Depuis octobre 2023, la pluie n’en finit pas de tomber. Qu’il s’agisse de précipitations sous une simple perturbation ou bien de pluies sous une tempête ou un orage, les cumuls s’inscrivent sans cesse dans l’extrême.
Au niveau national, l’excédent de pluie par rapport à la moyenne dépasse désormais les +35 %. Au niveau régional, l’ouest et le nord du pays sont les zones les plus anormalement pluvieuses de l’année. Paris est en train de vivre une année record : avec 750 mm tombés depuis début janvier, la période janvier-octobre 2024 est la plus pluvieuse enregistrée à Paris depuis le début des relevés (1872). Au vu des prévisions des prochaines semaines, il est désormais très probable que 2024 batte le record annuel et devienne l’année la plus pluvieuse jamais enregistrée à Paris.
Comment expliquer une situation aussi excessive alors que les dernières années étaient marquées par une sécheresse galopante ?
Quel rôle joue la variabilité naturelle ?
Tout d’abord, la variabilité naturelle, qui envoie des dépressions, perturbations et orages en direction de notre pays de manière répétitive, est un élément que les météorologues ont du mal à prévoir. Cette variabilité dépend elle-même de plusieurs grands phénomènes, qui ont souvent une origine commune : les variations qui se produisent dans l’océan. Deux phénomènes influencent notamment la météo en Europe : l’oscillation atlantique multidécennale et l’oscillation décennale du Pacifique, des variations localisées de la température de l’eau, qui influencent ensuite le temps au-dessus de l’Atlantique et en France.
Le phénomène El Niño fait peut-être aussi partie des facteurs qui ont influencé la météo humide et perturbée que nous connaissons depuis un an. Cependant, l’influence d’El Niño en Europe n’a jamais été prouvée de manière certaine. Mais chez les météorologues, beaucoup ont constaté que les années El Niño correspondent souvent à des automnes et hivers particulièrement perturbés en Europe de l’ouest. Météo France estime d’ailleurs que des « perturbations atlantiques, plus fréquentes que la normale sur l’ouest de l’Europe » sont typiques d’une année El Niño. « Ce scénario correspond aux conséquences attendues sur l’Europe lors d’un phénomène El Niño marqué ». El Niño est désormais terminé, mais ses conséquences sur les températures mondiales et la météo peuvent durer plusieurs mois après sa fin. Si El Niño a vraiment eu une influence sur la météo en France, ce temps perturbé devrait désormais prendre fin actuellement avec l’arrivée progressive de son homologue La Niña. Cependant, la suite de l’automne s’annonce encore humide au nord, selon les prévisions de Copernicus.
Mais la variabilité climatique, dont El Niño fait partie, ne suffit pas à expliquer le déluge de pluies que nous connaissons depuis octobre 2023. El Niño se produit tous les 2 à 7 ans et la variabilité naturelle se produit en permanence. Pour autant, plusieurs départements du nord et de l’ouest du pays n’ont pas connu autant de pluie dans le passé.
Le réchauffement climatique aggrave les pluies sur certaines zones
Un autre facteur s’est ajouté à la variabilité naturelle et a renforcé tous les événements pluvieux. Il est désormais prouvé par tous les climatologues que plus le climat se réchauffe, plus l’atmosphère se charge de pluie. Et cela de manière disproportionnée sur certaines zones. Selon le Giec, l’atmosphère contient 7 % d’humidité en plus par degré supplémentaire de réchauffement, mais tout ceci n’est qu’une moyenne. Lors de certains événements forts (ouragan, tempête, dépression, violent orage…), la quantité de pluie supplémentaire peut atteindre +20 à +40 %. D’une manière générale, le climat est amené à être plus humide au nord et plus sec au sud de la France, avec le réchauffement climatique. Cependant, des variations existent selon les saisons et le type précis de phénomène météo.
Deux événements violents récents font office d’exemple : la tempête Kirk, qui a inondé le nord de la France, et la tempête Boris, qui a inondé l’Europe centrale et du sud. Selon Climameter, la tempête Kirk a été 20 % plus pluvieuse au nord en raison du réchauffement et 40 % moins pluvieuse au sud. La tempête Boris démontre aussi la complexité de la hausse des températures sur les précipitations : +20 % de pluies causées par le réchauffement sur l’Autriche, la Pologne et la République Tchèque, mais légèrement moins de pluie sur la Bosnie.
Par FUTURA
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