jacente. Le pneumologue – ou éventuellement le patient lui-même – peut contenir la crise. Lorsque survient une exacerbation sévère, en revanche, l’hospitalisation devient nécessaire. Avec la perte de la capacité respiratoire, un traitement d’oxygénothérapie doit être mis en place. Pour les patients les plus critiques, jusqu’à 15 heures par jour.
Mais les premiers traitements sont de l’ordre du mode de vie. Pour les patients, il devient urgent d’arrêter d’agresser leurs poumons. D’arrêter de fumer, par exemple. L’équipe médicale va aussi préconiser de la réhabilitation respiratoire. Des exercices de kiné qui permettent d’apprendre à mieux respirer. L’exercice physique, de son côté, aidera à maintenir une meilleure capacité respiratoire et une bonne oxygénation.
Pour les patients atteints de BPCO, il est aussi important de se vacciner. Parce qu’un épisode de grippe peut déclencher une crise qui, même si elle reste modérée, fera baisser définitivement la capacité respiratoire. La prise en charge doit être pensée globalement. C’est d’autant plus vrai qu’on observe que ceux qui souffrent de BPCO sont généralement des patients extrêmement comorbides. Qui présentent par exemple des maladies cardiovasculaires qui doivent être prises en compte.
Quelques conseils pour mieux vivre avec une BPCO. © Sanofi
Que fait la science pour aider les patients ?
Capucine Daridon : Les chercheurs voudraient par exemple comprendre, justement, s’il existe un lien entre les pathologies présentées par ces patients comorbides. Mais ce qu’ils veulent surtout, c’est comprendre les mécanismes de cette inflammation pour réussir à la cibler de façon très spécifique. Notre Graal, c’est la médecine personnalisée. Celle qui donnera le meilleur traitement à chaque patient.
Des études sont aussi en cours sur l’influence de la qualité de l’air et de la pollution atmosphérique sur les cas et l’évolution de la PBCO. Nous n’avons pas de chiffres précis pour l’instant, mais la problématique semble planétaire. Et les Français le sentent. Notre enquête révèle qu’ils sont 4 sur 5 à avoir le sentiment que les maladies respiratoires sont de plus en plus nombreuses. Et 91 % d’entre eux imputent cette progression à une dégradation de notre environnement. Aujourd’hui, 2 Français sur 3 se disent inquiets de la situation.
Capucine Daridon : Nous voulons être utiles. En portant le collectif. Parce que notre expérience montre que le collectif peut faire la différence. La mobilisation du monde associatif, de la presse, des patients. Mais nous savons aussi que rien ne se fera sans un engagement politique. Nos élus ont été alertés récemment par un rapport de la Cour des comptes. Parce que, ces dix dernières années, il ne s’est pas passé grand-chose autour de la BPCO. Mais aujourd’hui, le contexte – la prise de conscience de la problématique croissante des maladies respiratoires, notamment – fait que nous avons le sentiment d’être proches d’un déclic. Il ne faudrait pas que l’environnement budgétaire contraint du moment fasse passer nos efforts pour lutter contre la BPCO à la trappe.
D’un point de vue plus pratique, Sanofi espère aider les médecins à pouvoir prendre mieux en charge les patients et continuer à mieux comprendre les mécanismes de la maladie. Pendant des années, les médecins n’avaient pas de thérapeutique à disposition. Désormais, notre ambition, c’est vraiment de leur offrir l’accès à des soins personnalisés.
Plus en amont, des campagnes de sensibilisation pourraient aussi aider. Notre enquête montre que 96 % des patients BPCO sont en demande. Et 66 % d’entre eux affirment qu’ils auraient changé leur mode de vie avant s’ils avaient été informés des risques. C’est un chiffre fort.
PAR FUTURA
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