L’effet Ikea, en entreprise, correspond à la tendance qu’a un collaborateur à toujours valoriser l’idée, le projet, qu’il a mené, pour lequel il a travaillé. Ce biais cognitif, aussi appelé effet de possession, tient son nom du fabricant de meubles suédois. En effet, lorsque les consommateurs achètent du mobilier en kit, qu’ils doivent monter seuls, ils ne s’en sentent que plus fiers et y accordent plus d’attachement. Dans le cadre de l’entreprise, les collaborateurs en proie à l’effet IKEA n’arrivent plus à prendre de hauteur quant à leurs idées. Ils sont prêts à les défendre corps et âme, car ils se sentent impliqués personnellement. Et quand vient l’heure de prendre des décisions et de choisir une idée plutôt qu’une autre, les collaborateurs en souffrent. L’impact sur l’entreprise peut être néfaste : perte de motivation, turnover important, conflits, perte de productivité, effet Dunning-Kruger et principe de Peter nourris… Comment faire, alors pour que l’effet IKEA ne prenne pas trop d’ampleur ? Explications.

Fixer des objectifs SMART

L’effet IKEA présente des avantages comme des inconvénients si ce dernier prend trop d’ampleur. Bien qu’il soit essentiel que vos collaborateurs sachent défendre leurs idées et qu’ils aient confiance en leur créativité, il convient de les inviter à prendre de la hauteur grâce à des objectifs SMART. En effet, en quantifiant et en qualifiant les objectifs du business de façon neutre, vous permettez aux collaborateurs de comprendre que les décisions sont prises sur la base de critères neutres. L’effet IKEA pourrait amener les collaborateurs dont les idées ou projets sont éconduits à se sentir dévalorisés, personnellement concernés.

Mais c’est aussi un moyen de limiter cet effet au sein des organes de direction, qui peuvent agir plus rapidement car ils sont à l’origine des décisions. Les objectifs SMART peuvent freiner leurs ardeurs lorsqu’ils croient dur comme fer en leur idée en manquant peut-être de recul.

Valoriser le travail et les efforts des collaborateurs

L’effet IKEA ne doit pas mettre en danger la créativité de votre équipe. Alors, il faut continuer à valoriser les nouvelles idées, les propositions, les efforts fournis par chaque collaborateur pour qu’ils se sentent à l’aise, confiants, estimés.

De cette manière, vous évitez, avec bienveillance, que vos collaborateurs prennent personnellement le refus d’un projet ou d’une idée. Associé à des objectifs SMART, ce refus ou la validation d’une idée plutôt qu’une autre, ne déséquilibre personne.

Certaines propositions peuvent être gardées pour plus tard, d’autres sont amenées à évoluer, quand d’autres peuvent être excellentes mais ne pourront pas voir le jour.

Booster la dynamique de groupe

Au sein d’une organisation, la dynamique de groupe présente de nombreux effets positifs. Et c’est une façon intelligente de lutter contre l’effet IKEA. En instituant une dynamique de groupe, une cohésion forte entre vos collaborateurs, vous valorisez l’échange, l’entraide, le soutien mais pas que…

Si vous avez fait attention au syndrome du scarabée durant les phases de recrutement, votre équipe est constituée de personnalités variées, de profils différents et complémentaires. Ainsi, cette force permet de développer le questionnement, la remise en question, le débat.

Et cela permet tout simplement à vos collaborateurs en proie au biais de possession de prendre du recul face à leurs idées. Ils apprennent à se remettre en question, à s’améliorer, à concevoir et accepter que d’autres personnes peuvent participer à un projet, trouver une idée, innover, trouver une faille au projet, etc.

Cela devient naturel, sur fond de bienveillance, d’écoute, et surtout avec l’envie de co-construire un projet. Cette dynamique de groupe est bénéfique pour la performance de votre activité et la productivité.

Développer le sens critique de l’équipe

Le développement du sens critique demande de mettre en place plusieurs actions qui visent à apprendre à votre équipe à prendre du recul. Organisez des brainstorming, invitez vos collaborateurs à prendre plusieurs points de vue lors de réunions autour d’une idée :

• Les points forts seront mis en avant par un collaborateur ;
• Les points faibles par un autre ;
• Les limites du projet seront mises en lumière par quelqu’un ;
• Les axes d’amélioration seront pensés par un salarié ;
• Quelqu’un se chargera de questionner le fonctionnement, de se mettre à la place du consommateur ;
• Un autre prendra le point de vue d’un dirigeant ;
• Etc.

L’idée est alors d’apprendre à chacun à se mettre à la place de l’autre, pour développer son sens critique avec bienveillance et réflexion. Ce mélange d’idées, de points de vue, favorise la productivité, et surtout permet de prendre des décisions plus simplement et efficacement.

Stimuler la créativité

Il faut impérativement booster la créativité au sein de votre entreprise pour la faire évoluer positivement et grandir au fil du temps. Cette créativité, lorsqu’elle devient la norme, permet de prendre du recul face aux projets, aux idées.

Vous n’en faites pas des événements rares. Ce qui est rare a tout de suite énormément de valeur pour la personne qui en est à l’origine. Cela signifie exclusivité, prise de décision rapide, efficace. Il s’agit presque de valider l’idée de peur de ne pas en voir d’autres naître. Tandis que dans une organisation dans laquelle les idées vont bon train, vous avez tout le luxe de les confronter, d’inviter au débat, d’en sélectionner ou pas, de mixer les idées, de voir naître une nouvelle idée sur la base d’une ancienne.

Les collaborateurs se sentiront moins frustrés et davantage aptes à proposer plus de choses (petits ou grands projets), qui auront donc bien plus tendance à voir le jour. La dynamique de groupe permettra aussi de stimuler les propositions plus abouties, projetées dans le temps, avec plusieurs corps de métier.

Prendre des décisions et créer des projets à plusieurs

Co-construire est une manière efficace de lutter contre l’effet IKEA. Plusieurs têtes pensantes, personnalités, points de vue, expériences permettent de prendre des décisions en conscience, en faisant le tour de tous les aspects d’un projet.

Certaines personnes mettront en évidence des facteurs auxquels d’autres n’auront pas pensés. D’autres ont une vision toujours positive et optimiste quand d’autres se montrent plus craintifs et précautionneux. L’union fait alors la force pour prendre les bonnes décisions, réfléchies et orientées sur les objectifs SMART.

Impliquer les collaborateurs dans les projets les implique encore plus. Ils se sentent en confiance, écoutés, solidaires et soudés. Vous instituez le fait qu’une idée puisse naître d’un groupe, pour une réussite globale ou un échec global.

Limiter l’ampleur de l’effet IKEA permet d’éviter les débordements en matière de budget (lorsqu’un décisionnaire pense que son idée est incontournable), mais aussi de conflit (en réduisant l’individualisme). De plus, en prenant le parti de valoriser les idées de tout le monde et en apprenant à votre équipe à développer son sens critique, vous allez plus loin, tous ensemble, en nourrissant intelligemment les propositions