Elle s’est tellement fondue dans le décor de la cuisine que vous ne la regardez même plus, mais ne vous y méprenez pas : l’éponge, tout immaculée soit-elle, est un véritable éden pour les bactéries, au point qu’elle pourrait bien dégrader l’hygiène de votre logement plutôt que l’améliorer.
Petite, pratique, arborant parfois des couleurs étonnantes et omniprésente dans nos cuisines, l’éponge semble, somme toute, inoffensive. Elle a pourtant tout ce qu’il faut pour devenir votre pire ennemi… Alors, arme contre la saleté ou loup dans la bergerie ?
A priori, l’éponge de cuisine présente de nombreuses qualités : grâce à sa capacité d’absorption et sa texture abrasive, elle permet de nettoyer les surfaces, d’éliminer les taches et de sécher rapidement les liquides. Ses microfibres captent la poussière, les résidus alimentaires et les nettoyants. De quoi la rendre irremplaçable dans beaucoup de nos maisons, si ce n’est que cette capacité à tout absorber fait également de l’éponge un lieu idéal pour la prolifération des bactéries.
L’éponge, plus sale que la cuvette de vos toilettes !
Des études ont révélé qu’il s’agit même de l’objet le plus contaminé de nos foyers, devant la cuvette des toilettes ! Une analyse du microbiome des éponges de cuisine publiée en 2017 dans la revue Scientific Reports a montré la présence massive de Gammaprotéobactéries. Ces dernières représentaient 68,51 % de la population microbienne et, parmi elles, Moraxella osloensis et Acinetobacter pittii, qui peuvent être pathogènes. Les chercheurs ont observé des concentrations atteignant jusqu’à 5,4 x 10¹⁰ cellules bactériennes par centimètre cube d’éponge… soit 54 milliards !
Les scientifiques ont également identifié Chryseobacterium hominis, ainsi que des membres de la famille des Enterobacteriaceae, dont la tristement célèbre Escherichia coli. Si ces dernières ne représentent « que » 1,18 % de l’ensemble des bactéries trouvées dans les éponges, cela représente tout de même un peu plus de 637 millions de micro-organismes capables de causer des infections alimentaires et cutanées par centimètre cube… et le danger est encore accentué par l’usage fréquent de l’éponge sur des surfaces où transitent les aliments, entraînant un risque de contamination croisée. Il y a donc quelques règles à suivre.
Laver son éponge ne sert (presque) à rien
L’entretien de votre éponge est irréprochable ? Bravo, mais vous n’êtes pas tiré d’affaire pour autant ! Au risque de vous décevoir, passer son éponge au micro-ondes ou la laver à l’eau bouillante ne permet de réduire la charge bactérienne que de 60 % au maximum. Pire : certaines survivantes peuvent même proliférer après ces traitements ! Si ces derniers permettent effectivement d’éliminer une partie des micro-organismes, ils laissent toutefois des niches disponibles pour les bactéries résistantes, qui colonisent rapidement l’éponge.
Heureusement, il existe des solutions pour minimiser les risques sanitaires liés à l’usage des éponges. L’option la plus simple reste de remplacer l’éponge toutes les semaines ou au moins tous les 15 jours, afin de limiter la prolifération microbienne. Et si vous n’êtes pas rassuré, sachez que vous pouvez tout simplement abandonner l’éponge pour la remplacer par d’autres ustensiles à la fois plus hygiéniques, plus écologiques, et tout aussi efficaces.
En tête : les brosse à vaisselle en bois et poils naturels qui retiennent très peu d’eau et sèchent rapidement, des éponges en silicone ou, pour retenir l’eau, des chiffons en microfibres qui doivent être lavés après chaque usage mais sèchent beaucoup plus rapidement que les éponges classiques, limitant ainsi la croissance bactérienne.
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