La fourmi de feu est considérée comme l’une des espèces les plus envahissantes au monde. Des scientifiques viennent de l’identifier en Europe.
Solenopsis invicta. Il va falloir apprendre à connaître ce nom. C’est celui d’une fourmi pas tout à fait comme celles que nous connaissons, dans notre Europe. Une fourmi dite… de feu. Parce que sa piqûre est terriblement douloureuse. Elle est originaire d’Amérique du Sud et les scientifiques la classent parmi les « pires espèces envahissantes » au monde. Pourtant, jusqu’ici, notre vieux continent avait échappé à l’invasion.
EN SICILE, DES HABITANTS RAPPORTENT RESSENTIR DE DOULOUREUSES PIQÛRES DE FOURMIS DE FEU DÉJÀ DEPUIS 2019. © INSTITUT DE BIOLOGIA EVOLUTIVA
Des milliers de fourmis de feu en Sicile
Mais un groupe d’experts de l’Institut de Biologia Evolutiva (Espagne) vient tout juste de confirmer son observation en Sicile dans le journal Current Biology. Même s’ils craignaient que cela arrive depuis bien longtemps maintenant, les scientifiques rapportent ne pas en avoir cru leurs yeux. Au total, près de 90 nids sur une zone de moins de 5 hectares près d’une rivière. Certains nids abritant plusieurs milliers de fourmis de feu. Selon les tests ADN, elles viendraient probablement des États-Unis ou de Chine.
DES CHERCHEURS DE L’INSTITUT DE BIOLOGIA EVOLUTIVA (ESPAGNE) CONFIRMENT LA PRÉSENCE EN SICILE DE SOLENOPSIS INVICTA, LA FOURMI DE FEU. © JESSE RORABAUGH, DOMAINE PUBLIC
Pour se faire une idée plus précise de la menace qui pèse désormais sur l’Europe, les chercheurs ont étudié la configuration des vents — qui permettraient aux fourmis de feu de se répandre rapidement — et les évolutions annoncées du climat — pour savoir si les fourmis de feu pourraient s’y plaire. Résultat, à ce jour, 7 % du continent européen serait propice à l’installation de Solenopsis invicta. Une part qui augmentera probablement avec le réchauffement climatique anthropique. Et les chercheurs signalent aussi que 50 % des villes européennes seraient sensibles à une invasion de fourmis de feu.
UN EXEMPLE DE NID DE FOURMIS DE FEU DÉCOUVERT PAR LES CHERCHEURS EN SICILE. © SAM KIESCHNICK, INSTITUT DE BIOLOGIA EVOLUTIVA
Éradiquer les fourmis de feu
L’ennui, c’est que la fourmi de feu cause bien des dommages là où elle s’installe. De l’extinction d’espèces indigènes et à de profondes modifications des écosystèmes. Elle attaque les racines des plantes et les muqueuses des animaux d’élevage nouveau-nés, par exemple. Aux États-Unis, les pertes sont estimées à près de 6 milliards d’euros par an.
Alors, les chercheurs envisagent des plans d’éradication. L’Australie a déjà dépensé des millions pour ce faire. Sans succès. Les scientifiques comptent donc s’inspirer de la Nouvelle-Zélande qui, seule, semble avoir trouvé la clé. D’abord, des inspections systématiques. Puis des plans de traitement pluriannuels pour éliminer les nids. Enfin, une surveillance étroite des sites pour prévenir les résurgences. Pour les soutenir dans leur travail, les scientifiques appellent les citoyens à l’aide. Afin de repérer toutes les zones possibles envahies dans la région.
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