Devenir entrepreneur(e) serait le rêve de plus d’un tiers des français. Un rêve de liberté, de réussite sociale, de sens donné à sa vie ou simplement parce qu’on ne supporte plus la vie de bureau, avec un manager, des collègues, des horaires imposés. Chacun trouvera ses motivations pour se lancer à un moment donné, lorsque celles-ci seront plus fortes que les peurs. Car ces dernières sont bien souvent passées sous silence quand on parle entrepreneuriat… Peur d’échouer, de ne pas se payer, de se tromper de voie, elles sont inhérentes à la vie de tout entrepreneur tout au long de sa carrière. Mais l’envie d’être son propre patron l’emporte toujours chez celles et ceux qui font le grand saut de la création d’entreprise ou de son propre emploi.
La recherche de liberté
La liberté, c’est ce qui revient le plus souvent lorsqu’on interroge des entrepreneurs sur ce qui les a incité à se lancer “ce qui m’a motivé, c’est liberté financière et celle du temps, mais surtout la liberté du modèle économique” indique Marie-Anne Coste Devigne, spécialisée dans le Business Development, à son compte depuis 4 ans, après une carrière de “30 ans dans le marketing et la communication auprès de dirigeants dans différents univers (industrie, vente directe, services, associatif)“. Mais voilà “après un dernier job, le constat que le salariat ne me correspondait plus” a incité Marie-Anne à se lancer. Le point de non retour appelé aussi Tipping Point, ce moment où on sait qu’on ne reviendra plus en arrière quoiqu’il arrive et que toute notre vie va basculer. “L’indépendance est vraiment motivante” ajoute Nathalie Dewez, consultante pour micro-entrepreneurs, tout comme Sandra Bonneville, “lorsque j’ai créé mon activité, mes motivations étaient alors le besoin fondamental d’être libre, c’est-à-dire gérer moi-même mon emploi du temps et être dans un métier où je pouvais laisser libre cours à ma créativité“. La créativité qui est souvent bridée en entreprise, malgré de beaux discours sur l’importance de cette dernière. Hé oui, comment la laisser s’exprimer quand on doit rester en adéquation avec l’image de marque de la société dans laquelle on travaille ?… Difficile d’être soi-même. “Je ne voulais pas avoir à choisir entre mes métiers de community manager / graphiste / webmaster” valide Jihane Chartier, qui multiplie aujourd’hui les casquettes entre toutes ses activités, chose qu’il aurait été impossible à faire en entreprise où l’expertise dans son domaine est de mise.
Le ras-le-bol de la hiérarchie
Le besoin de liberté s’accompagne souvent d’un ras-le-bol de sa hiérarchie “Je ne supportais plus la hiérarchie et je n’étais plus du tout en accord avec les valeurs de l’entreprise dans laquelle je travaillais. Aujourd’hui, j’ai toujours du mal avec l’idée que quelqu’un m’impose des horaires et une façon de travailler” explique Marie Guibouin, aujourd’hui photographe de l’Âme, après des études de coiffure et d’art du maquillage. “Ma première motivation était de ne plus avoir de patron sur le dos. D’être mon propre chef et de mener mes projets seule” souligne Jihane, même si selon elle “il vaut mieux avoir une première expérience en tant que salarié(e) avant de se lancer” car comme de nombreux entrepreneurs l’indiquent aussi “j’avais besoin d’acquérir des compétences dans chacun de mes domaines d’activité avant de me lancer” et de savoir ce que l’on veut vraiment. “J’ai eu besoin de temps afin de savoir ce que je voulais faire” raconte Sandra, qui est passée par plusieurs postes de salariée en tant qu’assistante de direction avant de faire une formation de photographe. “Cela faisait un moment que j’avais envie aussi d’être à mon compte, de ne plus avoir de patron, de ne plus être dans un cadre restrictif“, mais les contraintes financières lui ont fait repoussé son projet et accepter un job dans une société de gestion de fonds immobiliers. Un mal pour un bien car “mon patron de l’époque m’a demandé un jour si je serais d’accord pour m’occuper de la rénovation des bureaux. J’ai accepté et c’est ainsi que j’ai compris que j’avais beaucoup aimé m’occuper de la rénovation. J’ai demandé une rupture conventionnelle que j’ai obtenue, et j’ai suivi une formation d’architecte et décoration d’intérieur avant de me mettre à mon compte“. Débuter par quelques années de salariat ouvrent bien des portes à qui veut se lancer à son compte. C’est pour cela que bien peu d’entrepreneurs se sont lancés dès la fin de leurs études “j’ai repris plusieurs fois mes études mais la première fois, non je ne me serais pas lancée. Mon manque de connaissances, de compétences et de confiance en moi m’en auraient empêché. Et puis je me cherchais beaucoup trop à l’époque pour me lancer dans ce genre de projet” explique Nathalie. Le poids de la hiérarchie se fait sentir quelques années plus tard…
Se sentir à sa place
Entreprendre aussi c’est parfois comme une thérapie, un travail sur soi. On apprend à savoir ce que l’ont veut, qui on est, pourquoi on le fait. On prend le temps de définir où on veut aller, pas seulement dans sa vie professionnelle, mais aussi personnelle. Car entreprendre, c’est souvent mêler toutes ses vies, sans frontière. “L’indépendance est vraiment motivante. Tout comme le fait que je me sens enfin à ma place” souligne Nathalie, “plus le temps passe et plus l’envie de faire plus dans ce sens [ le conseil aux micro-entrepreneurs] augmente“. Marie-Anne parle même d’ “épanouissement, de retour à ma véritable identité“. Tout comme Marie, qui vit l’entrepreneuriat comme quelque chose de fort “créer une entreprise, c’est fabuleux. C’est une entreprise qui nous ressemble et que l’on peut continuer de sculpter au fur et à mesure de nos évolutions. Tout bouge. Rien n’est figé. C’est ce que j’aime aussi dans le fait d’avoir créé ma propre activité. Si demain, je veux faire un virage à 180°, arrêter certaines choses et en proposer de nouvelles, je suis libre de le faire. En tant que salariée, je me sentirais limitée”. On peut même parler de flow, cet état exceptionnel où on sent qu’on est à sa juste place, au bon moment, au bon endroit et que peu d’élus touchent du doigt un jour dans leur vie… C’est “être pleinement actrice de ma vie professionnelle” pour Sandra, “m’épanouir dans mon travail” pour Jihane. “Je n’ai jamais été aussi bien que depuis que je suis entrepreneure” ajoute-elle. Le Graal aujourd’hui, avec toutes les affreuses histoires de souffrance au travail évoquées dans la presse…
Évidemment tout n’est pas tout rose dans la vie d’entrepreneur et le manque de stabilité financière ou de “collègues sympas” ou de moyens, vient parfois ternir le tableau. Mais seulement pour quelques heures, car aucun entrepreneur ou presque ne se verrait redevenir salarié “si je n’ai plus d’autres choix, alors oui pourquoi pas mais vraiment en tout dernier ressort” réfléchit Sandra, ou alors “je le pourrais si on me proposait un poste répondant à mes envies de demain et qui me correspond. Il faudrait aussi que je puisse rester polyvalente et garder une bonne dose d’autonomie” pour Nathalie, autant dire que ce serait compliqué à trouver ! Comme conclut Jihan “une fois qu’on a goûté à la liberté du freelance c’est difficile de revenir en arrière“…
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