L’invasion de l’Ukraine ordonnée par Vladimir Poutine a plongé l’Europe entière dans une profonde crise énergétique. Les prix du gaz, du pétrole, du charbon et de l’électricité flambent. En cause, notre dépendance aux énergies fossiles russes. Mais sommes-nous réellement pieds et poings liés ? Ou existe-t-il des solutions pour « ne plus dépendre d’un fournisseur qui nous menace ouvertement » ? Phuc-Vinh Nguyen, chercheur à l’Institut Jacques Delors, commente pour Futura les propositions de la Commission européenne en la matière.
Le vendredi 11 mars, l’Union européenne décidait de renforcer son aide militaire à l’Ukraine. En multipliant purement et simplement par deux la contribution promise quelques jours seulement après l’invasion russe. Portant le montant total de l’aide européenne à un milliard d’euros. Une somme conséquente ? Pas tant que cela si on la met en perspective. En perspective de la somme envoyée chaque jour par l’Europe à la Russie pour régler sa facture énergétique. « On parle d’environ 750 millions d’euros par jour. Notre dépendance au gaz, au pétrole et au charbon russes finance la guerre en Ukraine », nous rappelle Phuc-Vinh Nguyen, chercheur à l’Institut Jacques Delors, avant d’évoquer une décision « radicale qui sera difficile à assumer, mais que nous pourrions techniquement prendre dès demain. » Celle que les États-Unis, par l’intermédiaire de leur président Joe Biden, ont prise il y a quelques jours déjà : décréter un embargo sur les importations de pétrole et de gaz russe.
Une décision plus facile à prendre outre-Atlantique que dans notre vieille Europe. Car rappelons que plus de 40 % de notre gaz et près de 30 % de notre pétrole viennent de Russie. « Décider d’un embargo nous forcera à mettre en œuvre des mesures contraignantes. La situation nous pousse à totalement repenser notre rapport à l’énergie. Nous serons tous mis à contribution », estime Phuc-Vinh Nguyen.
C’est un peu l’idée de l’ébauche de plan REPowerEU dévoilée le 8 mars par la Commission européenne. « Des propositions qui n’ont pour l’instant rien de réglementaire », mais dont l’ambition est de nous conduire à nous passer complètement des importations de combustibles fossiles russes d’ici 2030. Et même des deux tiers dès l’année prochaine. « Si toutes les mesures proposées sont mises en œuvre, c’est tout à fait possible », nous assure le chercheur de l’Institut Jacques Delors.
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