Organisé du 28 au 30 juin par la fédération professionnelle des télécoms GSMA, le Mobile World Congress (MWC) de Shanghai a consacré l’avance des fournisseurs chinois d’équipements télécoms dans la course à la 5G. Une course où l’Afrique reste (pour l’heure) à la traîne.
Réunis autour du thème de la « vélocité », plus de 37 000 participants venus de 115 pays ont fait le déplacement pour réseauter et tirer parti des opportunités d’affaires offertes par le MWC Shanghai, l’un des plus importants événements de l’industrie des télécoms de la planète.
De fait, ce sont bien les immenses possibilités associées aux vitesses de transmission de la 5G- dont les débits égalent ceux de la fibre optique, mais sur des appareils sans fil en mouvement- qui auront été mises en lumière par les quelque 300 entreprises exposant leurs dernières innovations (solutions de télémédecine, voitures connectées et autonomes, internet des objets, villes intelligentes…) au MWC 2023 de Shanghai, la quasi-totalité d’entre elles étant originaires de l’empire du Milieu. Une belle vitrine du savoir-faire déployé par les entreprises chinoises mais plus encore, de l’avance acquise par ces dernières sur le reste du monde au cours des dernières années. Le pays, qui avait été en 2019 l’un des tout premiers à lancer officiellement la 5G, comptait fin avril plus de 630 millions d’utilisateurs de la cinquième génération des technologies mobiles, selon les données publiées par le ministère chinois de l’Industrie et des technologies de l’information (MIIT). Un chiffre qui représente plus de la moitié du 1,2 milliard d’usagers de la 5G dans le monde et qui s’explique en partie par les efforts massifs (plus de 80 milliards de dollars d’investissements cumulés à l’échelle du pays depuis le lancement officiel de la 5G) mis en oeuvre par Pékin pour faire de cette technologie un pilier de son initiative de modernisation industrielle « Made in China 2025 ». Lancé dès 2015, ce programme cible notamment les infrastructures numériques et les technologies de l’information, mais aussi l’intelligence artificielle, les transports ou encore l’énergie.
Huawei, leader de la 5G
Fer de lance de cette suprématie chinoise dans le domaine de la 5G, l’équipementier de réseaux de télécommunications Huawei était fort logiquement l’un des points focaux du MWC Shanghai, le géant de Shenzhen alignant sur son imposant stand ses différentes solutions (cloud gaming, expériences immersives 3D sans lunettes, appels interactifs « New calling », Internet des véhicules, applications industrielles dans les secteurs miniers et portuaires…) dédiées à la 5G. Invitée à s’exprimer à la session plénière du MWC, le 28 juin, Meng Wanzhou, la présidente tournante, directrice financière et fille du fondateur de Huawei, s’est pour sa part dite convaincue que « l’infrastructure numérique du futur monde intelligent sera profondément intégrée dans tous les aspects de la vie quotidienne des individus, de l’industrie et de la société » et que celle-ci « ne reposera pas sur les progrès des technologies individuelles, mais davantage sur des systèmes considérablement vastes et complexes et la convergence de multiples éléments ». Plus largement, l’équipementier télécoms- – par ailleurs présent en Afrique depuis plus de vingt ans– a capitalisé sur la plateforme qu’est le MWC Shanghai pour d’ores et déjà annoncer l’étape d’après, la 5.5G. Encore en phase développement, cette version améliorée de la 5G, devrait encore décupler les capacités des réseaux mobiles actuels de cinquième génération. Avec un tel saut qualitatif, la vitesse de connexion changera, à terme, en profondeur des pans entiers de l’économie. À commencer par l’industrie, où la forte compression du temps de réponse (la latence) permettra de respecter les contraintes- quasi-instantanées- de temps industrielles et de gérer une multitude d’objets à la fois.
L’Afrique à la traîne
Seul bémol, et non des moindres, le relatif retard d’adoption de ces nouvelles technologies par le reste du monde ; notamment en Afrique. De fait, rares étaient les représentants africains du secteur de la tech et des télécoms a avoir fait le déplacement sur les bords du fleuve Huangpu. Et pour cause, « dans l’immense majorité des pays du continent, les opérateurs sont encore occupés à assurer le passage de la 3G vers la 4G et à rentabiliser le réseau existant », rappelle, sous couvert d’anonymat, le dirigeant d’un opérateur télécoms actif en Afrique de l’Est, contacté en marge du MWC. Un constat corroboré par les chiffres de l’association GSMA : l’organisation faîtière des télécoms estime que la 4G continuera à ne représenter que 30 % des connexions à l’internet mobile sur le continent en 2025 (16 % en 2021) contre près de 60 % pour la 3G (52 % en 2021). Le responsable télécoms susmentionné précise toutefois que la vraie valeur de « tels événements est de rendre en premier lieu compte des tendances en cours et de tracer des pistes, qui seront ensuite empruntées par le plus grand nombre ». Vice-président en charge du département des affaires publiques et de la communication chez Huawei, Edison Xie se veut pour sa part optimiste sur la capacité de l’Afrique à embrasser les technologies associées à la transformation numérique, le continent ayant selon lui « de multiples facteurs jouant en sa faveur, tels qu’une population jeune, entreprenante et en voie d’urbanisation rapide ainsi qu’une classe moyenne en croissance rapide ».Et une fois n’est pas coutume, le continent sait aussi faire œuvre de pionnier, à l’image de MTN, qui est l’un des trois premiers opérateurs dans le monde à avoir lancé des offres commerciales 5G… avec des infrastructures fournies par Huawei.
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