Organisation

L’effet organisation : plus fortes, les coopératives font valoir leurs intérêts

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Le commerce équitable labellisé participe au développement économique local par la création de nouvelles activités et d’emplois agricoles. Au fur et à mesure de leur croissance, toutes les organisations de producteurs étudiées ont besoin de plus en plus de main-d’œuvre.

Les débouchés du  labellisé ont contribué à structurer les organisations. Celles-ci deviennent les représentants des producteurs, en position de force pour négocier. Elles proposent des services de formation, d’assistance technique et de crédit.

  • L’organisation de producteurs est l’épine dorsale du commerce équitable

Comme elle peut offrir de meilleures conditions commerciales, elle devient plus légitime face aux producteurs eux-mêmes. Plus confiants, ils sont plus nombreux à vouloir adhérer. Avec plus de membres, la coopérative peut proposer plus de volumes à ses clients, et améliorer son capital.

  • Une dimension politique

L’organisation est porteuse de la voix de ses adhérents. Elle promeut leurs intérêts à l’extérieur, par exemple auprès des autorités locales ou des acteurs économiques influents. Son avis est plus volontiers pris en compte. Elle devient plus représentative au sein du monde rural paysan et prend une véritable dimension politique. Elle obtient des appuis qui contribuent à renforcer ses capacités de production, son assise commerciale et sa stratégie de durabilité.

  • Commerce équitable et coopération

Certaines organisations reçoivent une assistance technique de la part de projets de coopération d’ONG ou de partenaires économiques. Ces programmes sont complémentaires du commerce équitable. Par des formations, ils encouragent une gestion saine et professionnelle. Les standards et les contrôles du commerce équitable labellisé vont aussi dans ce sens.

Chez les plus grandes et les plus anciennes coopératives, le développement est avant tout le résultat de leurs efforts et de leur capacité à s’organiser. Le commerce équitable apparaît alors comme un des leviers qui contribue à la diversification de l’offre, à l’amélioration de la qualité, à la diversification de la clientèle. Tout cela fait une organisation plus forte.

  • Capital et trésorerie

Les organisations de producteurs deviennent des institutions de référence sur leur territoire. Avec l’appui du commerce équitable, elles acquièrent un capital avec lequel elles dispensent des formations, du crédit, de l’encadrement pour le passage au bio…

Le préfinancement des récoltes est déterminant. Il donne la trésorerie nécessaire à l’activité commerciale des organisations de producteurs. Il contribue aussi à améliorer la rentabilité pour les producteurs. Cependant les mécanismes actuels sont insuffisants. La fédération FLO développe de nouveaux outils financiers et économiques d’appui aux organisations de producteurs.

Raul  Aguila, dirigeant de Cocla et représentant des producteurs au conseil d’administration de FLO : « Le commerce équitable crée un effet de levier pour être reconnu comme acteur économique »

  • Comment a évolué votre organisation à travers le commerce équitable ?

Au Pérou, dans les années 1990, il y avait seulement quatre organisations de producteurs dans le café, et ces quatre organisations ont commencé par pure coïncidence à travailler dans le commerce équitable. Elles ont commencé à retisser le tissu social perdu. Dix-huit après, nous avons un réseau de quarante organisations de producteurs, toutes dans le commerce équitable. Alors que durant la période critique, les organisations de cafés exportaient de manière commune l’équivalent de 2% de la production nationale, aujourd’hui l’exportation de café équitable touche près de 30% de la production nationale.

Cela montre bien une chose importante pour le commerce équitable qui est le renforcement de l’organisation.

  • Quel est l’intérêt d’avoir une organisation forte

Notre objectif n’est pas seulement de vendre. Nous cherchons aussi à avoir des répercussions publiques dans la région afin d’améliorer les services de base. Si l’on pense que les prix ou la prime du commerce équitable résoudront seuls les problèmes de base, je pense que nous nous trompons. Bien sûr, ils y contribuent… Mais l’effet le plus important est l’effet levier que crée le commerce équitable afin que les organisations puissent s’insérer dans le système financier, et ainsi être reconnu comme un acteur économique. Dans les années 1990, les banques nous refusaient les financements. Depuis, ayant accès aux marchés du commerce équitable, nous avons réussi à obtenir des crédits en nous connectant au système financier local. Ca a été fondamental pour toutes ces organisations qui sont du coup devenues des acteurs économiques. Nous avons pu faire respecter nos droits et influencer les politiques publiques.

  •  Une nouvelle génération : l’entreprise paysanne

Grâce à un programme de formations et aux inspections de FLO-Cert, les coopératives des Yungas sont de mieux en mieux gérées.

La coopérative, c’est l’outil qui permet aux producteurs de ne pas rester isolés face au marché. Pourtant, les plus anciens s’en méfient encore. Ils ont trop d’exemples de présidents à vie, d’intendance douteuse et d’escroqueries.
Mais peu à peu émerge une nouvelle génération. Ce sont les becarios, les lauréats d’une formation de 19 mois à l’administration, la gestion des organisations, la commercialisation et à la comptabilité. « Je me vois comme un chef d’entreprise, mais toujours au sein d’un collectif, explique un jeune becario. Nous devons acquérir des compétences en tant que groupe. Si nous ne sommes pas unis, nous risquons d’échouer. »

  • Bonne gestion

« Au début de la mise en place du commerce équitable, les premiers becarios à être formés à la bonne gestion ont pris la place de ceux qui monopolisaient le pouvoir », explique Nelly Usnayo, formatrice. Les becarios font évoluer les coopératives vers des structures plus commerciales et plus efficaces, mais toujours dans un esprit mutualiste.

Ainsi, les trois quarts des organisations de producteurs certifiées  ont réformé leurs statuts. « Autrefois, à la coopérative Mejillones, la direction était empirique, se souvient Nelly. Il était courant qu’il y ait trois comptabilités : une pour soi, une pour les membres et une pour le fisc. »

  • Organigramme

Aujourd’hui, quand on arrive à Mejillones, au  de la salle commune de la coopérative s’étale un grand organigramme : conseil d’administration, comité de surveillance, département qualité… Au moment de repartir, au terme d’une après-midi passée en compagnie des producteurs, on signe un compte-rendu d’une page, soigneusement manuscrit.

Autre facteur motivant pour tenir les registres à jour : les visites de FLO-Cert, la société qui contrôle les standards de Max Havelaar. « Sans FLO-Cert, les formations n’auraient pas eu le même impact, estime Nelly. Les contrôles leur ont permis de réaliser qu’ils n’avaient pas de procédures. Ils se sont ainsi professionnalisés. »

Par FUTURA

admin
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