Les différentes crises traversées ces dernières années n’auront pas épargné les trésoreries des entreprises. « Entre la crise sanitaire et ses impacts sur les niveaux d’endettement des entreprises d’une part, et l’inflation sur les prix des matières premières et de l’énergie d’autre part, les tensions sur les trésoreries se sont renforcées dernièrement, constate Sylvain Le Hénaff, directeur commercial chez Pytheas Capital (TRESO2). Un contexte qui les pousse à suivre de plus près leurs entrées et sorties de cash et à mettre en place des processus de gestion et des solutions de financement adaptés, de manière à préserver leur trésorerie.
Parole de l’expert
Le financement court terme contribue
à préserver les trésoreries
Cette démarche est d’ailleurs d’autant plus importante que la trésorerie n’est pas uniquement corrélée à la rentabilité de l’entreprise. Cette dernière peut en effet être rentable, et en même temps confrontée à un problème de cash dès lors que la croissance de ses besoins n’est que partiellement couverte par celle de ses ressources financières.
Connaître ses besoins en trésorerie
Pour préserver sa trésorerie, il convient en premier lieu de connaître ses besoins. Un tableau prévisionnel de trésorerie permet ainsi de prévoir et d’anticiper le solde de trésorerie nette de l’entreprise en début et fin de chaque période (jour, semaine, mois, trimestre…).
« Les entreprises doivent avant tout définir leur budget, identifier leurs flux entrants et sortants, et mettre en place un prévisionnel de trésorerie sur 13 mois, explique Sylvain Gros-Desirs, Credit manager Group et manager Adv chez SQLI, membre de l’AFDCC. Cette boussole leur permet alors d’anticiper les temps forts et les temps faibles de leur trésorerie, et de prendre des mesures préventives pour anticiper les éventuelles tensions à venir ».
Sécuriser les encaissements
Préserver sa trésorerie nécessite également de veiller à ce que les délais de paiements des clients soient bien respectés, voire à les réduire en optimisant la gestion du poste client.
Plusieurs leviers peuvent alors être activés. « Beaucoup de credit managers déplorent par exemple les retards de facturation dus au manque d’une donnée ou d’un document contractuel que le client tarde à leur fournir, et qui est nécessaire pour la mise en facturation (tels qu’un numéro de bon de commande), précise Sylvain Gros-Desirs. Il est à ce sujet important de veiller à la qualité des processus de facturation, de sensibiliser les collaborateurs qui, en interne, y contribuent (comptabilité, responsable du recouvrement, commercial…), et d’identifier chez les clients les personnes responsables de la factures fournisseurs (responsable comptable, DAF, directeur général, commercial…) ».
La sécurisation des encaissements passe également par la surveillance du poste client et en particulier la solvabilité des clients et des fournisseurs. La défaillance de l’un comme de l’autre peut en effet affecter la trésorerie de l’entreprise.
« Pour éviter d’en arriver là nous suivons notre portefeuille clients de près en nous appuyant notamment sur nos prestataires spécialisés de l’information d’entreprises CreditSafe et InterSud, précise pour sa part Cédric Pierre, Credit Manager Groupe de Sisley et membre de l’AFDCC. Parallèlement, nous veillons aux délais de recouvrement de nos clients en mettant en place des processus efficaces en la matière. Pour autant, lorsque l’un de nos clients est en difficulté, notre objectif consiste à l’accompagner plutôt qu’à exiger des pénalités de retards. Notre but consiste en effet à sécuriser l’ensemble de nos chaînes Procure-to-pay et Order-to-cash ».
Il convient également de faire une analyse du secteur d’activité sur lequel évoluent les clients et fournisseurs de l’entreprise et qui peuvent par exemple être plus fortement pénalisés par l’inflation. Certaines entreprises font également le choix de recourir à une assurance-crédit pour être indemnisées en cas de défaillance d’un client et préserver ainsi leur entreprise.
Recourir à une solution de financement
Préserver sa trésorerie nécessite également parfois de recourir à des solutions de financement, notamment lorsque le besoin en fonds de roulement augmente, ce qui peut notamment être le cas en contexte inflationniste. Parmi ces solutions, la cession Dailly consiste pour l’entreprise à céder ses créances clients à une banque. L’établissement bancaire reverse à l’entreprise le montant de la créance en attendant le règlement du client. Cependant, avec la Dailly, la banque ne prend pas en charge le poste client. D’autre part, que le client règle ou non sa facture, elle exige d’être remboursée du montant versé, avec des intérêts.
À l’inverse, l’affacturage, également une solution de financement court-terme adossée à la créance client, permet non seulement d’optimiser les rentrées d’argent en bénéficiant d’une source de trésorerie immédiate, mais aussi d’améliorer la gestion du poste client en déléguant le suivi des créances à un expert du recouvrement. Le factor prend en charge la gestion administrative et comptable de la relation client permettant ainsi à l’entreprise de se recentrer sur ses relations commerciales et son développement.
Depuis quelques années, l’affacturage connaît d’ailleurs une forte croissance et arrive même désormais en tête (devant le découvert) des solutions de financement court-terme des entreprises. Souple, flexible et accessible, l’affacturage constitue ainsi une alternative aux solutions bancaires traditionnelles.
« Il existe également des solutions de financement innovantes comme le Reverse factoring, ajoute Sylvain Le Hénaff, directeur commercial chez Pytheas Capital (TRESO2). Cette dernière permet aux donneurs d’ordre de payer un fournisseur par anticipation ou à date, et de rembourser le financeur en différé grâce à un crédit de trésorerie dédié ».
En préservant ainsi sa trésorerie tout en optimisant la gestion de son poste client, l’entreprise garde sa capacité de financement intacte et dispose d’une plus grande marge de manœuvre au moment de négocier un crédit ou une autorisation de découvert avec sa banque. D’autre part, elle se prémunit contre les risques de défaillances de ses clients et/ou fournisseurs et renforce leur satisfaction, ce qui contribue par ailleurs à leur fidélisation et, in fine, au développement de s
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