La discrimination, la stigmatisation et les violences basées sur le genre (VBG) entravent la lutte contre le Vih au sein des populations clés au Togo. C’est un constat général et une personne vivant avec le Vih (Pvvih) approchée par notre rédaction, n’a pas démenti.
Par Nicolas Koffigan, Togo
Une enquête de surveillance de seconde génération menée en 2023, indique que le taux de prévalence est de 8,7% au niveau des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH) et 5,8% au sein des professionnels du sexe (PS), alors qu’elle est de 1,7 au sein de la population générale.
Âgé d’une vingtaine d’années, E.O a souligné que les populations clés font partie des cibles qui doivent bénéficier d’une attention particulière et de suivi, notamment les professionnels du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, les usagers de drogues injectables et les populations carcérales.
Il a expliqué que le rejet social à cause de leur statut, fait que bon nombre d’entre eux, ne veulent pas se diriger vers les centres de prises en charge, en particulier les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes.
« Une fois que mes proches ont su que j’avais une autre orientation sexuelle, j’ai été rejeté, même mes patents ne m’adressaient plus la parole. On m’a proposé de jeuner et de prier. Par la suite j’ai été traîné chez bon nombre de pasteurs, se disant hommes de Dieu. Au finish, j’ai été chassé de la maison. », a fait savoir E.O, d’un ton qui trahit sa déception.
Pourtant, une personne séropositive ayant une charge virale indétectable grâce à son traitement ne transmet plus le Vih.
Il a ajouté que cela l’a traumatisé et rendu vulnérable aux infections. Et au final, c’est la communauté de Pvvih qui l’a soutenu. « On parle de déviance sexuelle, mais pour moi c’est normal. Ce que je souhaite, c’est de la tolérance. Si on est accepté, cela peut aider les populations clés à bénéficier du traitement », a-t-il indiqué.
Si la discrimination dont fait l’objet les populations clés conduit à la violation d’autres droits de l’homme, il faut aussi reconnaître qu’elle les maintient dans la culture de la peur, de la violence, du repli communautaire et de la marginalisation des communautés les plus vulnérables, la dévalorisation et le manque d’estime de soi, etc.
Il a ajouté qu’il y’a plein d’adolescents qui refusent de se faire dépistés, ou même n’acceptent pas leur statut de peur d’être rejetés par leurs parents ou proches.
« Lorsqu’on est Pvvih ou Vih, on est chaque fois confronté à des réalités dans la société, dans nos familles, à l’église, au travail et même dans la rue. L’orientation sexuelle peut te coûter ton travail et tout ça amène le Pvvih à se retrouver sans abri et confrontées à la pauvreté. Les professionnels de sexe sont aussi confrontés à la même situation. Nous sommes des êtres humains. La lutte contre le VIH doit prendre en compte toutes les composantes de la société. », a-t-il souligné.
Nicolas Koffigan
(Afrik Management/ Mai 2024)
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